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Bastia : Les anciens résistants de Haute-Corse invitent les historiens


le Mercredi 2 Octobre 2013 à 23:55

Pour la première fois, les anciens de résistants de Haute-Corse (Anacr2B) invitent les historiens, lors du colloque « Histoire et Mémoire de la Résistance Corse » qui se déroule ce jeudi à Bastia. Fondamental, ce « passage de témoin » remet entre les mains de l’Histoire, le travail de mémoire et de témoignages accompli par les anciens résistants en Corse (ANACR2A et ANCR 2B) depuis 1945. Dont les présidents Batti Fusella et Sixte Ugolini.



Kader Arif rendra hommage aux Goumiers marocains et aux soldats français morts lors de la bataille de Teghime.
Kader Arif rendra hommage aux Goumiers marocains et aux soldats français morts lors de la bataille de Teghime.
A Bastia, sous l’égide de Hélène Chaubin du Comite d’Histoire de la Seconde guerre mondiale, on parlera réseaux, maquis, missions secrètes de la France Libre, agents anglais infiltrés, dans une région occupée par 80 000 soldats italiens puis 15 000 allemands (1/3 de la population).  Mais aussi parachutages, livraisons d’armes par sous-marins venus d’Alger. Fusillades, embuscades, survie au quotidien, liaisons radios, imprimeries clandestines, grottes dans le maquis, trahisons, arrestations, exécutions par l’Ovra (la gestapo italienne). 

Et combats libérateurs du 9 septembre au 4 octobre 43. La Résistance (11 700 patriotes portant brassards à tête de Maure) et les 5 000 soldats des Bataillons de Choc et Goumiers marocains, font face aux  divisions allemandes. 

Bataille ultime de Bastia ville martyr : la Libération de la Corse est une épopée. 

L’historienne Hélène Chaubin ( La Corse à l’épreuve de la guerre. Ed Vendemiaire PUF ) éclaire la singularité de la Résistance insulaire en 1943 : « Les  transports maritimes sont aléatoires, la population subi des privations, une crise sanitaire. L’Occupation italienne accroit les tensions entre irrédentistes favorables à un rattachement à la Péninsule et patriotes viscéralement hostiles à cet expansionnisme fasciste. En 43, il ne s’agit plus de contre-propagande. Le mot-clé est désormais Libération, d’autant que la présence des Alliés en Méditerranée fonde cet espoir. »


La bataille de Bastia
Si à Ajaccio les renforts venus d’Alger entrent dans la ville sans combat et sans perte humaine, il n’en est pas de même à Bastia ville martyr que les allemands envisagent de détruire en totalité ! 

Ils tentent d’évacuer leurs troupes basées dans toute la Corse depuis Bonifacio jusqu’au Cap. En ville couvre feu total sauf entre 11 heures et midi. Les files d’attente s’allongent devant les fontaines et les magasins d’alimentation. Ordre est donné de remettre toutes les armes. 

Le 21 septembre la bataille finale de la Libération de la Corse commence. 13 heures violent bombardement aérien par les avions alliés. Dégâts gigantesques à Terravecchia, en centre ville, au nouveau port : « la populations est prise de panique, des immeubles entiers d’effondrent, ensevelissant sous les décombres des familles entières. Cinq bateaux sont en feu. 22 septembre : une autre vague d’avions alliés bombardent Toga, la Place Saint Nicolas, l’Hôpital civil, l’Hôtel des Postes. Les allemands minent les ponts sur la route de Teghime pour protéger leurs retraites. Plus loin le pont routier de Casamozza est détruit comme ceux de Suerta, Miomo et Grisgione. »

Le 4 octobre le 73 ème Goum et le Bataillon de Choc (commandement du Général Martin) sont les vainqueurs. 

