« Les gens achètent surtout des fleurs là où elles sont le moins chères et vont dans les grandes surfaces, mais si vous venez chez moi, c’est pour la qualité, la livraison et l’accueil, ce que vous ne retrouvez pas ailleurs ». En cette fin du mois d’octobre, ce n’est pas l’effervescence à l’Orchidée, située sur le boulevard Paoli de Bastia. Pourtant, Odile Sylvain-Leca fait partie des institutions florales de la ville, présente dans la boutique depuis 1962. La période de la Toussaint, habituellement propice à la vente de fleurs, ne fait plus forcément recette chez les fleuristes. Les Corses, très attachés très attachés au respect du monde des morts, doivent néanmoins composer avec une réalité qui frappe le monde des vivants: la réduction de leur budget à cause de l’inflation.
Si la situation est devenue aussi délicate pour les fleuristes pour la Toussaint, c’est en partie à cause d’un nouvel acteur qui s’est engouffré dans le créneau depuis plusieurs années. « Les grandes surfaces ont des prix d’appel à partir de 5€ pour les chrysanthèmes. À ce prix-là, un producteur ne peut pas s’en sortir. De notre côté, nos prix d’achat chez nos fournisseurs oscillent entre 5 et 8€ par pot en fonction de la variété de chrysanthèmes, c’est donc impossible pour nous de tenir la distance », précise Louise Nicolaï, la présidente du syndicat des fleuristes de Corse et vice-présidente de l’union des entreprises de proximité (U2P) de Haute-Corse. En plus des grandes surfaces, les fleuristes doivent aussi composer avec la concurrence déloyale des vendeurs à la sauvette, avec des opportunistes qui commercialisent des fleurs sur le bord des routes. Enfin, les fleuristes voient les difficultés s’accumuler, avec « une hausse très importante des prix sur les fleurs, mais également sur le papier, le carton, les pots et la céramique qui ont pris entre 15 et 30% » depuis le début de la crise économique, affirme Louise Nicolaï. Tout cela a conduit la profession à se réinventer pour demeurer un des acteurs incontournables de la Toussaint.
Mettre en avant le savoir-faire et la créativité
Ainsi, vu qu’il leur est impossible de combattre sur le terrain du chrysanthème, fleur emblématique de la Toussaint, les fleuristes se positionnent désormais sur des compositions florales, seul secteur sur lequel ils peuvent encore se distinguer face à la grande distribution et montrer également leur savoir-faire. « Nous proposons davantage de fleurs coupées, de bouquets et de compositions en plantes fleuries telles que de l’azalée, des conifères et tout ce qui peut tenir dans le temps pour le fleurissement des tombes. Les fleurs coupées tiendront environ une semaine tandis que les compositions fleuries peuvent être replantées dans les jardinières autour de la sépulture », ajoute la présidente du syndicat des fleuristes de Corse. C’est d’ailleurs ce que fait Odile Sylvain-Leca dans sa boutique, où elle propose des compositions florales personnalisées faites avec « des cyclamens, des chrysanthèmes, des azalées, des kalanchoés et de la bruyère, qui sont les plantes des cimetières par excellence ». Si en moyenne, les prix de ces compositions florales débutent aux alentours de 30€, la fleuriste précise que « les clients qui viennent ici sont des habitués et veulent avant tout de belles compositions. Ce matin, j’ai fait deux bouquets colorés pour 80€, les gens me demandent de le faire à mon goût et ils ne sont généralement pas déçus du résultat. Les gens viennent et me font confiance parce qu’ils me connaissent », reconnaît la fleuriste. C’est grâce à ces arguments qu’elle peut continuer de fidéliser une clientèle qui revient chaque année pour la Toussaint.
D’autres, comme la boutique Les Fleurs, située sur la place du marché à Bastia, ont décidé de parier sur l'originalité, suite à l’effondrement des ventes de chrysanthèmes face à la grande distribution. « C’est la première année où ma responsable a décidé de ne pas voir de chrysanthèmes, car les années précédentes, tout le stock n’était pas écoulé, et comme ce sont des denrées périssables, c’était de la perte pour le magasin, avance Julie-Daphné, fleuriste dans la boutique depuis un an et demi. À la place, nous proposons des citrouilles fleuries pour garnir les sépultures. Cela met en valeur notre créativité et les fleurs tiennent bien dans le temps, vu qu’elles sont piquées à l’intérieur de la courge. Ça reste une alternative de saison qui permet d’égayer la période et d’aller vers autre chose que les fleurs en pot ». Ces pots d’un nouveau genre, qu’elle est seule à faire pour l’instant et qui sont vendus entre 35 à 50€ en fonction de la taille de la composition, permettent à cette petite boutique de faire perdurer l’esprit de la Toussaint auprès de la population corse d’une manière originale.
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