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Maffia Nò, a Vita Iè " à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio :"nos mafias sont nos clans"


Mathéo Arry le Mardi 26 Novembre 2019 à 17:37

"Maffia Nò, a Vita Iè ", six mots écrits aux couleurs de l’Italie pour dire plus encore que la maffia existe en Corse, selon les membres de ce collectif contre l’emprise mafieuse déjà riche de 3 000 signataires



Les chiffres effarants de la criminalité en Corse donnent à réfléchir, et chacun se sent concerné.
« Nous sommes aujourd’hui dans un système poreux ou des échanges se font entre les milieux d’affaires et celui de la politique, une telle connivence n’est pas possible, si une personne  a été inquiétée ou si elle a été condamnée, elle se doit de se retirer de la vie politique » explique Leo Battesti, l’un des porteurs du collectif "Maffia Nò, a Vita Iè ". 


« Martin Luther King a dit , se taire c'est trahir, et bien je pense que c’est juste chez nous, la Corse a besoin de respirer, il s’est construit ces dernières années une banalisation de la violence. Mais comment ne pas reconnaitre et nommer le problème quand parmi les différents assassinats, nous comptons comme victimes, 6 maires, un président de chambre de commerce, un président du Parc régional de Corse, un avocat et un haut fonctionnaire : ces personnes et les nombreuses autres victimes ne doivent pas être banalisées, nous ne pouvons accepter de vivre avec cette réalité » précise Marie-France Giovannangeli.  



Ne pas transmettre cette violence.
« Je suis enseignant de langue corse, et pendant les cours nous ne faisons pas que de la linguistique, nous parlons aussi de la réalité de notre île et souvent nous avons abordés cet aspect de nos vies. Pour moi, il est là bâton de maréchal de l’infamie et nous ne pouvons-nous résoudre à devoir le léguer à nos enfants. Aujourd’hui il s’est instauré un malaise insidieux entre chacun et il en résulte que nous ne pouvons plus nous parler sereinement » ajoute Marc Biancarelli.


Déterminé à sortir de ce joug silencieux que l’appât du gain à fait naitre dans notre société, le collectif anti mafia, veut appeler le plus grand nombre à se rassembler. «  Les points que nous devons repenser, et là ou chacun doit prendre ses responsabilités, sont  d’abord, le citoyen puis l’Etat et ses responsables, la Corse et pour finir l’éducation. Nous avons la preuve ce soir par le peu de jeune présents que pour le moment les modèles de référence qu’ils adoptent et les codes qu’ils suivent sont dévastateurs » poursuit Marc Biancarelli.


Urbanisme et immobilier au cœur des débats.
Zone très attractive en Corse, l’extrême sud de l’île représente une manne financière très convoitée et c’est au travers de l’immobilier que les excès semblent se cristallisent.
« Cela fait six ans que je m’occupe de l’association Mani Puliti à Porto-Vecchio  et aujourd’hui nous pouvons dire, entre autre, que nos mafias sont nos clans. Quand les sens interdits sont pour certains et  des passes droit pour d’autres, nous avons la preuve de dérives » explique Jean-Pierre Terrazoni, membre de l’auditoire et impliqué dans la lutte anti-corruption.


Si chacun s’accorde à dire que notre société porte en elle, les symptômes du mal de la corruption, le chemin semble encore bien sinueux avant que puisse se partager une démocratie limpide et sereine.