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Sous l’égide de Pascal Paoli, la Corse signe un accord de coopération transfrontalière avec la Toscane


Nicole Mari le Mardi 3 Juin 2025 à 21:26

Un accord de coopération transfrontalière a été signé, mardi, à Florence, entre la Corse et la Toscane par le Président de la Région Toscane, Eugenio Giani, et Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif de Corse, en présence de la Présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, et d’une délégation d’élus territoriaux. Signé sous l’égide du tricentenaire de Pasquale Paoli dont le parcours est lié à la Toscane, cet accord vise à rapprocher les territoires et développer les échanges dans les domaines culturels, économiques, agricoles, touristiques et de transport autour de projets phare.



La signature, mardi 3 juin, au Palazzo Strozzi, à Florence d'un accord de coopération transfrontalière entre la Corse et la Toscane par le Président de la Région Toscane, Eugenio Giani et le Président du Conseil Exécutif de Corse, Gilles Simeoni.
La signature, mardi 3 juin, au Palazzo Strozzi, à Florence d'un accord de coopération transfrontalière entre la Corse et la Toscane par le Président de la Région Toscane, Eugenio Giani et le Président du Conseil Exécutif de Corse, Gilles Simeoni.
C’est un accord très attendu qui a été signé, mardi matin, au Palazzo Strozzi à Florence, entre la Corse et la Toscane par le Président de la Région Toscane, Eugenio Giani et le Président du Conseil Exécutif de Corse, Gilles Simeoni. Cet accord-cadre pour une coopération transfrontalière entend revivifier les liens étroits et historiques qu’ont entretenus les deux territoires depuis des siècles, « un destin commun », comme l’a rappelé le président Simeoni dans une allocution entièrement en langue corse. « Aujourd’hui est un jour très important parce qu’il n’y a pas seulement la proximité géographique, mais il y a la proximité historique, linguistique, culturelle entre la Corse et la Toscane. Ce sont ces éléments fondamentaux qui forment la base d’un accord culturel et économique plus large avec des échanges universitaires et sociaux. La priorité est de renforcer les connexions entre la Corse et la Sardaigne, que ce soit par les airs ou par la mer. La continuité territoriale ne doit pas exister seulement entre la Corse et la France, mais avec tout le continent européen et particulièrement avec la Toscane ». Gilles Simeoni était accompagné de la présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, et d’une petite délégation du Conseil exécutif et d’élus territoriaux, notamment des groupes Core in Fronte et Un Soffiu Novu. Etait également présent le consul général de France.

La conférence sur Pasquale Paoli d'Antoine Marie Graziani et de Giovanni Cipriani.
La conférence sur Pasquale Paoli d'Antoine Marie Graziani et de Giovanni Cipriani.
Paoli, une mémoire commune
Pour illustrer ces liens historiques, l’accord a été placé symboliquement sous l’égide du tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli dont le parcours personnel et l’action politique sont profondément liés à la Toscane. « C’était une journée doublement importante. D’abord, dans le cadre du 300e anniversaire de la naissance de Pasquale Paoli, nous voulions célébrer les relations entre Paoli et la Toscane qui sont très fortes, comme les relations avec Naples ou il a été formé, en commémorant d’ailleurs, avec un petit clin d’œil, l’invasion de Capraia par Pasquale Paoli, le 29 mai 1767. Pascal Paoli était très ouvert sur l’Europe. L’ère Nord-Tyrrhénienne était son ère d’évolution première puisqu’il a, pendant des années, effectué plusieurs allers-retours en Toscane où il avait de nombreux amis et soutiens. Après Ponte Novu, de nombreux partisans paolistes se sont exilés en Toscane » explique Nanette Maupertuis. La journée a, d’ailleurs, débuté par une conférence sur le sujet, livrées à deux têtes par l’historien Antoine Marie Graziani, spécialiste de Pascal Paoli, et le professeur d’histoire et de philosophie, Giovanni Cipriani, de l’université de Florence. « Cela a permis au président Simeoni et moi-même de rappeler au président Giani que nous avions des liens historiques, culturels et linguistiques très forts avec la Toscane depuis des siècles », ajoute la présidente corse. « Il y a à Florence une forte mémoire collective de Pasquale Paoli. On s’est servi de ce substrat historique pour la signature officielle de l’accord de coopération et pour rappeler l’importance des liens culturels et linguistiques, la proximité géographique et l’intérêt direct dans le monde d’aujourd’hui de renforcer notre coopération », renchérit Gilles Simeoni. Le président toscan, très engagé sur cet accord, a annoncé qu’il voulait mettre en place un espace dédié à Pasquale Paoli qui serait un point d’appui historique, culturel et universitaire pour la coopération entre la Corse et la Toscane, plus précisément entre la Corse et Florence.

