Argument développé par Jean-Pierre Denis : Victimes… Une souffrance toujours singulière
Pas un jour sans son lot de victimes ! Même en vacances…Bien rares sont ceux qui pourraient dire ne s’être jamais retrouvés en place de victime. La notion de victime fait maintenant partie du discours courant et se décline en une multiplicité de figures : « Victime de la mode » comme chantait Mc Solaar il y a quelques années, victime de la norme, de son chef, d’un lobby, de son conjoint ou d’un parent, victime de harcèlement, de racket, d’abus sexuel, ou encore, victime de catastrophe naturelle, d’accident de la route, d’erreur médicale, d’attentat, etc. Bref, la liste est longue et aujourd’hui, la victimologie fait l’objet d’intenses recherches en droit, tant dans le champ de la prévention, que de sa prise en charge, et de sa reconnaissance par le corps social.
Alors la question que l’ACF Restonica ouvre avec ce forum du 3 octobre 2015 à Bastia, est de savoir en quoi la souffrance, la plainte, ou le trauma des victimes relèvent de la psychanalyse.
Disons que les victimes nous ont appris que là où il y a victime, il y a traumatisme, et combien il est difficile de s’extraire de la rencontre traumatique : il leur reste comme une « empreinte du réel, de la jouissance » selon l’expression du docteur Cremniter, psychiatre référent national du réseau d’urgences médico-psychologiques.
Et c’est bien parce qu’il est question du trauma en tant que rencontre avec un réel indicible, avec ses effets de sidération, de répétition, ou d’angoisse, avec ses cauchemars récurrents, ses symptômes atypiques et variés, que les psychanalystes sont habilités à participer à la prise en charge des victimes. Il s’agit cependant pour nous de ne pas oublier que derrière la victime se tient un sujet, dont notre invitée, Sonia Chiriaco, psychanalyste, auteur de Désir foudroyé, sortir du traumatisme par la psychanalyse¹, rappelle que « Nul autre que lui ne saura mieux dire le réel qu’il a rencontré », qu’on ne peut pas faire équivaloir traumatisé et victime, et que comme l’avait magistralement démontré Freud, « endosser la simple position de victime apparaît comme une impasse ».
C’est ce paradoxe entre une généralisation, voire une mondialisation du phénomène, et la réponse particu-lière, toujours singulière, voire paradoxale du sujet, qui donne la raison de notre titre : "Victimes… Une souffrance toujours singulière"
Nous déplierons notre réflexion en trois séquences : D’abord, le matin, nous aborderons le point de vue du droit, avec deux juristes, Mme Françoise Bastien de Bastia, et M. Jean-Marie Fayol-Noireterre de Lyon, puis nous irons du côté des enseignants avec le laboratoire du CIEN de Bastia, Centre Interdisciplinaire sur l’ENfant, qui tiendra une table ronde où converseront deux enseignants bastais, Nathalie Malpelli et Alain Franchi, avec Marie-Laurence Bajon, Conseillère d’Orientation Psychologue à Bastia et Jean-Pierre Denis, psychanalyste à Bastia.
Nous réserverons ainsi l’après-midi au strict point de vue de la psychanalyse, avec Marie-Rosalie Di Giorgio et Marie-José Raybaud, psychanalystes à Bastia, et notre invitée Sonia Chiriaco, psychanalyste à Paris.
Ce forum devrait ainsi nous permettre de mettre en valeur ce qui différencie l’approche analytique de l’approche juridique et médicale de la victime, dans le sens où l’analyse offre la possibilité d’ouvrir à la part fantasmatique et inconsciente parfois en jeu dans la position de victime. Cette part fantasmatique n’enlève rien au fait qu’un sujet ait pu endurer ce qu’il y a de pire, mais l’analyse permet justement d’en situer les effets inconscients, en particulier l’émergence d’un surmoi débridé qui donne consistance à une jouissance délétère ; l’analyse permettant alors au sujet de cerner, avec tact, son implication inconsciente dans sa souffrance de façon à s’en déprendre en vérifiant qu’il est lui-même traversé de motions psychiques contradictoires avec lesquelles il pourrait néanmoins se réconcilier autrement qu’en endossant encore et encore le statut de victime. Jean-Pierre Denis¹ Chiriaco S., Le désir foudroyé, sortir du traumatisme par la psychanalyse, Paris, Navarin, 2012.
