Corse Net Infos - Pure player corse

Barbara Furtuna : Trois concerts exceptionnels pour un nouvel album instrumental


Nicole Mari le Lundi 17 Juin 2013 à 23:33

Si Vita Si, le 3ème album personnel du groupe Barbara Furtuna est sorti dans les bacs le 11 juin. Un nouvel opus plus abouti avec une nouveauté : huit titres sur douze ont reçus des arrangements instrumentaux. Pour le présenter, le groupe polyphonique du Nebbiu, constitué d’André Dominici, Jean Philippe Giussani, Maxime Merlandi et Jean-Pierre Marchetti, donne trois concerts exceptionnels avec des musiciens : mardi 18 juin à l’église du Sacré Cœur à Ajaccio, mercredi 19 juin à la Cathédrale Sainte Marie à Bastia et lundi 24 juin à la cathédrale du Nebbiu à Saint-Florent. Corse Net Infos vous offre une rencontre à deux voix avec le parolier, Jean Philippe Giussani, et le compositeur, Maxime Merlandi, qui expliquent la genèse de l’album.



Jean-Pierre Marchetti, Jean Philippe Giussani, André Dominici et Maxime Merlandi.
Jean-Pierre Marchetti, Jean Philippe Giussani, André Dominici et Maxime Merlandi.
- En quoi cet album se distingue-t-il des précédents ?
- Jean Philippe Giussani : Par le fait que huit titres sur douze ont reçu des arrangements instrumentaux. C’est nouveau pour nous puisque les deux albums précédents contenaient surtout des titres a capella, vraiment polyphoniques. Cet album marque un petit virage que nous avions envie d’effectuer avec des titres plus aboutis, plus travaillés, et avec le concours d’arrangeurs et d’un réalisateur.
- Maxime Merlandi : Les mélodies et les chansons sont arrivées au fur et à mesure, avec le temps. J’avais gardé des mélodies de côté sans savoir si je pourrais, un jour, les mettre dans un album. La réflexion nous a guidé vers un album plus soutenu d’un point de vue instrumental, mais qui s’inscrit dans une continuité.  
 
- Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d’unir des instruments à vos voix. Est-ce pour toucher un public plus large ?
- Jean Philippe Giussani : Peut-être ! Nous restons, quand même, fidèles au vocal qui est l’axe central de l’album. Notre idée de départ était, d’ailleurs, de faire un album très dépouillé, uniquement vocal. Puis, nous est venu un désir d’instruments. Maxime, dans sa composition, a eu envie d’accompagner certains titres d’une guitare. De là, nous nous sommes dits : pourquoi ne pas mettre tout un arrangement d’instruments… Le désir n’a pas été prémédité ou réfléchi, mais est devenu effectif.
- Maxime Merlandi : L’aide de Fabrice Andréani du groupe I Messageri et de Jean-Marie Gianelli, qui ont fait les arrangements, a été vraiment déterminante. En écoutant l’album du groupe, nous avons trouvé les arrangements de Fabrice intéressants. Il a commencé par travailler sur un titre, puis, finalement, s’est pris au jeu et a fait tout l’album. Il a même assisté à tout l’enregistrement, même des chants a capella.
 
- Travaille-t-on différemment des titres instrumentaux et des titres à capella ?
- Jean Philippe Giussani : Notre méthode de travail est restée la même. Elle est un peu particulière. Maxime commence par créer une mélode sans paroles. Il jouit d’une totale liberté dans la composition. Il fait sa mélodie et la chante en yaourt, c’est-à-dire qu’il met des mots au fur et à mesure qu’il chante, des mots qui ne sont jamais les mêmes, qui parfois ne veulent rien dire, d’autres qui reviennent ensuite dans l’écriture du texte. Son chant se forme d’une langue improbable… qui ressemble quand même au corse ! Comme nous mettons en avant la musicalité, j’écris le texte en fonction de la mélodie que Maxime a imaginée.
- Maxime Merlandi : Les mots, parfois, ne veulent absolument rien dire, ils surgissent spontanément et m’aident à donner une direction. La mélodie vient en premier, le texte, même  a capella, s’écrit après. Ce qui nous permet de travailler vraiment sur mesure.
 
- En règle générale, ne fait-on pas le contraire ? N’écrit-on pas une mélodie sur un texte existant ?
- Maxime Merlandi : Oui. Notre manière de procéder est peu commune, même s’il existe quelques compositeurs qui travaillent, aussi, de cette façon. Je préfère agir de cette manière-là, comme ça je n’ai pas de cadre et je peux aller exactement où je veux.
- Jean Philippe Giussani : Le fait qu’il n’y ait pas de texte préalable donne à Maxime une plus grande liberté de changement d’accords et de rythmes. Ensuite, le texte n’est plus qu’une adaptation, parfois de mots qu’il a prononcés et qui ont donné une orientation. C’est la musicalité, le rythme, le tempo qui donnent naissance au texte et à l’idée du texte. Parfois, nous discutons du thème ensemble. Je choisis librement le thème, mais en fonction de ce qu’exprime la musique.
 
- Comme les précédents, cet album comporte des chants sacrés. Pourquoi le sacré est-il si important ?
- Jean Philippe Giussani : Le sacré est une continuité par rapport à ce que nous avons fait jusqu’à présent. Nous chantons souvent dans des lieux sacrés, dans des églises. Nous continuons de nous abreuver à cette source. Nous n’arrivons pas à faire un album totalement profane.
- Maxime Merlandi : Le sacré est une forme dans laquelle nous nous exprimons, au quotidien, à travers des messes aux défunts que nous chantons souvent. Ce mode d’expression fait partie de nous, de notre culture.
 
- Composer une mélodie sur du sacré est-ce un exercice particulier ?
- Maxime Merlandi : Pas vraiment ! Quand je compose une mélodie sur la Corse ou la mélodie de Si Vita Si, ce qui m’anime est aussi sacré que de composer la musique d’un Stabat Mater, d’un Sanctus ou d’un Agnus Dei. La Corse, pour nous, est quelque chose de sacré au même titre que les chants religieux. Même I Verani, la chanson sur les printemps arabes part d’un sentiment sacré. En tous cas, nous le vivons comme tel !
 
- Outre le sacré, quels autres thèmes abordez-vous dans l’album ?
- Jean Philippe Giussani : La vie, dans le premier chant. L’amour, qui est un thème universel et parce qu’il n’y a pas d’album sans chanson d’amour. Dans nos chants, nous avons toujours voulu exclure la lamentation, l’auto-flagellation et la leçon donnée. Nos textes laissent beaucoup de place au doute, aux questionnements et comportent plus de questions posées que d’affirmations assenées. L’album se compose, aussi, d’un chant pour les marins ou d’une barcarole, d’une sérénade, ces chants d’amour que le Riacquistu a injustement qualifiés de légers et qui, de ce fait, ont été délaissés au profit de textes plus engagés. Nous avons voulu les chanter juste pour leur fraicheur, pour le plaisir.
 
- Pourquoi une chanson sur les marins ?
- Jean Philippe Giussani : Elle est extraite d’un projet issu d’une pièce de théâtre sur Joseph Conrad, d’après le livre de Madaleina Antoniotti-Rodriguez. Dans la pièce, Joseph Conrad venait retrouver le maître qui l’avait formé à la navigation, Dominique Cervoni de Luri.
 
- Une autre chanson parle des printemps arabes. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
- Jean Philippe Giussani : C’est un témoignage sur les révolutions humaines. Nous avons été frappés par les images que nous avons vues, par les faits plus que par les conséquences car les révolutions mènent parfois à l’inverse de ce qui les a initiées. C’était émouvant de voir ces milliers de personnes rassemblées sur une place et si déterminées. Ce qui est intéressant, c’est que des hommes, à un moment donné, remettent en question les choses, s’indignent, se révoltent, se réunissent pour jeter à bas une société qui ne leur convient pas ou une dictature. La chanson parle de cette révolte, de la volonté qui engendre des révolutions et change un mode de vie pour en instaurer un autre.
 
