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Bastia : joie, émotion, foi pour les 15 ans de sacerdoce du Père Georges Nicoli


Philippe Jammes le Samedi 2 Juillet 2022 à 09:35

Ce vendredi 1er juillet en l’église ND de Lourdes à Bastia, était célébrée une messe un peu particulière, une messe célébrant les 15 ans de prêtrise du Père Georges Nicoli. Une messe où le Padre et ses paroissiens ont été en totale…communion. Joie, émotion, partage, foi ont marqué ce moment important pour ce serviteur de Dieu.



Document CNI
Document CNI
C’est à 18 ans que Georges Nicoli, originaire de Pietra-di-Verde, étudiant en BTS à Bastia, décide de rentrer dans les ordres. 15 ans ont passé aujourd’hui depuis sa première messe en juillet 2007. Rencontre.
 
  • Pourquoi et comment le jeune Georges de Lupino est-il entré en religion ?
  • Je me suis réellement posé la question à l’âge de 18 ans. C’est à ce moment-là que j’ai fait ce choix. Les diverses rencontres avec des prêtres et des diacres, le besoin de l’église d’avoir des jeunes se mettant au service de l’église pour annoncer l’évangile. Le besoin de rejoindre, d’aider des gens qui sont un peu à l’écart, abandonnés, malades. C’est dans cet esprit que je trouvais l’évangile compatible à ce que j’étais et ce que le Seigneur voulait de moi. A 18 ans j’ai donc présenté mon projet de vie à un prêtre responsable des vocations. J’ai cheminé ensuite durant 2 ans en discernement ici, puis en 2000 j’ai entamé mon séminaire de 7 années à Avignon.
  • 7 années… c’est long ..
  • C’est long quand on commence car on se demande si on va tenir bon. Le séminaire est en effet une vie particulière dans la mesure où elle met ensemble des gens complètement différents, notamment quand on est un insulaire, qu’on quitte son île sur le long terme pour la première fois. On se confronte à des personnes venues de tous horizons, de loin parfois. J’ai ainsi côtoyé un jeune martiniquais avec qui j’ai gardé des liens très forts. Il y avait cet esprit d’insularité entre nous malgré une culture différente. 7 ans c’est long mais la formation est tellement bien articulée, riche en connaissances, en expériences de vie spirituelle, de vie chrétienne, que les journées passent très très vite.
  • On hâte d’être sur le terrain ?
  • Oui, évidemment car tout ce qu’on apprend de manière un peu générale on a envie de l’exercer.
  • L’ordination ?
  • J’ai été ordonné le 1er juillet 2007 en l’église St Jean-Baptiste à Bastia avec 2 autres jeunes : le père Paul-Antoine Bartoli et le père Christophe Boccheciampe qui sont aujourd’hui dans le sud de l’île. On était un trio, un trio de fous, totalement fous, ce que le diocèse n’avait plus connu depuis une trentaine d’années.
  • Votre parcours dans l’église ?  
  • J’avais 26 ans quand le 30 septembre 2006 j’ai été ordonné diacre en l'église Sainte-Restitude de Calenzana par Mgr Jean-Luc Brunin, car on devient diacre avant d’être prêtre. Ordonné prêtre l’année suivante, ma mission s’est poursuivie à Bastia, à la Pastorale des jeunes, puis dans le Haut-Nebbiu car il y manquait de prêtres, 2 ans donc curé de St Florent et depuis 3 ans je suis curé de ND de Lourdes à Bastia.
  • ND de Lourdes, une grande paroisse…
  • C’est une lourde responsabilité au sens de l’innovation car c’est une paroisse qui vit bien, les fidèles sont présents. On a mis plein de projets en place dans un contexte très difficile du Covid. Ce ministère à ND de Lourdes a commencé de manière un peu particulière. J’y arrive en septembre 2019 et en mars 2020 tout le monde se retrouve confiné. Difficile dans ce cas-là de faire connaissance avec ses paroissiens. Aujourd’hui on a tissé des liens, créé de véritables amitiés, on a appris à se connaitre et on arrive à travailler ensemble.
  • Un coup de jeune à la paroisse ?
  • Ça, il faut le demander aux paroissiens. Chaque prêtre apporte un peu de ce qu’il est véritablement. On s’inscrit dans une histoire, des traditions qui sont propres à la paroisse. Lorsqu’on respecte déjà ces traditions, on possède ensuite un champ très large d’innovations que l’on peut développer. C’est bien d’innover dans la façon d’annoncer l’évangile. Certaines innovations vont ensuite s’enraciner, d’autres peut-être pas.
  • En cette période difficile, la foi semble retrouvée, les baptêmes n’ont jamais été aussi nombreux…
  • Cette année nous avons eu la grâce d’avoir beaucoup de baptêmes de jeunes enfants mais aussi d’adultes. Lors de la nuit de Pâques, on a baptisé 13 adultes et aujourd’hui c’est vrai, beaucoup de parents viennent nous voir pour faire baptiser leur bébé. C’est un bon signe d’accueil, de foi, de fraternité, d’humanité. Le baptême est un des beaux sacrements de la vie chrétienne où on donne la vie d’enfant de Dieu à ses enfants ou à ses adultes. Un deuxième groupe de catéchumènes se prépare pour Pâques 2023. Il y a en effet de beaux signes d’espérance qui se mettent en place et qui réjouissent forcement le cœur d’un pasteur.