Le Dr Zucarelli : « On remet au Capitaine Then le drapeau du 173e ( bataillon de Corse de 14-18) caché derrière la statue du Sacré Coeur des Jésuites. Dans cette ville aux murs crucifiés s’élève un immense cri de joie ! L’atmosphère est enfin respirable. C’est le soleil de la libération. Comme par enchantement les rues se remplissent, nous crions tous Vive la France ! Devant les casques français je me dis le voilà le miracle de Lavasina. Faisant suite à une vibrante Marseillaise nous entonnons le Dio vi salvi Regina , l’hymne de nos ancêtres. » 

Le maire de la Libération Jacques Faggianelli témoigne : « Le 7 octobre le Général de Gaulle apporte le message de la France combattante dans Bastia libérée. Par des chemins bouleversés, sa jeep pénétra dans le ville martyr devant tout ce que contenait Bastia de population. Nous parcourumes à pied la zone encore brûlante devant le Vieux-Port. Devant la gare écroulée le général se recueillait et me dit : « Et maintenant que faut-il faire ? Qu’allez-vous faire ? La tâche ici est immense. Elle préfigure ce qu’elle sera demain dans notre pays reconquis » ( Et la Corse fut libérée de Paul Silvani. Editions Albiana).  
Hélène Chaubin, Hubert Lanziani (la Résistance dans le Niolo), Francis Pomponi (l’irrédentisme)., Ange Rovere (le Front National de Libération), Louis Luciani (le tribunal militaire et l’OVRA opéra volontaria ripréssionne  del antifascismo) s’exprimeront dans l’amphithéâtre du Lycée Giocante de Casabianca dans le cadre du Colloque des anciens résistants de l’ANACR de Haute-Corse

Un colloque auquel assisteront des vétérans de la Résistance en Corse : Leo Micheli, Marie Stefanini, Marie-Antoinette Alfonsi, Jean-Dominique Albertini.

A l’automne 43 en Corse, 11 700 patriotes portant brassards à tête de Maure combattent aux côtés des bataillons de Choc du Commandant  Gambiez et les Goumiers (4e div. marocaine de montagne). Ensemble ils harcèlent et chassent finalement la Sturmbrigade S.S. Reichsführera et la 90 ème Panzer Grenadier à Sartène, Zicavo, Levie, Quenza, l’Ospedale, Zonza, Ste-Lucie de Tallano, Vezzani, Ghisonaccia, Aléria, le défilé de l’Inzecca, Piano, Pietroso, La Porta, Ficaja, Piedicroce, Campile, Ponte Nuovo, Barchetta, Casamozza, Champlan , Folelli, Borgo, Silvareccio, Col de Prato, Col de Teghime, Cagnoni,  Bastia.
« La Corse, premier département français libéré, a un comportement d’avant-garde et montre le chemin, fidèle à ses valeurs dont le rattachement à la France depuis 1789, se battant contre irrédentistes et fascistes. L’exemple de la Résistance corse ?  Une insurrection qui précède le mouvement des pays participant à leur propre libération, contribuant à offrir à de Gaulle, chef de la France Libre, la légitimité pour s’asseoir à la table des vainqueurs » souligne Sixte Ugolini président de l’Anacr2B 

Liliane Vittori pour ANACR2B


Colloque de l'ANACR 2B « Histoire et mémoire de la Résistance en Corse », Bastia, Jeudi 3 octobre à 14 heures Amphithéâtre du Lycée Giocante de Casabianca

L'hommage aux goumiers marocains

A l’occasion du 70ème anniversaire de la libération de la Corse, l’hommage aux goumiers marocains et soldats français tombés en 1943 lors de la bataille du col de Teghime sera présidé  Kader Arif ministre délégué auprès du ministre de la Défense chargé des anciens combattants. Une importante délégation marocaine dont 7 anciens goumiers et tirailleurs ayant participé aux combats des cols de San Stefano et de Teghime et une classe du lycée Lyautey de Casablanca participeront également à cette manifestation.
Le public est invité à se présenter à 15H30 au col de Teghime. 

La circulation sera interrompue pendant la durée de la cérémonie de 15h45 à 16h30. La route sera coupée côté Bastia à la jonction route de Bastia-route de l’hôpital (ancienne déchetterie) côté Saint Florent à la jonction route d’Oletta-route de Patrimonio (juste après le col de Teghime ).

A l’issue de celle-ci les différentes autorités se rendront à la Nécropole Nationale de Saint-Florent, à  16h45, où reposent les combattants tombés au col de Teghime. À la suite de ces hommages rendus aux libérateurs de la Corse, la municipalité de Saint-Florent, offrira un vin d’honneur à  tous les participants.