Corse Net Infos - Pure player corse

CHU de Corse : La proposition de résolution LR déclenche une polémique entre nationalistes


Nicole Mari le Mardi 7 Mars 2023 à 18:31

Début de polémique entre nationalistes sur le refus du député Femu a Corsica de la 1ère circonscription de Haute-Corse, Michel Castellani, de cosigner une proposition de résolution sur un Centre hospitalier universitaire, déposée par 16 députés du groupe LR et cosignée par le député PNC de la 2ème circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani. Le motif de la discorde porte sur la localisation du CHU sur le pôle unique d’Aiacciu au détriment du pôle de Bastia. Réactions sur les réseaux sociaux.



Le centre hospitalier de Bastia. Photo CNI.
Le centre hospitalier de Bastia. Photo CNI.
La polémique est partie d’un commentaire de Michel Castellani lors d'une conférence de presse, lundi matin, devant le Centre hospitalier de Bastia pour défendre la construction d’un nouvel hôpital sur la commune. Il en a profité pour justifier son refus de signer la proposition de résolution déposée le 27 février dernier par le professeur Philippe Juvin et 16 autres députés LR « tendant à garantir un égal accès aux soins par la création d’un Centre hospitalier universitaire (CHU) en Corse ». Cette proposition qui s'inspire largement du projet de loi du député PNC de la 2nde circonscription de Corse du Sud, Paul-André Colombani, qui a accepté de s’y associer, pas ses deux collègues de Haute-Corse. « Je n’ai pas signé parce qu’ipso facto, Bastia était mis hors-jeu dans cette affaire alors qu’il accueille 60% des patients corses. Dans notre esprit, il ne peut y avoir de CHU que sur deux pôles avec un siège qui ne peut être qu’universitaire. Il est exclu qu’il puisse y avoir autre chose. Toute autre structure ne conviendrait pas aux réalités de la Corse. Je ne me suis pas retrouvé dans cette proposition de loi, je ne l’ai pas signée et je ne la signerais pas ! », a déclaré Michel Castellani dans nos colonnes. Rappelons que la proposition du Pr Juvin n’est qu’une résolution et que Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ont cosigné, avec leur groupe parlementaire LIOT et au total près de 70 députés, dont le député Horizons de la 1ère circonscription de Corse du Sud Laurent Marcangeli et le Pr Juvin, la proposition de loi de Paul-André Colombani.

Dr François Benedetti : « Cessons les querelles ! »

Premier à réagir sur Facebook, le Dr François Benedetti, militant de Corsica Libera et à l’avant-garde de la création d’un CHU en Corse, appelle à cesser les querelles tout en affirmant la nécessité d’un CHU multisites intégrant les hôpitaux des deux villes : 

« Le nouvel hôpital de Bastia est évidemment une priorité. Scandaleux d'avoir encore cette structure en 2023 alors qu'elle était obsolète dès sa création ! Mais il ne faut pas opposer cette revendication à la création du CHU de Corse. Une véritable Assistance publique des Hôpitaux de Corse incluant les 2 principaux hôpitaux publics, 2 CHR d'Aiacciu et Bastia assurant une offre de soins de haut niveau et le développement, au sein de l'Università di Corsica, formation et recherche qui, par convention avec les structures hospitalières, constitueront le CHR-U multisites de Corse. Cessons les querelles et pensons à obtenir pour la Corse ce qui existe partout ailleurs depuis près d’un siècle.
A noter qu’il sera indispensable d’intégrer dans cette Assistance des Hôpitaux de Corse l’ensemble des structures publiques mais aussi d’y associer un partenariat étroit avec le secteur privé pour mieux couvrir le territoire ».

Le leader de Corsica Libera Jean-Guy Talamoni fustige sur son compte Twitter : « une querelle de clocher »


PNC : « Nous acceptons mal ces controverses qui fragilisent l’indispensable convergence »

Dans un communiqué, le PNC, qui se dit atterré par cette division entre députés nationalistes, affirme, lui aussi, qu’il n’a jamais été question d’un CHU sur un seul pôle, mais bien d’un multisites : « Le PNC prend acte avec une forme d’atterrement, de la position exprimée par le député Castellani et son parti, via notamment son secrétaire national, sur le dossier du CHU. Nous regrettons tout d’abord que le groupe des députés nationalistes, jusqu’ici préservé des fractures, soit frappé à son tour, et de pareille façon, par la division. Nous estimons cependant, au vu de l’engagement et même de la signature de la PPL de Paul-André Colombani par l’autre député de Femu a Corsica, M. Acquaviva, que la position rendue publique ne reflète pas en totalité les options de cette formation politique. Le débat, espérons-le, demeure donc ouvert. Sur le fond et surtout, nous continuerons pour notre part le combat autour du même objectif, sans campanilisme, ni tactique partisane : obtenir un CHU pour la Corse et pour les Corses. Tout le reste n’a aucune importance à ce stade, d’autant qu’il n’a jamais été question, dans notre esprit, d’opposer la création d’un CHU à l’avenir de nos hôpitaux, et pas davantage les villes de Corse entre elles. Cela aurait d’autant moins de sens que le CHU « régional » auquel nous aspirons, sera multisites et mis en œuvre, de façon étroite et permanente, avec l’Université de Corse. En tant que nationalistes, notre approche consistera toujours à renforcer nos infrastructures stratégiques à Aiacciu, Bastia et partout ailleurs en Corse, là où le besoin est objectivement exprimé et ressenti. L’offre de soins, le devenir de l’hôpital public et plus largement, la stratégie de santé de la Corse ne saurait se réduire aux exigences d’une ville ou d’un territoire, fussent-elles légitimes. Seul compte à nos yeux l’intérêt de notre pays, qui depuis longtemps espère et revendique un CHU digne de ce nom. Au nom d’une revendication fondamentale, nous acceptons mal ces controverses, qui fragilisent l’indispensable convergence alors que la Proposition de Loi du député Colombani a déjà reçu le soutien de 66 députés, issus d’horizons divers. À la veille d’échéances importantes, auprès des autorités concernées, nous en appelons donc à l’unité, à la sérénité et encore davantage, à la responsabilité. Pour notre part, la polémique est close mais le combat, lui, reste d’une brûlante actualité ».

Une polémique que veut clore aussi Paul-André Colombani qui, s’il « comprend l’inquiétude » de son collègue bastiais « au vu du retard d’investissements » du Centre hospitalier de Bastia, se veut apaisant et pragmatique. Il parle d’une « erreur d’appréciation » de son collègue, explique que le texte n’est qu’une « simple accroche législative », que « l’articulation entre Bastia et Ajaccio se fera au moment du débat parlementaire » et « qu’aucun projet n’est envisageable sans une entente entre les deux pôles ».


 

Michel Castellani : « Cette proposition de loi CHU n’offre aucune garantie »

Réagissant à la polémique sur son compte Twitter, Michel Castellani reste droit dans ses bottes. Rappelant qu’il s’est « engagé depuis six ans de façon obsessionnelle sur la question hospitalière », le député bastiais réitère son refus de signer « une proposition de loi CHU qui fait exclusivement référence à un seul pôle sur le chef-lieu de région, qui ignore totalement l’hôpital de Bastia, et n’offre aucune garantie sur son organisation future ». Il assure qu’il continuera le combat « au nom de l’intérêt général » pour que la Corse soit dotée d’un CHU « ancré sur deux pôles et sur l’université de Corse ». Une polémique que refuse également Femu a Corsica.