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Assassinat d'Yvan Colonna : procédures disciplinaires contre l’ex-directrice de la prison d’Arles et un agent


La rédaction avec AFP le Jeudi 28 Juillet 2022 à 20:31

L’ex-directrice de la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) et un surveillant vont faire l’objet de « procédures disciplinaires », a annoncé ce jeudi 28 juillet la Première ministre Élisabeth Borne, après la remise d’un rapport sur l’assassinat en mars d’Yvan Colonna qui conclut à des "manquements" de leur part.



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Matignon a ajouté que la Première ministre avait "décidé de suivre l'intégralité des recommandations" du rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ), saisie après l'agression par un codétenu radicalisé de l'indépendantiste corse, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac.

Selon le rapport publié sur le site de Matignon, la mission d'inspection conclut à un "défaut de vigilance active" pour le surveillant chargé de l’aile où se trouvait Yvan Colonna, et qui a fait preuve d’un "net défaut de vigilance " en restant "sans aucun motif éloigné" du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes, conclut le rapport, publié ce soir en version anonymisée. 

Une gestion inappropriée
Quant à "l’ancienne cheffe d’établissement" Corinne Puglierini, en poste jusqu’à dix jours avant l’agression, la mission d’inspection pointe "l’insuffisance" de son management et l’absence de "gestion appropriée" des commissions d’évaluation de la dangerosité des détenus.

En effet, le meurtrier présumé d’Yvan Colonna, un Camerounais de 36 ans, Franck Elong Abé, n’avait jamais été orienté vers un quartier d’évaluation de la radicalisation (QER) depuis son arrivée dans l’établissement en 2019, alors qu’il purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans de prison pour « association de malfaiteurs terroriste ». Il avait été arrêté en Afghanistan par l’armée américaine en 2012 avant d’être remis à la France en 2014.

Mission sur les QER
Lors de son audition par la commission des lois de l’Assemblée nationale, le 30 mars, Corinne Puglierini avait assuré que le comportement du détenu à son arrivée à Arles "ne permettait pas une évaluation au QER" car il n’était pas "en capacité de participer à cette évaluation". Elle avait toutefois fait état ensuite d’une évolution positive, qui avait justifié qu’on lui accorde en septembre 2021 un poste d’auxiliaire pour faire le ménage dans les salles de sport de la prison.
Le rapport de l’IGJ déplore également "une programmation inadaptée des images de vidéosurveillance", qui a "souffert d’un grave déficit de conception et de formation des utilisateurs". Il formule douze recommandations, dont six visent à "renforcer (…) la surveillance des salles d’activités" de la prison et à améliorer son dispositif de vidéosurveillance. Plus largement, il recommande de rappeler à l’ensemble de l’administration pénitentiaire que la  vocation première de la vidéosurveillance "vise à intervenir immédiatement pour faire cesser un incident".

La Première ministre a "décidé de suivre l’intégralité des recommandations" du rapport, a fait savoir Matignon. Élisabeth Borne demandera notamment au ministre de la Justice "une mission d’inspection sur l’évaluation des quartiers d’évaluation et de prise en charge de la radicalisation" (QER), dispositif déployé il y a cinq ans dont "il apparaît nécessaire de dresser un bilan".

Le rapport de l'IGJ était remis au cabinet de la Première ministre et non au Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti car, ce dernier ayant été l'avocat d'Yvan Colonna, il est contraint de se déporter de tout ce qui concerne son ancien client.

"Zones d’ombre"
Le 2 mars, Yvan Colonna avait été violemment agressé dans la salle de sport de la maison centrale d’Arles par Franck Elong Abé. Il était décédé des suites de ses blessures après trois semaines de coma. Ce détenu, qui a expliqué s’en être pris à Yvan Colonna parce qu’il avait "blasphémé ", a été mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
L’agression avait suscité colère et polémiques et ravivé les tensions en Corse, alors qu’Yvan Colonna réclamait de longue date son incarcération sur l’île. "Les responsabilités individuelles des surveillants ne sauraient masquer celle, fondamentale, du pouvoir politique qui a délibérément empêché Yvan Colonna de purger sa peine près de chez lui, en violation des règles pénitentiaires, par vengeance d’État", a réagi jeudi auprès de l’AFP Emmanuel Mercinier-Pantalacci, l’un des avocats d'Yvan Colonna.