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Autonomie de la Corse : trois anciens ministres de l’Intérieur mettent le gouvernement en garde


La rédaction avec AFP le Jeudi 17 Mars 2022 à 14:28

Trois anciens ministres de l’Intérieur, Dominique de Villepin, Manuel Valls et Jean-Pierre Chevènement, en fonction en 1998 quand le préfet Claude Erignac a été assassiné, mettent en garde jeudi l’exécutif, chacun de leur côté, sur la situation en Corse.



Photo Aloïs Bolou
Photo Aloïs Bolou

En Corse, "nous assistons à un chantage permanent à la violence. Depuis 1975, les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, y compris ceux auxquels j’ai appartenu, sont allés de reculade en reculade", déplore Jean-Pierre Chevènement dans un entretien à L’Opinion. "Le suffrage universel, c’est le jet de cocktails Molotov ?", feint-il de s’interroger. "En Corse, les élus attendent des avancées qui vont dans leur sens et qui leur permettent d’aller contre la loi. Plus on fait de concessions, plus le niveau de violence augmente et l’imbécillité qui va avec, ajoute-t-il. L’ancien ministre "souhaite bonne chance à M. Darmanin même si évoquer l’autonomie n’aurait pas été (sa) manière de faire".


"On ne peut pas céder sur des revendications qui mettraient en cause notre unité"
Manuel Valls pose de son côté, dans un entretien au Parisien "Aujourd’hui en France, une ligne rouge. Attention à ne pas défaire la République et mettre en cause l’unité de la nation française (…) Sinon on ouvrirait la boîte de Pandore dans une société française déjà fracturée ". Pour l’ancien Premier ministre PS, "on peut toujours aller plus loin, donner plus de responsabilités aux élus, en prenant toujours en compte les particularismes de la Corse. Mais on ne pourra jamais céder sur des revendications qui mettraient en cause notre unité : la coofficialité de la langue corse (…), l’idée du peuple corse ou le statut de résident.

"Il faut chercher une solution optimale"
Dominique de Villepin, ministre du gouvernement Raffarin en 2004-2005, a lui aussi exprimé ses craintes. "Entre l’autonomie et la dérive vers une indépendance, on peut penser qu’il y a quelque chose, malheureusement, d’un peu automatique", a-t-il dit sur Europe 1 ce jeudi 17 mars, jugeant que la campagne électorale n’est "sûrement pas le meilleur moment pour régler la question". Il faut néanmoins, selon lui, "chercher une solution optimale".
 
 

"On ne négocie pas un pistolet sur la tempe"

Les critiques aux choix de Macron de régler la question corse pendant sa campagne électorale est aussi critiquée à gauche. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, accuse le gouvernement de "donner une prime à la violence et d’alimenter le sentiment d’une forme d’opportunisme électoral". Sur le fond, il s’est dit opposé à  l’autonomie si elle devait "conduire à disloquer, démembrer l’État français", mais a jugé "légitime" une autonomie permettant aux Corses de "faire valoir une culture, une histoire, de défendre une langue, et faire valoir une spécificité".
S’il approuve par ailleurs le rapprochement d'"Yvan Colonna et ses complices" en Corse, il a rappelé que "la réalité, c’est au départ l’assassinat d’un préfet" par ces hommes.

 

Le candidat écologiste Yannick Jadot a lui aussi accusé le gouvernement de « ne commencer à réagir que quand il y a des violences », mais a pour sa part réitéré sur BFMTV et RMC son souhait qu’il « accélère les choses » en vue d’une « autonomie de plein droit » de la Corse.
A droite, le candidat Debout la France Nicolas Dupont-Aignan se rendra en Corse vendredi pour présenter ses propositions : « maintenir l’unité de la République et ne pas céder à du chantage qui aboutirait à une dérive autonomiste gravissime », a-t-il indiqué sur franceinfo en se disant favorable à « des adaptations réclamées depuis cinq ans » par les élus corses. « On ne négocie pas un pistolet sur la tempe », a résumé sur Cnews le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau.