Créer une intelligence artificielle gratuite, illimitée et sans inscription : c’est le défi que s’est lancé Pascal Giorgetti, un entrepreneur originaire de Bastia. En 2023, il fonde Yiaho, une plateforme d’intelligence artificielle pensée comme une alternative aux grands outils internationaux tels que ChatGPT ou Gemini. « Quand ChatGPT est sorti en 2022, je m'intéressais déjà à l'IA, et ce qui m'embêtait, c'est qu’il avait une limite d'utilisation. Au bout de quelques messages, on était bloqué : soit il fallait attendre le lendemain, soit s'abonner à un abonnement payant. Ce que j'ai voulu faire, c'était créer ma propre intelligence artificielle, mais qui soit totalement gratuite, et surtout illimitée. »
Lancée il y a deux ans, Yiaho vise aussi à répondre à une autre problématique, de plus en plus importante pour la majorité des utilisateurs : la récupération des données. « Beaucoup de gens ont peur, et à juste titre, que les informations données sur d'autres IA soient récupérées, ce qui est vrai, d'ailleurs. Là, c’est vraiment une intelligence artificielle totalement anonyme. On utilise l'IA, pas besoin de rentrer son adresse mail, et toute la conversation n'est pas sauvegardée, n'est pas enregistrée. Et en plus, la longueur du texte et la réponse sont totalement illimitées. »
D’un point de vue technique, Yiaho utilise les outils d’OpenAI, gérant de ChatGPT. « C’est en réalité très difficile de développer une IA, alors on utilise leur API. C'est une sorte de contrat numérique pour travailler avec une entreprise et utiliser leurs services. » À ce titre, Yiaho a reçu, il y a quelques jours, un trophée pour avoir dépassé la barre des dix milliards de tokens utilisés, autrement dit, dix milliards de mots.
Des IA spécialisées
Au-delà de la gratuité de la plateforme, Pascal Giorgetti souhaitait proposer une intelligence artificielle différente des « grandes IA ». « On voulait se démarquer : si vous allez sur ChatGPT et que vous voulez un conseil juridique, vous allez être obligé de mettre un contexte, lui expliquer que vous êtes en France… C’est pour qu’il puisse répondre à peu près convenablement. Notre idée, c'est que les IA sont déjà pré-programmées. Quand vous voulez reformuler un texte, vous copiez-collez votre texte et elle va directement le reformuler de la meilleure façon possible. Et vous n'êtes pas obligé de lui expliquer que vous voulez reformuler le texte d'une certaine manière. C'est une sorte de gain de temps. »
Pour faire fonctionner ses « agents », spécialisés dans les conseils juridiques, fiscaux, ou encore la rédaction de texte, Pascal Giorgetti importe des informations, par exemple sur les différents textes de lois. « On met, dans l'outil interne de l'IA juridique, des informations sur la législation française et surtout, on fait des mises à jour. Elle est au courant de tout, elle ne va pas vous donner un article de loi inventé ou repris d'une loi belge ou canadienne. On fait une mise à jour environ une fois par semaine », souligne-t-il.
Entre janvier et septembre, ce sont plus de cinq millions d’utilisateurs qui se sont connectés à Yiaho. Un succès grandissant, et notamment à certaines périodes de l’année. « Au début de l'année, il y avait énormément de bugs sur ChatGPT, et les gens se rabattaient sur la nôtre. Franchement, je regardais les statistiques, et je n'y croyais même pas. Les gens recherchaient sûrement une autre intelligence artificielle, et comme on est bien référencés, ils tombaient sur nous. Ça a apporté beaucoup de nouveaux utilisateurs. » Aujourd’hui, Pascal Giorgetti souhaite implanter d’autres outils dans Yiaho, comme « un outil pour faire de la musique et de la vidéo ». « On va essayer de trouver un bon équilibre entre la gratuité, l'utilisation illimitée et le coût de l'outil. »












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