La signature de l'accord entre Gilles Simeoni et Eugénio Giani.
La signature de l'accord entre Gilles Simeoni et Eugénio Giani.
Un long travail
Si cet accord de coopération transfrontalière a été posé par le président Simeoni dès son accession au pouvoir en décembre 2015 comme un axe stratégique de la politique euro-méditerranéenne qu’il voulait mettre en place avec les partenaires naturels que sont la Sardaigne et la Toscane, le chemin s’est avéré difficile, tant par la situation politique en Italie que par une frilosité, côté français. « Nous avions identifié depuis longtemps la nécessité de renforcer les liens avec la Sardaigne et la Toscane. Cette volonté politique forte a survécu aux différentes alternances en Sardaigne et en Toscane où il y a une volonté prégnante. L’enjeu maintenant est d’opérationnaliser le cadre nouveau du traité du Quirinal qui institutionnalise la coopération entre la France et l’Italie et insiste sur la nécessité d’une coopération transfrontalière. Je rappelle qu’au début, la Corse, la Sardaigne et la Toscane n’avaient pas été intégrées comme régions frontalières. Nous nous sommes battus politiquement pour faire reconnaître que nous avions une frontière maritime commune et frontalière et que nos régions avaient le droit de participer. L’erreur a été réparée. Donc aujourd’hui, nous disposons d’un cadre favorable qui en renforce la légitimité », commente Gilles Simeoni. Avant de saluer le travail de fond réalisé par Nanette Maupertuis et le président Giani, notamment en 2023, et relayé au Parlement européen par Dario Nardella, ancien maire de Florence, mais également par la présidente corse qui est également membre du Comité européen des régions. « Nous avions déjà préparé le terrain avec un groupe d’amitié corso-sarde, porté par l’assemblée de Corse et en collaboration avec le conseil régional de Toscane, nos homologues toscans sur le plan parlementaire. Donc, c’est un groupe d’amitié parlementaire qui a été constitué, il y a deux ans, avec le président Antonio Mazzeo. Nous avons pu travailler, échanger, mais il nous semblait important que les Exécutifs de la Toscane et de la Corse puissent signer un accord-cadre qui a été préparé par nos cabinets respectifs et qui couvre plusieurs champs de coopération », confirme-t-elle.

Les présidents Gilles Simeoni, Eugenio Giani et Nanette Maupertuis.
Les présidents Gilles Simeoni, Eugenio Giani et Nanette Maupertuis.
Une coopération large
Cet accord de coopération, qui se veut large, doit, donc, maintenant, se décliner de manière opérationnelle. « Il y a une conjoncture favorable qu’on va essayer d’exploiter au mieux et concrétiser de façon opérationnelle en identifiant deux ou trois projets phare, parmi lesquels le renforcement des liaisons aériennes et maritimes entre Bastia, Livourne et la Toscane. On va travailler sur cette notion de continuité territoriale européenne et méditerranéenne qui intéresse aussi beaucoup la Toscane », annonce Gilles Simeoni. Ce qui intéresse aussi les Toscans dans le contexte actuel, c’est de développer les relations économiques. « Ils veulent construire des solidarités territoriales à travers la politique de cohésion et l’ancrage méditerranéen. Cela rentre en phase avec notre vision globale », poursuit-il. « Cet accord vise d’abord à rapprocher nos territoires et nos peuples qui ont une histoire commune, une géographie commune et une mer en partage. Ensuite, à développer les collaborations dans les domaines économique, touristique et donc de transport, cela paraît essentiel, mais aussi agricole et bien sûr culturel. Cet accord cadre, comme son nom l’indique, est là pour poser les fondamentaux d’une collaboration qui existe déjà à travers le programme INTERREG et qui vise à s’amplifier fortement dans le futur en associant bien évidemment, et c’est important, d’autres acteurs qui voudront s’y insérer », résume Nanette Maupertuis. Sont concernées notamment la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre d'agriculture et l’Université de Corse qui a déjà plusieurs accords de coopération avec les universités de Toscane, notamment les universités de Pise et de Florence. La présidente de l’assemblée de Corse de conclure : « Au moment où l’Europe vit des temps très difficiles, il était important pour nous, dans un contexte géopolitique complexe, de rappeler que nous avons besoin de relations fortes, amicales, productives avec nos amis de l’autre côté de la mer. La Toscane en particulier fait partie de cette ère de coopération sur laquelle nous souhaitons particulièrement investir ».
 
N.M.