Il y a dix ans, Jean-Jacques Torre nous avait offert une superbe exposition de collages suivie d’une livre tout à fait remarquable à travers lequel il exprimait sa sensibilité et son goût du travail artistique bien fait. Un découpage de mille et une couleurs avec des distinctions bien
précises à travers différents procédés. Il s’en explique. On le comprend : « Il y a dix ans, j’avais fait une exposition à la bibliothèque municipale avec une trentaine de découpages et autant de texte d’écrivains qui répondaient à une envie, à un besoin. Elle s’intitulait «la
convocation. »
Dix ans après, notre confrère revient sur sa passion, sur ce qu’il considère comme étant son passe-temps favori. Dix années de réflexion et encore et toujours de collage, à raison d’une à deux heures tous les matins au réveil : «pratiquement tous les jours, avec un sujet différent ou un thème bien spécifique, avec photos, journaux et magazines. »
Il rassemble, assemble, coupe et découpe, colle et encadre, crée des séries un peu comme celle réalisée pour le musée de Levie qui était une sorte de Chemin de Croix, une suite de poésies dédiées à l’église qui a connu un vif succès. Mais pas seulement. Certains de ses collages sont consacrés à la politique, à des événements de l’actualité, des images du patrimoine ou des images que l’on ressort de temps à autre à qui l’on trouve une place. Souvent il lui arrive de travailler sur un thème puis de passer à un autre, d’y ajouter une vieille photo aux couleurs sépia. A partir du moment que les images rassemblées collent à une certaine réalité, il glisse un texte à moitié effacé par le temps qui rappelle une certaine actualité selon le regard que l’on pose.
Sortir les images d’un contexte et les remettre dans un autre est une vieille habitude que l’artiste exploite assez souvent afin d’obtenir au final quelque chose qu’il fixe dans l’encadrement. Certaines de ses œuvres peuvent être surmontées d’un titre, d’autres non. Il explique : « Pour certains oui, car il y a toujours quelque chose qui ressort, un détail qui me donne l’idée de titre le tableau. Certaines notamment, issues d’un événement m’incitent à titrer l’encadrement, souvent deux voire trois ou quatre ans après » explique-t-il.
Présent à l’exposition, le docteur Simon Renucci a salué le travail de l’artiste, son inspiration : « Ces vues de ruelles, de façades ocres, ces détails urbains ou d’architecture que vous avez captés, vous les avez faits vôtres, découpés, assemblés, détournés de leur contexte, ils conduisent le spectateur à voir un autre monde, un autre univers, le vôtre. Un somptueux témoignage d’une époque… »
Rendez-vous dans dix ans pour une nouvelle expo alors ?
« Certainement pas. En ce moment, j’ai un projet : faire une expo sur Ajaccio. Faire des photos, de mitrailler la ville et d’y associer des collages. Une fois ceux-ci achevés, je souhaiterai demander à des écrivains, des journalistes d’écrire, de commenter, de faire un
livre sur la ville. »
C’est une simple invitation au regard. Une « convocation » en quelque sorte !
J .F.
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