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Covid-19 : en Corse, les festivals d'été toujours dans l'attente


Laurent Hérin le Samedi 8 Mai 2021 à 08:48

Les annonces gouvernementales du 29 avril étaient censées apporter des éléments de réponses aux organisateurs de festival en Corse. Jeudi soir dernier, c’est Roselyne Bachelot qui a indiqué que les festivals en plein air et en configuration debout pourront reprendre avec une "jauge de 4 m2 par festivalier" à partir du 1er juillet. Des conditions de reprise encore floues et une restriction qui inquiète les professionnels.



Les Rencontres de Calenzana avaient maintenu leur édition en 2020, en favorisant les concerts de plein air
Les Rencontres de Calenzana avaient maintenu leur édition en 2020, en favorisant les concerts de plein air
Suites aux annonces de Roselyne Bachelot en février dernier (lire ici), les organisateurs de Festival avaient répondus à CNI sur le maintient de leur manifestation. Il y avait alors beaucoup trop d’incertitudes concernant la tenue de leurs événements, particulièrement pour les Festivals de musique actuelle qui ne peuvent imaginer des jauges réduites et surtout l’obligation d’être assis pour leurs spectateurs.
Poussée à se positionner sur ce dernier point, la Ministre de la Culture vient d’annoncer, ce jeudi, que : « Les festivals de plein air en configuration debout pourront reprendre, selon une jauge de 4 m2 par festivalier et dans une limite qui sera définie par le préfet en fonction des circonstances locales. »
Une mesure qui a immédiatement fait réagir la profession : « Si on parle d'un terrain de 4 000 m2 pour 1 000 personnes, ça peut s'envisager, il y a des espaces suffisamment vastes pour ne pas se coller les uns aux autres. Mais si on parle d'un carré de 4m2 par personne, c'est ingérable. Personne n'a envie de vivre une expérience pareille », a réagi Aurélie Hannedouche, responsable du Syndicat des musiques actuelles.
« Les spectacles et concerts debout seront autorisés à reprendre selon un protocole adapté et un plafond de jauge fixé par le préfet au regard des circonstances locales » a précisé Roselyne Bachelot.
 
Décision préfectorale
La balle est donc dans le camp des préfectures qui vont devoir se positionner et proposer un protocole clair et précis. Mais sans attendre comme le confirme Aurélie Hannedouche : « Si le préfet nous répond dix jours avant une manifestation, ce sera trop tard, Nous avons 40-50 de nos adhérents qui veulent organiser un événement en juillet-août, si ils n'ont pas de réponse d'ici le 15 mai, ils vont annuler, c'est trop flou et trop risqué. »
 
Même son de cloche du côté de Sylvie Durand, attachée de presse des Nuits de la Guitare de Patrimonio : « Les dernières annonces ne nous ont pas vraiment rassurées. Evidement, c’est plus concret qu’en février dernier. Mais si les dates ont été précisées, les conditions restent floues. Et cette fois, on ne peut plus attendre, on doit prendre une décision. » Elle poursuit, inquiète : « Nous avons besoin de précision et rapidement. Quelles jauges à la mi-juillet ? Contrairement à Lama, nous ne pouvons envisager un festival avec uniquement des places assises. Et sans buvettes. Il faudrait renforcer la sécurité avec le coût supplémentaire que ça entraîne. Notre Festival est associatif et repose sur le bénévolat. Des gens pas forcément formés et préparés à ce type de situation. La mise en place d’une manifestation comme Patrimonio a un coût élevé. Faire une édition à perte serait plus grave pour l’association que d’annuler. Nous avons hâte de recevoir les protocoles de la Préfecture avant de prendre une décision mais c’est mal engagé… »
 
Michel Marti, organisateur du Festival Aïo d’Ajaccio, réclame lui aussi des précisions avant de se positionner. Il participait en début de semaine à une réunion en distanciel organisée par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Elle rassemblait des acteurs de la culture, des représentants des deux préfectures, de la Collectivité de Corse et des SIS (services d'incendie et de secours) de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. L’occasion de faire un point sur la réouverture des lieux de culture et la tenue des festivals de l’été. Si les représentants de l’état se sont voulus rassurant et ont promis d’accompagner au mieux les associations et les organisateurs, plusieurs questions sont restées en suspens : « Devra-t-on réclamer un pass sanitaire à nos spectateurs ? Et à partir de quel âge ? Comme dans les avions, après 11 ans ? A Ajaccio, notre Festival est familial, a précisé Michel Marti. Nous avons besoin de réponses rapides, l’organisation est longue, encore plus sur l’île. C’est maintenant que l’on doit annoncer nos événements pour que les gens prévoient les dates et commencent à réserver. »
Les deux représentants des préfectures en ont bien conscience. Ils ont noté les questions des différents intervenants et ont promis des réponses rapides : « En début de semaine prochaine, nous devrions pourvoir vous proposer une feuille de route, un protocole précis sur la saison à venir. »
 
Robin Renucci, président de L'Aria, s’est voulu rassurant : « Il est temps de relancer la relation avec nos publics, avec les jeunes particulièrement. Il y a évidemment des soucis d’organisation, des protocoles lourds à respecter comme ceux qu’on nous impose pour nos résidences en matière de logement ou de repas. Mais on sent ce besoin de culture et surtout, nous avons envie de travailler et retrouver notre public. »

Cinéma italien de Bastia
A Bastia, c’est Jean-Baptiste Croce, président du Festival du cinéma italien qui s’est dit, lui aussi, rassuré par le planning de réouverture des lieux de culture. Après avoir dû annuler en février dernier pour cause de confinement, toute l’équipe est heureuse d’annoncer la tenue de cet événement cher au cœur des bastiais en juin prochain : « Le 33e festival du film italien aura bien lieu, du vendredi 11 au dimanche 20 juin » nous a confirmé Bati Croce.