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À Bastia, 70 élus dénoncent une désorganisation des finances publiques


Léana Serve le Jeudi 24 Juillet 2025 à 17:38

Rassemblés ce jeudi à Bastia, environ 70 élus de Haute-Corse ont exprimé leur mécontentement face aux dysfonctionnements persistants au sein des services des finances publiques. Retards de paiement, manque de personnel, absence de réponse aux sollicitations : autant de difficultés qui compliquent la gestion des communes et fragilisent les entreprises locales.



Photo d'illustration
Photo d'illustration

“On ne peut plus continuer comme ça.” Ce jeudi matin, environ 70 élus venus de toute la Haute-Corse se sont réunis sur la place Saint-Nicolas à Bastia, avant de se rendre devant les locaux des finances publiques. Une mobilisation qui visait à dénoncer les dysfonctionnements persistants au sein des services des finances publiques, et notamment les retards dans le traitement des mandats de paiement émis par les communes. “Il y a des dizaines, voire des centaines de mandats en souffrance aujourd’hui”, alerte Ange-Pierre Vivoni, président de l’Association des maires de Haute-Corse. “Les secrétaires de mairie, les élus et les ordonnateurs n’ont plus de réponses à donner aux entreprises qui appellent chaque semaine pour savoir quand elles seront payées.”
 

Selon les élus, la situation touche en priorité les petites communes, qui ne disposent ni des services ni de la réactivité des collectivités plus importantes. Ils alertent aussi sur le manque criant de personnel dans les services concernés, notamment à la trésorerie de Borgo. “Il y a eu de gros problèmes à Borgo, par un manque d’effectifs et avec un surcroît de travail. C’est un fait reconnu, et ça dure depuis plus d’un an”, explique Ange-Pierre Vivoni. “Les employés font leur possible, mais on ne peut pas leur demander de faire à quatorze le travail de seize ou dix-sept personnes, surtout que c’est un travail complexe.”
 

Ce blocage administratif pèse désormais lourdement sur les entreprises locales. Certaines attendent depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, le règlement de prestations pourtant mandatées par les communes. “Les collectivités ont de l’argent, elles peuvent payer, mais les virements ne suivent pas. Il faut que les entreprises puissent être payées en temps réel. Aujourd’hui, toutes les entreprises souffrent de cela. Même si la loi prévoit un délai de 30 jours après mandatement, on ne peut plus continuer avec des délais aussi longs, c’est pour ça que les maires sont montés au créneau.”
 

Présent également lors de la mobilisation, le sénateur de Haute-Corse Paulu-Santu Parigi dit avoir répondu à l’appel des élus locaux, qu’il soutient dans leur mobilisation. “Les finances publiques ne remplissent plus tout à fait leur rôle, qui était d'être une aide auprès des communes”, estime-t-il. Selon lui, les retards dans les paiements ou l’émission de documents créent des difficultés concrètes pour les élus. “Ça crée des problèmes avec les entreprises qui ne reçoivent pas leur dû, et tout cela met à mal la fonction de maire, qui se trouve décrédibilisée. Le constat est assez inquiétant.”
 

L’élu souligne que ce type de dysfonctionnement complique encore un peu plus une fonction déjà devenue très difficile. “Il n’est pas normal que le maire, qui est aujourd'hui le premier investisseur, le premier aménageur de la nation, et qui est surtout le meilleur gestionnaire de son budget, se trouve face à la problématique de services publics qui n'assument plus. Ça le met en porte-à-faux par rapport aux citoyens et aux entreprises, et la fonction de maire devient de plus en plus pénible.”
 

Selon Paulu-Santu Parigi, la mobilisation de ce jeudi envoie un message clair. “Comme je l'ai dit au directeur du service des finances publiques de Bastia, les maires n'ont pas vocation à défiler tous les jours sur la place Saint-Nicolas pour aller rencontrer les finances publiques. Le sujet est inquiétant et met à mal la gestion des communes, et ils ont besoin d'une réponse forte et évolutive de manière positive dans la problématique.”
 

À l’issue de la mobilisation, le sénateur a été reçu par le directeur des finances publiques. Une seconde rencontre doit avoir lieu dans la soirée, cette fois avec l’ensemble des maires concernés. Les élus attendent également qu’un dialogue soit enfin ouvert avec l’État pour trouver des solutions durables. “Il semblerait que des renforts arriveront en septembre. Ensuite, nous demanderons une réunion avec le directeur des finances publiques et le préfet pour qu'ils nous expliquent exactement le travail, parce que les élus ont besoin de savoir ce qu’il va se passer. On ne peut pas continuer de la sorte”, indique Ange-Pierre Vivoni.