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Assises de Bastia : le détenu "demande pardon" aux gardiens qu'il avait agressé à la prison de Borgo


La rédaction avec AFP le Lundi 15 Novembre 2021 à 21:09

Morad Akaouch, est jugé depuis ce lundi 15 novembre à Bastia pour tentative d'assassinat sur deux gardiens qu'il avait attaqués à l'arme blanche en 2018 à la prison de Borgo, en plein mouvement des agents pénitentiaires pour davantage de sécurité. Le détenu a présenté ses excuses aux deux gardiens dont l'audition, ainsi que l'interrogatoire de l'accusé, sont prévus mercredi après-midi



Photo illustration archives CNI
Photo illustration archives CNI
"Je suis vraiment désolé, je leur demande pardon". Morad Akaouch, jugé depuis ce lundi 15 novembre à Bastia devant les assises pour tentative d'assassinat, a présenté ses excuses aux deux gardiens qu'il avait attaqués à l'arme blanche en 2018 à la prison de Borgo.

Le 19 janvier 2018, l'accusé avait gravement blessé deux gardiens, en les frappant à de multiples reprises à la tête, au niveau des cervicales et aux clavicules, "des zones vitales" selon l'accusation, pour qui il s'agit d'une tentative de meurtre avec préméditation. Des faits pour lesquels Morad Akaouch encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Jamais retrouvée, l'arme blanche utilisée a été décrite alternativement comme "un morceau de métal pointu", "un bout de verre tranchant", "une lame longue et pointue" ou un "couteau repliable", a rappelé la présidente.

On ne m'a jamais donné l'occasion de m'expliquer
"Ça fait quatre ans que je suis incarcéré pour cette affaire et on ne m'a jamais donné l'occasion de m'expliquer"
, a déclaré au premier jour de son procès Morad Akaouch, cheveux courts, barbe rase et petites lunettes de vue, vêtu d'une chemise bleue, d'un gilet et pantalon noir et portant un masque bleu ciel.
Regrettant les "énormités" écrites à son sujet, l'accusé a dit "espérer pouvoir (s)'expliquer et dire toute la vérité sur le pourquoi du comment": mais "avant tout, je voudrais présenter mes excuses aux parties civiles, je suis vraiment désolé, je leur demande pardon", a-t-il insisté. Sans contester les agressions, l'accusé avait affirmé lors de l'instruction que son acte n'était pas prémédité, n'était pas terroriste, et il avait démenti avoir eu "l'intention de tuer". Il avait évoqué "un accès de colère" lié au traitement que lui faisaient subir les gardiens, et notamment lors d'une fouille de sa cellule la veille des faits.

"Rugueux" mais "pas violent"
Il avait notamment accusé les deux agents d'avoir "marché sur son lit" et il assurait s'être vu refuser des soins. Interrogé sur les conditions de cette fouille, le directeur de la prison de Borgo au moment des faits a expliqué lundi en visioconférence que celle-ci avait été décidée après un renseignement obtenu par des écoutes téléphoniques qui montrait que l'accusé avait demandé à sa compagne de l'époque de lui fournir "un couteau en céramique" parce qu'il "se sentait menacé par d'autres détenus".
Après son acte, et selon plusieurs témoins, Morad Akaouch s'était "drapé d'un drapeau palestinien" et avait crié "Allah Akbar". Pour autant, le parquet national antiterroriste ne s'était pas saisi. Il "faisait l'objet d'une enquête de radicalisation", avait alors indiqué la procureure de Bastia, Caroline Tharot, précisant qu'en garde à vue le détenu avait simplement mentionné un "geste de colère", niant un quelconque "acte terroriste".
L'enquête avait ensuite permis de dresser le portrait d'un homme ayant une "pratique soutenue de la religion musulmane", mais qui n'a "jamais essayé d'entrer en contact avec des groupes terroristes", selon l'accusation.

Concernant l'accusé, l'ex-directeur de la prison de Borgo l'a présenté comme pouvant être "rugueux dans les échanges", mais "pas dans la violence". Il a dit ne se souvenir que d'une rencontre brève avec l'accusé, lors de laquelle celui-ci s'était plaint du faible choix des "produits halal" qu'il "pouvait cantiner": "Je n'avais pas noté de signes forts (laissant) penser que l'intéressé était radicalisé", a-t-il ajouté.
L'audition des deux gardiens agressés et l'interrogatoire de l'accusé sont prévus mercredi après-midi, les réquisitions et le verdict étant attendus vendredi.