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​Les Masques Blancs à Bastia : « Nous voulons éveiller les consciences par nos actions »


Laurent Hérin le Dimanche 18 Avril 2021 à 11:45

Une vingtaine de personnes, revêtues de combinaisons blanches, gantées et le visage dissimulé par un masque blanc, ne sont pas passées inaperçues dimanche dernier dans les rues de Bastia. Ce collectif qui se fait appeler les « masques blancs » entend dénoncer les mesures sanitaires – jugées trop liberticides – liées à l'épidémie de Covid-19. Même si elle souhaite rester anonyme, une des organisatrices de ce mouvement en Corse a bien voulu nous expliquer sa démarche.



Stéphanie a choisi le parc du Fango pour nous rencontrer mais préfère rester anonyme
Stéphanie a choisi le parc du Fango pour nous rencontrer mais préfère rester anonyme
Nous l’appellerons Stéphanie*. Elle nous a donné rendez-vous ce mercredi matin dans le parc du Fango, un endroit qu’elle apprécie particulièrement : « C’est un lieu agréable, j’adore cet espace avec ces grands arbres. Un peu de nature au cœur de Bastia. »
Accueillante, nature et très à l’aise, Stéphanie préfère cependant rester anonyme pour répondre à nos questions : « Ce mouvement est anonyme mais surtout, j’insiste, c’est avant tout un projet collectif (lire ici) . Nous sommes des individus dans le collectif. Je ne souhaite donc pas me mettre en avant. Ce qui compte, c’est le sens de nos interventions, pas les personnes qui y participent. On est d’ailleurs vigilants à ce que ces actions ne soient pas récupérées à titre personnel, qu’elles ne servent pas la cause d’une personne. »
 

Les Masques blancs
Stéphanie a rejoint le mouvement après un séjour à l’étranger : « J’étais, comme beaucoup, inquiète de ce qui se passait avec la crise sanitaire mais le déclic date du mois d’octobre. Après quelques jours à l’étranger, je rentre à Bastia et je découvre tous ces gens masqués dans les rues. Partout. Ça a été le point de départ… » Bien qu’elle s’en défende et insiste à nouveau sur l’aspect collectif du mouvement, Stéphanie en est à l’origine sur l’île : « Ce mouvement d’à peine deux mois d’existence en France, j’en ai entendu parler bouche à oreille puis je l’ai rejoint le 9 mars dernier. Très vite, j’ai eu envie de m’investir, au niveau local comme national. »
 

Les actions
« Les masques blancs ont choisi d’agir de différentes manières. A l’image du happening que nous avons réalisé à Bastia. Ou du défilé avec pancartes de Migliacciaru. Mais ça peut prendre d’autres formes. Elles sont coordonnées avec des administrateurs au niveau national. On essaye d’agir de concert mais surtout avec bienveillance. » Une des recommandations de la charte éditée par les Masques Blancs insiste d’ailleurs sur l’aspect non-violent : « C’est un mouvement pacifique mais surtout apolitique et apartisan. Tout le monde peut participer sans discrimination tant que c’est dans l’intérêt du collectif et des luttes que l’on représente, insiste Stéphanie. Le choix d’actions “artistiques” va aussi dans ce sens. C’est une performance pour intriguer, faire réfléchir et tenter d’éveiller les consciences en faisant passer notre message. »
 

Partage et identité
« Avec ce mouvement, on a envie d’être dans le positif, dans le partage, pas dans l’opposition et dans la division. Notre société actuelle a tendance à diviser : il faut être pour ou contre, choisir son camp. Notre objectif est totalement inverse : ne pas s’opposer mais au contraire se retrouver. Ceux qui ne sont pas dans la bienveillance ou dans le respect des libertés ne se reconnaissent d’ailleurs pas dans ce mouvement et l’on déjà quitté. » Elle poursuit : « En parlant au nom des Masques Blancs, on souhaite créer des passerelles autour d’idées communes. On rejoint parfois d’autres mouvements sur la défense des libertés ou celle du climat. On peut avoir des affinités différentes mais se retrouver sur des intersections communes. C’est ce lien que l’on veut créer avec d’autres collectifs tout en gardant notre identité. »
 
Alerter
« On essaye d’alerter ceux qui sont prêts à se réveiller, les indécis. On tente d’interroger avec ces défilés. On espère qu’en rentrant chez eux, les gens vont y réfléchir. Du moins ceux qui ne sont pas “endormis” mais plutôt ceux qui sont indécis, comme je l’ai déjà dit. »
Sur ce point, elle tient à préciser : « Je dis ça en toute humilité, sans juger mais il y a des gens endormis qu’on ne peut déjà plus réveiller, qui acceptent. Chez les autres, on espère éveiller quelques consciences… on veut juste planter une graine ! Il faut alerter, il y a des choses qui ne vont pas. La manipulation est en place. La priorité du gouvernement est de jouer sur la peur : de mourir, de perdre sa liberté, de la maladie, des contraventions même… C’est inquiétant ! »
 

Liberté
« Ce mouvement est né parce que l’on se sent privé de liberté. Il faut voir ce qui est mis en place depuis le début de cette crise. Comme cette histoire des 10 km. On nous donne puis on reprend. A l’image de cette fable sur la grenouille : si l'on plonge subitement une grenouille dans de l'eau chaude, elle s'échappe d'un bond alors que si on la plonge dans l'eau froide et qu'on porte très progressivement l'eau à ébullition, elle s'engourdit et s'habitue à la température pour finir ébouillantée. Tout est dit… »
 
Anonymat
Ces actions se font dans l’anonymat, les participants sont tous vêtus de blanc et masqués : « Oui mais c’est un anonymat tout relatif. On a par exemple déclaré en préfecture notre happening de dimanche, on est obligé pour ne pas avoir de soucis. C’était assez drôle d’ailleurs, on a précisé : “manifestation revendicative” afin de respecter le droit constitutionnel et ”performance artistique pour promouvoir les actions gouvernementales”. J’ai repris cette idée d’un membre du collectif au niveau national. Qu’est-ce que vous voulez qu’ils nous reprochent ? La voix enregistrée dit que le vaccin c’est bien ! [rires] »
 

Théorie du complot ?
Sur ce point, Stéphanie est directe : « Mais peu importe ! Chacun a le droit de penser ce qu’il veut tant qu’en rejoignant ce mouvement, il est non-violent, dans le respect de la vie, du vivant. Après, peu importe qu’on vienne d’horizons différents, tant qu’on est bienveillant et qu’on se retrouve sur cette cause : celle de la défense des libertés ! »
Même si elle a son avis sur la question : « J’ai effectivement mon avis sur le sujet mais, une fois de plus, ce n’est pas ce qui est important. L’essentiel c’est de se retrouver autour d’une idée commune, peu importe notre appartenance politique, sociale, religieuse ou d’idées. »
 
De nouvelles actions à prévoir ?
« Oui, de nouvelles actions sont prévues. On travaille dessus. On se coordonne avec les antennes nationales pour que ces interventions se déroulent en simultané. On ne fait pas ça dans notre coin. On espère vraiment que les choses vont voler en éclat. À notre niveau on essaye déjà de mettre la lumière dessus en étant droit dans nos bottes, en adéquation avec ce qu’on a dans le cœur et surtout uni autour de cette cause. »
 
* le prénom a volontairement été changé