“Aujourd’hui, nous célébrons non seulement l’ouverture d’un commerce, mais aussi une manière d’être ensemble.” C’est avec ces mots que Marie-Hélène Padovani, maire de San Martino di Lota, a inauguré ce lundi un commerce multiservices dans le centre du village. L’événement s’est déroulé en présence de plusieurs personnalités, parmi lesquelles Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, Michel Prosic, préfet de Haute-Corse, et Louis Pozzo di Borgo, président de la Communauté d’Agglomération de Bastia.
Installé au rez-de-chaussée de l’ancienne bâtisse U San Martinu, à deux pas de l’église du village, l’établissement baptisé Chez Henri regroupe un café, un petit restaurant et une épicerie de proximité. Il sera ouvert tous les jours, toute l’année. “Nous avons voulu un bâtiment enraciné ici, avec nos pierres, notre mémoire et notre identité. Nous avons donc conservé les dalles pour réaliser le sol de l’épicerie, parce que pour nous, construire, c'est transférer, c'est prolonger l'histoire, et c'est garder l'âme d'un lieu vivant”, explique Marie-Hélène Padovani. Le bâtiment, acheté en 2019 par l’Office foncier de la Corse, a fait l’objet de 650 000 euros de travaux, financés à 50 % par l’État, 20 % par la Communauté d’Agglomération de Bastia et 30 % par la commune.
Le lieu sera géré par Henri Benigni, enfant du village, retenu à l’issue d’un appel à projet lancé par la municipalité. Éleveur-charcutier de métier, il entend proposer une offre simple et locale à ses clients. “On travaillera avec nos produits, mais aussi avec ceux d’artisans et de producteurs locaux. L’hiver, le café et l’épicerie seront ouverts tous les jours, et le restaurant fonctionnera le week-end. L’été, on proposera une petite carte autour de salades et de viande au feu de bois, toujours des plats simples et familiaux”, détaille-t-il.
Au-delà de l’offre commerciale, la commune mise sur ce nouvel espace pour répondre à un manque de services de proximité, en particulier en dehors de la saison estivale. “Il n’y avait plus rien au village depuis plus de vingt ans. Même le dépôt de pain a disparu l’année dernière. Avant, il y avait une épicerie, un bar-café, mais je ne l’ai même pas connu. C’est vrai qu’un commerce ouvert l'hiver, où on peut se retrouver, acheter le journal, faire une partie de cartes, ça manquait au village, pour toutes les générations, que ce soit les anciens ou les plus jeunes. On est quand même proche de la ville, mais l'hiver, descendre à Bastia pour une petite bricole comme le pain ou le journal, c'est contraignant”, relève le commerçant.
Un projet global pour redonner vie au village
L’ouverture de ce commerce s’inscrit dans une stratégie plus large menée par la municipalité depuis le début de la mandature. “Mon objectif est clair depuis le départ : redonner une vie au hameau, pour ne pas qu’il devienne un simple quartier résidentiel de Bastia”, affirme la maire. Ces dernières années, plusieurs équipements ont vu le jour dans ce secteur de San Martino di Lota, comme “un jardin d’enfants, une maison des associations, une salle polyvalente ou un parking”. Des projets conçus pour renforcer l’attractivité du village et maintenir un lien entre les habitants, tout au long de l’année. “Pendant ma campagne électorale, des jeunes m’avaient dit qu’ils devaient aller jouer à la belote dans les communes voisines. On veut éviter ça. Ici, on est au cœur du village, à côté de l’église, et ce lieu doit devenir un espace de rencontres, entre toutes les générations.”
Pensé comme un lieu de proximité, ce commerce se veut aussi un espace de vie. “Il nous manquait un lieu central, ouvert toute l’année, où l’on trouve un service, un sourire, et surtout un moment à partager”, souligne-t-elle. À travers cette ouverture, la municipalité entend défendre une certaine idée du vivre-ensemble dans les hameaux, et maintenir une forme de cohésion au quotidien. “Ce sera un lieu de bien, un lieu de cœur, un endroit où l’on se retrouve, où l’on discute, où l’on partage ce qui fait la richesse d’un village : tout simplement le quotidien. Cette inauguration, c’est notre manière de préserver ce tissu humain si précieux, et c'est aussi un acte politique, au sens noble du terme, celui de défendre nos hameaux, de maintenir le service public et de croire en la proximité.”
Une seconde phase de travaux est déjà prévue. La commune va racheter prochainement le bâtiment pour un montant de 1,3 million d’euros. Cette acquisition permettra d’amorcer la réhabilitation des étages supérieurs, avec l’aménagement de services publics de proximité au premier étage. Une réfection complète de la toiture et des travaux de rénovation énergétique sont également prévus. “Quand je vois ce bâtiment aujourd'hui qui revit, je veux dire que nous avons fait bien plus que bâtir un lieu de service : nous avons recréé du lien là où il manquait, et c’est cela la vie de village”, conclut Marie-Hélène Padovani.













Envoyer à un ami
Version imprimable