- L’album comporte une reprise de Jacques Brel. Vous faites peu d’adaptations de chant français. Qu’est-ce qui a motivé celui-ci ?
- Jean Philippe Giussani : Nous aimons beaucoup Jacques Brel. Et, puis, Maxime avait une idée originale d’arrangements sur ce chant qui lui plaisait beaucoup.
- Maxime Merlandi : L’idée m’est venue sous la douche ! J’avais, depuis quelques temps, la chanson en tête. Puis, m’est venue l’idée de la percussion vocale sur les mots : Amore meiu… Nous avons mis ce morceau en place avec beaucoup de patience. L’arrangement vocal, qui n’est pas simple, nous a demandé beaucoup de travail.
 
- Chanter des chants traditionnels n’est-ce pas ressenti, parfois, comme un acte passéiste ?
- Jean Philippe Giussani : Nous nous défendons de galvauder le répertoire traditionnel et de nous y enfermer parce que les chants ont été usés jusqu’à la corde. Après le Riacquistu, il y a eu beaucoup de bégaiements, de choses dites et redites jusqu'à épuisement du genre. Mais, le chant traditionnel n’est pas figé, formaté, nous ne nous interdisons rien dans le nombre de voix, la rythmique ou la forme musicale.
- Maxime Merlandi : Faire un spectacle entier avec des chants traditionnels est épuisant pour nous qui chantons, comme pour les gens qui écoutent. Nous avons besoin d’autres formes rythmiques et harmoniques, de fraicheur, de choses nouvelles. La musique corse doit se renouveler, faire autre chose, prendre des risques. Je suis étonné de ne pas voir des jeunes Corses, dont beaucoup chantent très bien, faire de l’électro, du rap ou du hip hop…
 
- Vous donnez beaucoup de concerts à l’étranger. Que ressentez-vous quand vous portez le chant corse ailleurs ?
- Jean Philippe Giussani : Ce qui nous habite, c’est de représenter notre culture et de voir, qu’aussi petit soit-on, aussi peu nombreux sommes-nous à nous revendiquer d’une culture, nous pouvons la porter loin et, aussi loin qu’on aille, cette culture minorisée peut trouver un auditoire pour l’écouter. Nous chantons en langue corse n’importe où dans le monde, il n’y a pas de barrière de la langue, mais il y a des gens pour écouter. C’est la preuve même qu’il n’existe pas de petites cultures minoritaires, mais des cultures fortes, identitaires. Souvent, sur le continent, les gens nous disent que notre chant, notre culture, cette identité que nous revendiquons est, pour eux qui ont tout perdu, un trésor inestimable. Notre chant réveille chez eux le besoin de racines propres à chaque humain. C’est, pour nous, une grande satisfaction et une grande fierté.
- Maxime Merlandi : Le soir où nous avons chanté à Carnegie Hall, je me suis dit que cette langue, qui connaît tant de tribulations, nous l’avons porté même jusqu’ici. Nous l’avons fait résonné à Chicago, dans les pierres de Westminster et dans tant d’autres villes. Nous chanterons début juillet à la Chapelle royale à Versailles, puis dans l’abbaye du Mont Saint-Michel. En septembre et octobre, nous ferons une tournée aux Etats-Unis et au Canada. Je suis, à chaque fois, ému et content plus pour la langue et le peuple corses que pour nous quatre.
 
