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Stupéfiants : les infractions en nette hausse en Haute-Corse depuis janvier


Léana Serve le Vendredi 25 Juillet 2025 à 18:30

Six mois après le lancement du Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ), les autorités ont dressé un premier bilan ce vendredi à Bastia. Si la Haute-Corse reste l’un des départements les plus sûrs de France, le préfet et le procureur de la République alertent sur la progression des infractions liées au trafic et à la consommation de stupéfiants.



Le premier bilan du PADRSQ a été présenté ce vendredi
Le premier bilan du PADRSQ a été présenté ce vendredi

Six mois après son lancement, le Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ) a fait l’objet d’un premier bilan, présenté ce vendredi 25 juillet à Bastia par le préfet de Haute-Corse Michel Prosic et le procureur de la République Jean-Philippe Navarre. Si le préfet rappelle que la Haute-Corse fait partie “des six ou sept départements les plus sûrs de France”, il note quand même une nette augmentation des infractions liées aux stupéfiants. “Le nombre de mis en cause est en forte augmentation, avec 69 faits, soit une hausse de 146 %, ce qui témoigne de la très forte activité des services de police, de gendarmerie et de la douane”, indique-t-il en précisant que l’action a notamment été renforcée vis-à-vis des consommateurs. “Le nombre d’amendes forfaitaires délictuelles est en augmentation de 63 % par rapport aux six premiers mois de l’année dernière, et on a également une augmentation de 16 % du côté des transactions douanières.”
 

Ces contrôles intensifiés ont permis plusieurs saisies importantes au cours du semestre. Au total, les services de police, de gendarmerie et des douanes ont intercepté 88 kg de cannabis et 15 kg de cocaïne. En 2024, 93 kg de cannabis et 1 kg de cocaïne avaient été saisis sur l’ensemble de l’année. “C'est la conséquence d’un travail quotidien qui est fait par les services de police, de gendarmerie et des douanes, avec des saisies qui sont parfois des saisies d'opportunités à l'occasion de contrôles de voie publique, mais surtout le fruit d'enquêtes répétées tout au long de ce semestre, parfois commencées sur la voie publique mais qui ont conduit jusqu'à la mise en cause de personnes inscrites au grand banditisme insulaire”, déclare le procureur de la République. “C’est la marque de notre engagement très fort contre cette criminalité organisée qui gangrène l'économie, car indirectement, c'est toute l'économie insulaire qui souffre de la répétition et de l'augmentation de ces trafics.”
 

Au-delà des saisies, les autorités insistent sur l’importance de lutter contre les lieux de consommation. “Nous avons voulu une action contre les lieux de consommation des produits stupéfiants, et une action déterminée évidemment contre les réseaux”, détaille le procureur de la République. “Cela passe notamment par la multiplication des contrôles dans les débits de boissons.” Au total, 69 contrôles administratifs ont été réalisés dans le département depuis le début de l’année. Huit sanctions administratives ont été prononcées à l’encontre de débits de boissons, dont une fermeture administrative de trois mois, après que les forces de l’ordre aient retrouvé une arme, une matraque télescopique et du protoxyde d’azote, souvent utilisé pour ses effets euphorisants.
 

Le préfet rappelle : “La lutte contre le trafic de stupéfiants est l’axe numéro un de l’action qui est demandée aux services de sécurité intérieure. En luttant contre les stupéfiants, on protège notre population mais on empêche aussi beaucoup d'autres drames, comme des cambriolages, des accidents routiers, des violences intrafamiliales. On empêche aussi qu'une partie de la criminalité organisée s'enrichisse à travers ce qui est fait en termes de vente et de revente de produits stupéfiants.”
 

Violences, armes, sécurité routière : les autres enjeux du PADRSQ
 

Parmi les autres sujets abordés dans le bilan du PADRSQ, les violences intrafamiliales restent en hausse. Depuis le début de l’année, leur nombre a augmenté de 8,7 %. “C’est un phénomène qui nous mobilise pleinement”, affirme Jean-Philippe Navarre. “Cette hausse est aussi la conséquence de la libération de la parole des victimes, mais elle révèle également des formes émergentes de violence, notamment chez les plus jeunes, parfois même des auteurs mineurs, dans le cadre de leurs premières relations intimes. C’est un phénomène qui doit nous interroger.” Depuis le début de l’année, 90 personnes ont été condamnées pour des faits de violences intrafamiliales dans le département, et plus de 150 situations particulièrement sensibles sont suivies chaque mois par le parquet de Bastia, en lien avec l’ensemble des acteurs concernés. 
 

Autre priorité mise en avant par les autorités : la lutte contre la détention illégale d’armes. Depuis le début de l’année, 129 armes ont été saisies en Haute-Corse. Un chiffre déjà conséquent, alors que 308 armes avaient été retirées sur l’ensemble de l’année 2024. “Le nombre de port ou de détention illégale d’armes à feu constatés a augmenté de 30 % par rapport à la même période l’année dernière”, a précisé le préfet. Face à ce constat, les services de l’État ont engagé une série de contrôles renforcés depuis le début de l’été. “Ces contrôles vont se poursuivre tout au long du mois d’août et jusqu’en septembre”, a assuré Michel Prosic, soulignant l’importance de maintenir une pression constante pour prévenir les risques liés à la circulation d’armes sur le territoire.

Enfin, en matière de sécurité routière, les indicateurs sont plutôt encourageants. Sur les six premiers mois de l’année, le nombre d’accidents a baissé de 7 %, avec 123 faits recensés. Cinq personnes ont perdu la vie, soit une diminution de 17 %, et 157 ont été blessées, un chiffre en chute de 44 % par rapport à la même période en 2024. Le préfet précise que “le mois de juin a été le plus accidentel, avec 27 accidents recensés”. Des résultats que les autorités attribuent en grande partie à l’intensification des contrôles, car “plus de 30 000 véhicules” ont été vérifiés depuis  le mois de janvier. Selon le préfet, “la vitesse excessive, l’alcool et les stupéfiants restent les principales causes des accidents”. En lien avec la hausse des contrôles, 470 permis de conduire ont été suspendus, contre 397 l’an dernier à la même période, soit une augmentation de plus de 20 %.