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Après Porto-Vecchio, Ajaccio : des chiens renifleurs pour dépister la COVID-19


Julia Sereni le Vendredi 31 Juillet 2020 à 18:10

Après Porto-Vecchio, c’est au tour d’Ajaccio d’expérimenter le dépistage de la COVID-19 par des chiens renifleurs. Un test grandeur nature unique au niveau mondial, piloté par le Service d’Incendie et de Secours (SIS) de Corse-du-Sud qui compte bien voir le dispositif se généraliser sur l’ensemble du territoire national.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Depuis ce lundi 27 juillet, les ajacciens peuvent participer à une expérience unique : se faire dépister à la COVID-19 grâce à des chiens renifleurs. Une opération qui a de quoi étonner, et pourtant, les premiers résultats sont plus que probants. Le Colonel Bruno Maestracci, Directeur du SIS 2A et initiateur du projet, revient sur sa genèse : « Ce que l’on voit aujourd’hui, c’est le résultat du projet Nasaïs, un projet international porté en France par l’école nationale de Maisons-Alfort et auquel plusieurs SIS participent, dont celui de Corse-du-Sud, avec le SIS de l’Oise et celui de Seine-et-Marne ». 
« On le sait déjà, les chiens peuvent détecter certaines maladies comme le cancer de la prostate, colorectal ou bien du sein » argumente t-il. Pour ce qui est de la COVID-19, ils peuvent reconnaître, grâce à l’odeur particulière de leur sueur, les personnes testées positives… mais aussi d’autres qui présentent pourtant un test PCR négatif. « C’est normal, car le PCR peut donner lieu à des faux négatifs. Les chiens ont donc des résultats supérieurs aux tests » précise le Colonel. 
 

Comment se déroule l’opération ? 

« Une quinzaine de personnes du SIS est mobilisée, ainsi que quatre chiens, dont deux qui sont encore en cours d’apprentissage. Nous avons fait venir deux chiens de Seine-et-Marne » détaille Aymeric Benard, vétérinaire du SIS 2A. Ils s’entrainent depuis le mois de mars dans un local dédié. Le processus est simple : des compresses imprégnées de sueur sont récoltées et mises dans des plots, qui sont ensuite reniflés par les chiens. Si l’animal détecte quelque chose, il marque l’arrêt. En parallèle, des tests PCR sont réalisés pour comparer les résultats et établir leur fiabilité. L’expérimentation est double, car en plus de ce dépistage canin, des tubes en silicone sont également exposés à la sueur puis envoyés à l’Université de Corse afin de réaliser des études de spectrométrie et de chromatographie. L’objectif ? Avoir la signature chimique de l’odeur de la COVID-19.
 
À Porto-Vecchio, ce sont près de 150 dépistages qui ont été réalisés. Pour Ajaccio, environ 200. « C’est un premier test grandeur nature qui sera suivi d’un retour d’expérience la semaine prochaine avec l’Agence Régionale de Santé » commente Bruno Maestracci. Les résultats obtenus seront envoyés dans un centre de stockage et feront l’objet d’une publication scientifique. « Notre objectif est que ce test puisse être validé au plus haut niveau de l’État et que ce type de détection, beaucoup plus simple que les tests existants, puisse être généralisé » indique t-il. « Sachant que c’est déjà le cas aux Emirats Arabes Unis : il y a 21 chiens à l’aéroport de Dubaï ». 
 
Une perspective qui ravirait Philippe et Danielle, un couple venu se faire dépister au SIS 2A : « Cela aurait dû être fait beaucoup plus tôt » relèvent-ils. « Nous, nous avons confiance en cette méthode ». Et pourtant, elle n'est pas sans difficultés : « Comme nous sommes des pionniers, il faudra former d’autres chiens, et pour cela il faudra plus de compresses imprégnées du virus et donc… d’autres malades COVID ». Un sacré bémol. Néanmoins, le Colonel Maestracci reste confiant, convaincu du bien fondé de sa démarche. « Les chiens font cela par amour, il n’est question ni d’argent, ni de pouvoir, c’est peut être cela qui est difficile à envisager dans notre société » conclut-il.