Programme Présidence : Jean-Pierre Denis
MATIN (Accueil à partir de 10h) 10h15 - 10h25 : Présentation de la Journée : Jean-Pierre Denis
Ce que peut en dire le droit :
10h25 - 10h45 : Françoise Bastien, magistrat, ancien professeur à l’Université de Corse "La victime saisie par le droit"
10h45 - 11h10 : Jean-Marie Fayol-Noireterre, magistrat honoraire, ancien juge des enfants "L’enfant devant la justice pénale : Un témoin ? Un accusateur ? Une victime ?"
11h10-11h20 : Débat Discutants : Christophe Di Caro, Joséphine Novelli-Gambini
11h20 - 11h30 : Pause
Répondre aux situations critiques à l’école :
11h30 – 12h15 : Table ronde avec Le Laboratoire du Cien : Marie-Laurence Bajon, conseillère d’orientation psychologue Alain Franchi et Nathalie Malpelli, enseignants Conversation animée par Jean-Pierre Denis
12h15 – 12h30 : Débat Discutante : Marie-France Bereni
APRÈS-MIDI
Ce que peut en dire la psychanalyse :
14h30 - 14h50 : Marie-Josée Raybaud, psychanalyste "L’otage, une victime contemporaine ?"
14h50 - 15h10 : Marie-Rosalie Di Giorgio, psychanalyste "Des monstres et des démons"
15h10 - 15h20 : Débat Discutants : Christophe Di Caro, Dr Henry Bellone
15h20 - 15h30 : Pause
"Le réel de la victime":
15h30 - 16h30 : Conférence de Sonia Chiriaco, psychanalyste à Paris
16h30-16h45 : Débat Discutant : Jean-Pierre Denis
16h45 : Conclusion
Entrée 15€
Etudiants 10€
Renseignements : Jean-Pierre Denis
Tél : 04 95 33 92 52
E-mail : j.p.denis@wanadoo.fr
Pas un jour sans son lot de victimes ! Même en vacances…Bien rares sont ceux qui pourraient dire ne s’être jamais retrouvés en place de victime. La notion de victime fait maintenant partie du discours courant et se décline en une multiplicité de figures : « Victime de la mode » comme chantait Mc Solaar il y a quelques années, victime de la norme, de son chef, d’un lobby, de son conjoint ou d’un parent, victime de harcèlement, de racket, d’abus sexuel, ou encore, victime de catastrophe naturelle, d’accident de la route, d’erreur médicale, d’attentat, etc. Bref, la liste est longue et aujourd’hui, la victimologie fait l’objet d’intenses recherches en droit, tant dans le champ de la prévention, que de sa prise en charge, et de sa reconnaissance par le corps social.
Alors la question que l’ACF Restonica ouvre avec ce forum du 3 octobre 2015 à Bastia, est de savoir en quoi la souffrance, la plainte, ou le trauma des victimes relèvent de la psychanalyse.
Disons que les victimes nous ont appris que là où il y a victime, il y a traumatisme, et combien il est difficile de s’extraire de la rencontre traumatique : il leur reste comme une « empreinte du réel, de la jouissance » selon l’expression du docteur Cremniter, psychiatre référent national du réseau d’urgences médico-psychologiques.
Et c’est bien parce qu’il est question du trauma en tant que rencontre avec un réel indicible, avec ses effets de sidération, de répétition, ou d’angoisse, avec ses cauchemars récurrents, ses symptômes atypiques et variés, que les psychanalystes sont habilités à participer à la prise en charge des victimes. Il s’agit cependant pour nous de ne pas oublier que derrière la victime se tient un sujet, dont notre invitée, Sonia Chiriaco, psychanalyste, auteur de Désir foudroyé, sortir du traumatisme par la psychanalyse¹, rappelle que « Nul autre que lui ne saura mieux dire le réel qu’il a rencontré », qu’on ne peut pas faire équivaloir traumatisé et victime, et que comme l’avait magistralement démontré Freud, « endosser la simple position de victime apparaît comme une impasse ».