Propos recueillis par Nicole MARI

Si Vita Si, le 3ème album personnel du groupe Barbara Furtuna.
Si Vita Si, le 3ème album personnel du groupe Barbara Furtuna.
Barbara Furtuna en tournée
(site officiel : www.barbara-furtuna.fr/)
 
- Aiacciu - Corsica  -  mardi 18 juin - Eglise du Sacré Cœur    
- Bastia - Corsica  -  mercredi 19 juin - Cathédrale Ste Marie
- Noli (Italie)  -  vendredi 21 juin - Noli
- Corti - Corsica  -  dimanche 23 juin - Musée de Corse
- San Fiurenzu - Corsica  -  lundi 24 juin - Cathédrale du Nebbiu
- Isula Rossa - Corsica  -  mardi 25 juin - Eglise de la Miséricorde


- Les Villards Sur Thônes (74)  -  vendredi 5 juillet - Eglise
- Poitiers (86)  -  samedi 6 juillet - Eglise Sainte Radegonde
- Versailles (78)  -  dimanche 7 juillet - Chapelle Royale
- Purtivechju - Corsica  -  mardi 9 juillet - Eglise St Jean
- Sartè - Corsica  -  vendredi 12 juillet - Eglise St Côme et Damien
- Buti (Italie)  -  dimanche 14 juillet - Buti
- Erbalunga - Corsica  -  mardi 16 juillet - Eglise St Erasme
-San Fiurenzu - Corsica  -  mercredi 17 juillet - Cathédrale du Nebbiu
- Livìa - Corsica  -  samedi 20 juillet - Eglise Saint Nicolas
- Ghisunaccia - Corsica  -  lundi 22 juillet - Eglise Saint Michel
- Penta di Casinca - Corsica  -  mercredi 24 juillet - Eglise San Michele
- Bunifaziu - Corsica  -  jeudi 25 juillet - Eglise St Dominique
- Vicu - Corsica  -  samedi 27 juillet - Eglise du Couvent
- Patrimoniu - Corsica  -  dimanche 28 juillet - Eglise San Martino
- Calvi - Corsica  -  lundi 29 juillet - Cathédrale Saint Jean-Baptiste
- Cervioni - Corsica  -  mercredi 31 juillet - Cathédrale St Erasme

- Carghjese - Corsica  -  vendredi 2 août - Eglise Grecque
- Aregnu - Corsica  -  samedi 3 août - Eglise Saint-Antoine Abbé d’Aregnu
- Corti - Corsica  -  lundi 5 août - Eglise de l’Annonciation
- Oletta - Corsica  -  mardi 6 août - Eglise Saint André
- Roglianu - Corsica  -  mercredi 7 août - Eglise Sant'Agnellu
- Pruprià - Corsica  -  jeudi 8 août - Eglise Notre-Dame de la Miséricorde
- Piana - Corsica  -  samedi 10 août - Eglise Sainte Marie
- Isula Rossa - Corsica  -  dimanche 11 août - Eglise de la Miséricorde
- San Fiurenzu - Corsica  -  lundi 12 août - Cathédrale du Nebbiu
- Bunifaziu - Corsica  -  mardi 13 août - Eglise St Dominique
- Erbalunga - Corsica  -  vendredi 16 août - Eglise St Erasme
- Calvi - Corsica  -  lundi 19 août - Eglise Saint Jean Baptiste

- Isula Rossa - Corsica  -  mardi 3 septembre - Eglise de la Miséricorde
- San Fiurenzu - Corsica  -  mercredi 4 septembre - Cathédrale du Nebbiu
- Quillan (11)  -  samedi 14 septembre - Festival des polyphonies en Haute Vallée de l'Aude
- Epworth - Iowa (USA)  -  mardi 24 septembre - World Divine College
- Cedar Rapids - Iowa (USA)  -  mercredi 25 septembre - Legion Arts
- Cedar Rapids - Iowa (USA)  -  jeudi 26 septembre - Legion Arts
- Bloomington - Indiana (USA)  -  samedi 28 septembre - Lotus World Festival
- Bloomington - Indiana (USA)  -  dimanche 29 septembre    - Lotus World Festival

- Mont Saint Michel (50)  -  vendredi 11 octobre - Abbaye du Mont Saint Michel
- Tacoma - Washington (USA)  -  jeudi 17 octobre - Arts Northwest