  • 15 ans de sacerdoce, le bilan ?
  • Si je dois faire un bilan très personnel, je me dis que l’appel que le Seigneur me donne est un appel qui est assez déboussolant. Comme on le voit dans l’évangile où le Christ appelle les gens à le suivre, c’est lui qui est le maitre du cheminement, qui guide, qui met sur le terrain. J’ai eu deux grandes expériences. Jeune prêtre j’ai été aumônier de prison. Le milieu carcéral est un milieu particulier mais il a été super fructueux. Intéressant en humanité, en annonces d’évangile dans des milieux qui ne sont pas forcément très libres en gestes et en actions.  Et pourtant ça a été une très belle expérience qui me sert encore dans ma vie de prêtre aujourd’hui. J’ai vécu aussi de belles rencontres, des personnes qui se sont mises à la suite du Christ, des moments de partage ensemble. Des moments difficiles aussi en accompagnant des personnes qui sont dans le deuil ou dans des catastrophes humaines très importantes. Dans ces moments on essaye d’être signe de la présence d’un Dieu qui parfois se fait silencieux. On agit dans le cœur des gens, on est là pour témoigner de notre espérance. 2ème moment fort de ces 15 ans, lorsque j’ai été missionné en service réanimation Covid pour accompagner des personnes qui malheureusement allaient nous quitter. Un lieu où même les parents, les très proches n’étaient pas autorisés à se rendre. On est la seule visite permise et il y a de belles rencontres. Je retiens ce regard dans les yeux, cette lumière qui un moment donné s’éclaire car beaucoup portent de véritables angoisses, de questionnements. Et parfois des discussions jaillissait la lumière. Notre vie de prêtre c’est d’être assez carrefour entre une humanité qui se cherche, un Dieu qui propose et nous qui sommes là pour mettre ensemble ces deux réalités-là, avec nos fragilités, avec ce que nous sommes. J’essaye de vivre mon ministère de prêtre de cette manière-là, en essayant de reconnecter ce que la vie, le monde, les fausses idées ont pu déconnecter car je crois sincèrement que cette humanité a soif de Dieu, est à la recherche de Dieu et Dieu a soif de cette humanité et attend cette humanité. Le rôle d’un prêtre est d’être un connecteur entre ces réalités-là, aussi difficile que cela puisse paraitre dans des circonstances parfois difficiles. Dans la vite d’un prêtre il y a plusieurs formes tensions, il y a des joies, des peines. Parfois le soir on pleure car nos projets n’aboutissent pas. Mais Dieu ne nous abandonne pas.  
  • Comment voyez-vous la suite de votre mission ?
  • J’espère fêter mes 30 ans (rire) d’ordination avec toujours ce désir de vivre cette mission-là. C’est une vie capable de rendre heureux et c’est ça que je voudrais dire aux jeunes car on peut avoir une vision austère, brimée de la vie de prêtre. Il y a une manière de vivre qui nous est propre et particulière mais à côté de cela on a le droit à être heureux, de vivre heureux et joyeux et c’est même un devoir de l’être car si nous vivons de l’évangile et de la bonne nouvelle, c'est-à-dire la résurrection du Christ, cette joie de la résurrection qu’on apporte au monde je demande au Seigneur de me la garder au fond de mon cœur, cette joie de la victoire de la vie sur la mort, pour pouvoir la partager dans les années qui viennent avec celles et ceux que la providence mettra sur mon chemin. La vie paroissiale est ma mission principale et j’essaye d’être témoin de mon espérance là où je suis. Ça peut être dans un rayon d’un supermarché, dans un café, lors d’une journée de baptême. Les endroits sont multiples car le Seigneur a beaucoup beaucoup d’humour. Aujourd’hui les personnes qui viennent frapper à la porte de la sacristie en disant j’ai un problème existentiel et je voudrais le partager, on ne les trouve plus. Le prêtre doit sortir de son bâtiment car le monde ne sait plus où taper à la porte. La porte de la sacristie ne sert plus à grand-chose aujourd’hui. On frappe plus à la porte des réseaux sociaux qu’à la porte d’une église. Il faut garder une présence bien sûr mais être attentif, écouter ce que le peuple a à nous dire où que l’on soit.
  • Un message ?
  • Un message d’espérance bien sûr . Je vous demande de prier pour les prêtres, pour que nous gardions cette joie immense qui nous a fait tout abandonner pour servir Dieu, pour vivre le Seigneur. Sans les prêtres il n’y aurait pas d’église mais sans vous notre ministère risque de s’appauvrir. Notre vie de prêtre n’a de sens que si elle se vit avec vous. Priez pour nous, priez pour les vocations. En célébrant ces 15 ans, je dis merci au Seigneur car le Seigneur reste fidèle. Je veux partager ce que je vis en tant que prêtre et vous êtes vous-mêmes porteurs d’espérance.

15 ans de sacerdoce du Père Georges Nicoli (CNI/P.Benassi)