C’est ce paradoxe entre une généralisation, voire une mondialisation du phénomène, et la réponse particu-lière, toujours singulière, voire paradoxale du sujet, qui donne la raison de notre titre : "Victimes… Une souffrance toujours singulière"
Nous déplierons notre réflexion en trois séquences : D’abord, le matin, nous aborderons le point de vue du droit, avec deux juristes, Mme Françoise Bastien de Bastia, et M. Jean-Marie Fayol-Noireterre de Lyon, puis nous irons du côté des enseignants avec le laboratoire du CIEN de Bastia, Centre Interdisciplinaire sur l’ENfant, qui tiendra une table ronde où converseront deux enseignants bastais, Nathalie Malpelli et Alain Franchi, avec Marie-Laurence Bajon, Conseillère d’Orientation Psychologue à Bastia et Jean-Pierre Denis, psychanalyste à Bastia.
Nous réserverons ainsi l’après-midi au strict point de vue de la psychanalyse, avec Marie-Rosalie Di Giorgio et Marie-José Raybaud, psychanalystes à Bastia, et notre invitée Sonia Chiriaco, psychanalyste à Paris.
Ce forum devrait ainsi nous permettre de mettre en valeur ce qui différencie l’approche analytique de l’approche juridique et médicale de la victime, dans le sens où l’analyse offre la possibilité d’ouvrir à la part fantasmatique et inconsciente parfois en jeu dans la position de victime. Cette part fantasmatique n’enlève rien au fait qu’un sujet ait pu endurer ce qu’il y a de pire, mais l’analyse permet justement d’en situer les effets inconscients, en particulier l’émergence d’un surmoi débridé qui donne consistance à une jouissance délétère ; l’analyse permettant alors au sujet de cerner, avec tact, son implication inconsciente dans sa souffrance de façon à s’en déprendre en vérifiant qu’il est lui-même traversé de motions psychiques contradictoires avec lesquelles il pourrait néanmoins se réconcilier autrement qu’en endossant encore et encore le statut de victime. Jean-Pierre Denis¹ Chiriaco S., Le désir foudroyé, sortir du traumatisme par la psychanalyse, Paris, Navarin, 2012.
Programme
MATIN (Accueil à partir de 10h)
Ce que peut en dire le droit :
10h25 - 10h45 : Françoise Bastien, magistrat, ancien professeur à l’Université de Corse "La victime saisie par le droit"
10h45 - 11h10 : Jean-Marie Fayol-Noireterre, magistrat honoraire, ancien juge des enfants "L’enfant devant la justice pénale : Un témoin ? Un accusateur ? Une victime ?"
11h10-11h20 : Débat Discutants : Christophe Di Caro, Joséphine Novelli-Gambini
11h20 - 11h30 : Pause
Répondre aux situations critiques à l’école :
11h30 – 12h15 : Table ronde avec Le Laboratoire du Cien :
12h15 – 12h30 : Débat Discutante : Marie-France Bereni
APRÈS-MIDI
Ce que peut en dire la psychanalyse :
14h30 - 14h50 : Marie-Josée Raybaud, psychanalyste "L’otage, une victime contemporaine ?"
14h50 - 15h10 : Marie-Rosalie Di Giorgio, psychanalyste "Des monstres et des démons"
15h10 - 15h20 : Débat Discutants : Christophe Di Caro, Dr Henry Bellone
15h20 - 15h30 : Pause
"Le réel de la victime":
15h30 - 16h30 : Conférence de Sonia Chiriaco, psychanalyste à Paris
16h30-16h45 : Débat
16h45 : Conclusion
Entrée 15€
Etudiants 10€
Renseignements : Jean-Pierre Denis
Tél : 04 95 33 92 52
E-mail : j.p.denis@wanadoo.fr