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Air Corsica : un plan de départs volontaires pour 70 salariés d’ici 2027


Patrice Paquier Lorenzi le Mardi 29 Avril 2025 à 15:26

Dans un contexte économique tendu et alors que se profilent de nouveaux équilibres autour de la desserte publique, Air Corsica engage un plan de transformation destiné à renforcer sa compétitivité. Parmi les mesures annoncées : une rupture conventionnelle collective prévoyant le départ volontaire de 70 salariés d’ici mars 2027, dont 60 personnels au sol et 10 navigants commerciaux. Validé à l’unanimité par le CSE, ce plan s’inscrit dans une stratégie plus globale visant à alléger les charges, moderniser les services, diversifier les recettes et réduire la dépendance à la délégation de service public.



Air Corsica a annoncé ce matin la mise en place d'une procédure de rupture conventionnelle collective de 70 personnels.
Air Corsica a annoncé ce matin la mise en place d'une procédure de rupture conventionnelle collective de 70 personnels.

Confrontée à une situation économique fragile, marquée par un déficit d’exploitation de 15 millions d’euros en 2022 et 2023 pour un chiffre d’affaires annuel de 245 millions, Air Corsica amorce une nouvelle phase de transformation. Ce mardi matin, le président du Directoire, Pierre Murracciole, et la présidente du Conseil de Surveillance, Marie-Hélène Casanova-Servas, ont présenté un plan visant à renforcer la compétitivité de la compagnie.

Épuisement des revenus exceptionnels issus de cessions d’actifs, incertitudes sur le financement de la Dotation de continuité territoriale, nouvelles règles de délégation de service public (DSP) : autant de facteurs qui ont conduit les dirigeants à enclencher ce processus de réorganisation. « Depuis la période post-Covid, nous avons connu un déficit d’exploitation que nous avons pu surmonter uniquement grâce à des revenus exceptionnels tels que des cessions d’actifs et des opérations financières sur les couvertures de carburant. Il n’était pas question de s’en satisfaire, et cela a mené à une prise de conscience au sein de l’entreprise », a expliqué Pierre Murracciole.

Une amélioration économique espérée à hauteur de 30 millions d’euros d’ici 2028
Pour remettre la compagnie sur les bons rails, et malgré des économies déjà effectives de 15 millions € en lien avec la DSP, Air Corsica doit encore trouver 30 millions d’euros par an pour établir un socle de compétitivité cohérent. Avec en première ligne, des économies de personnels :  Cette étape a été décisive car les personnels ont compris les efforts que nous leur avons demandé. Cela a d’ailleurs permis de signer des nouveaux accords d’entreprise que nous avons signé le 30 novembre 2024, avec notamment un gel des salaires pendant 2 ans, soit une renonciation à une augmentation de 1,8% par an, un allongement de la durée du travail des personnels au sol et une restitution d’un certain nombre de jours de congés. Ce n’est pas anecdotique, on est dans le dur ». 
Mais aussi des suppressions de poste. C’est d’ailleurs dans ce cadre, que la compagnie a mise en place un accord RCC (rupture conventionnelle collective) qui prévoit le départ de 60 personnels au sol dont 10 navigants commerciaux d’ici mars 2027. Soit près de 10% des 720 salariés de l’entreprise. Un vaste plan de départ volontaire compris, accepté et validé à l’unanimité par le CSE de l’entreprise en mars dernier : « Cette RCC a un intérêt évident, c’est qu’elle ait basée uniquement sur le volontariat et c’est capital. C’est ce qui nous distingue d’un plan social. S’ils souhaitent partir, ils le peuvent, s’ils ne le souhaitent pas, ils restent ». Après l’ouverture effective de cette RCC depuis le 1er avril, les salariés candidats à un départ volontaire ont jusqu’au 30 juin 2025 pour se faire connaitre. En un mois, près de 120 d’entre eux auraient déjà contacté le cabinet Alixio, qui s’occupe de renseigner de manière anonyme sur les droits et possibilités concernant ce dispositif. Les départs interviendront dans une période de deux ans allant jusqu’à mars 2027. « Pour ceux qui restent et qui sont sur des postes supprimés, il va falloir envisager une mobilité opérationnelle, soit au niveau des compétences soit au niveau géographique » prévient le président du Directoire.
 
Une volonté affirmée de moins dépendre de la DSP
Outre le volet social, l’entreprise espère également réduire ses coûts avec l’appel à des prestataires aéroportuaires externes, dans certaines situations, sur les escales de Nice et Marseille notamment ou encore l’utilisation de nouveaux outils digitaux au service de ses clients. Mais, l’entreprise insulaire cherche aussi et surtout à augmenter ses recettes à hauteur de 10 millions d’euros par an, et notamment dans le hors service public avec la mise en place de formules comme des cartes d’abonnements, l’achat de siège, ou l’embarquement prioritaire : « C’est un énorme chantier, on va devoir industrialiser tout cela, il y a une réelle valeur marchande à le faire. Aujourd’hui, nous sommes dépendants à 90% de la délégation de service public concernant les vols commerciaux. Il faut réduire cette dépendance. Nous visons à terme à une répartition à 50/50 avec l’ouverture de nouvelles lignes » allant même jusqu’à envisager une perte de la DSP à l’horizon 2028 ? « Nous ne voulons pas nous laisser surprendre. Il faut envisager toutes les hypothèses. Si on retrouve sur une réduction du périmètre de la DSP, même si on ne le souhaite évidemment pas, il faut être en capacité de relever ce challenge. Et cela ne pourra pas se faire sans être beaucoup plus compétitif ». D’ici là, Air Corsica a confirmé, ce mardi matin, l’annualisation de la ligne Ajaccio-Rome, avec deux vols par semaine, mais aussi l’ouverture de nouvelles lignes en direction de Vienne, Munich et Londres Gatwick d’ici juin 2026.