Malgré plusieurs heures de mobilisation, les militants du collectif Patriotti in Lota n’ont pas obtenu de réponse satisfaisante au centre des finances publiques de Borgo. Ce lundi en fin d’après-midi, ils étaient reçus par le directeur départemental des services fiscaux afin de demander le règlement de la situation d’Antoine Marchini, à qui ont été prélevés 1 260 euros, une somme qui correspond à une partie des 180 000 euros qu’il doit verser à l’État au titre des dommages et intérêts liés à sa condamnation pour les attentats de 2001 et 2002 contre la caserne de CRS de Furiani par le FLNC.
Après plusieurs heures de négociation, la situation reste pourtant inchangée. “Il est ressorti que la main levée sur les deux avis à tiers détenteurs était actée, en revanche, sur l'échelonnement, le directeur ne peut pas le valider lui-même puisqu'il faut que ce soit le comptable du Trésor public de Paris qui le valide, mais ça n’a pas encore été fait. Tant que ce n'est pas validé, pour nous la proposition n'est pas satisfaisante. On en déduit qu'à Paris, il y a des gens qui ont une attitude qui n'est pas conforme au processus”, explique Emmanuelle Dominici. De retour devant les locaux des finances publiques de Borgo, les militants assurent “rester autant de temps qu’il le faudra”, peut-être toute la nuit.
Le conflit avait débuté dans la matinée, lorsqu’une dizaine de militants étaient arrivés au centre des finances publiques de Borgo. Munis d’une banderole Ùn cappieremu nunda, ils se sont rassemblés dès l’ouverture du service à 8h30 pour dénoncer la saisie d’argent sur les comptes d’anciens prisonniers, et notamment celui d’Antoine Marchini. “Il y a une vingtaine de jours, alors que je n'étais plus embêté depuis 2018, ils ont vidé mon compte en prenant 1 260 euros, et en ne me laissant que 530 euros pour vivre. En sachant que j’ai des prélèvements qui passent à cette date, ils m’ont mis dans une mauvaise posture, ainsi que ma famille, parce que j’ai trois enfants, dont un en bas âge”, a expliqué Antoine Marchini.
Le collectif, quant à lui, voyait dans cette décision une “punition à vie”. “C’est une somme qu’il n’a pas, et s’il ne peut pas rembourser, la dette sera transmise à sa descendance”, a indiqué Emmanuelle Dominici. “Avec ça, vous condamnez une lignée : soit les enfants renoncent à l’héritage, soit ils prennent la dette de leur père. Pour un ancien prisonnier, c’est un frein à la réinsertion, ça voudrait dire qu’il vaut mieux être insolvable que travailler et être prélevé.”
À travers ce rassemblement, le collectif espérait régler la situation d'Antoine Marchini. “On attend d’être reçus afin que la problématique soit traitée”, avait précisé Emmanuelle Dominici. Ils espéraient obtenir “un règlement raisonnable tous les mois”. Une solution qui, selon eux, a déjà été accordée à d’autres anciens prisonniers. “Il y a quelques années, on a fait la même action concernant Jean-Marc Dominici, qui était exactement dans le même cas de figure que moi. On s’est servi de la trésorerie comme intermédiaire pour traiter avec Bercy, et on a trouvé un échéancier qui était de 50 euros par mois, quel que soit son salaire. On est aujourd’hui dans le même cas de figure, et on attend de trouver une solution de transition pour mon affaire”, a détaillé Antoine Marchini.
Mais le collectif portait aussi un autre message : celui de vouloir effacer toutes les dettes des anciens prisonniers. “On est dans une logique politique. À court terme, on est là pour régler la situation d’Antoine et pour obtenir un règlement administratif, mais la revendication générale, c'est l'effacement des dettes des anciens prisonniers, parce que c’est quelque chose qui est possible, et qui est fait tous les jours, notamment pour les entreprises”, estime Emmanuelle Dominici. “C’est une action qui fait suite à celle qu’on a fait il y a quelques jours devant la caserne de CRS, où on a dénoncé, d'une façon globale, la situation des anciens prisonniers politiques, et en l'occurrence, cet assujettissement concernant les amendes pécuniaires. Évidemment, à long terme, on veut leur effacement”, indique Antoine Marchini.












Envoyer à un ami
Version imprimable





