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Saint-Raphaël - Calvi en 28 heures, à bord d'un ... Batteleku


Jean-Paul-Lottier le Lundi 3 Juin 2019 à 17:08

Trois rameurs: Gilles, Jakes et Ives, tous originaires du Pays Basque ont réussi la traversée Saint-Raphaël - Calvi dans le temps de 28 heures à bord 'un Batteleku, embarcation de 5 à 6 mètres dont les lignes sont caractéristiques des constructions navales du Pays basque




Ils l'ont fait. Trois membres de l'association "Ur Ikara": Gilles, le barreur, Ives, le 1er rameur et Jakes, le 2e rameur, installés à bord d'un batteleku, ancienne embarcation de pêche de 5 à 6 mètres de long, typique du Pays Basque, ont réussi à faire d'une seule traite la traversée entre Saint-Raphaël et Calvi, dans le temps incroyable de 28 heures! 
Profitant d'une fenêtre météo favorable, ils sont partis de Saint-Raphaël le jeudi matin à 6h30, avant de couper la ligne d'arrivée à la Revellata le vendredi à 10h30.
Exténués mais ivres de bonheur,  les rameurs ont laissé éclater leur joie à l'arrivée au port de Calvi où ils ont reçus de nombreuses félicitations, avant de pouvoir échanger avec les gens et enfin pouvoir se reposer.
Ce projet était dans les têtes depuis maintenant 5 ans, mais à chaque fois ils ont du renoncer ou abandonner en début de course en raison de conditions météo très défavorables.
Mais, obstinés, comme tout basque qui se respecte, les porteurs du projet n'ont rien lâché et aujourd'hui, ils sont récompensés par cet exploit qui fera date.

L'origine du Batteleku
Ives, 1er rameur de l'aventure, prend tout d'abord le temps d'expliquer aux novices ce qu'est un Batteleku.
"Le Batteleku est une embarcation de 5 à 6 mètres dont les lignes sont caractéristiques des constructions navales du Pays basque. Il peut être nommé : batteliku, batteleku, battela, battel, ou encore batel. D’abord construit en bois, il constituait l’une des plus petites unités de pêche côtière manœuvrées à la voile et à l’aviron du littoral basque. Avec le développement de pratiques sportives et du tourisme à la fin du XIXème siècle de nouveaux usages orientés vers la plaisance voient le jour. Pourtant, le Batteleku est progressivement abandonné au milieu du XXème siècle.
C’est à l’initiative de Jean-Pierre Laquèche (fin des années 1970) puis d’Itsas Begia et de l’association Ur-Ikara qu’il retrouve une place parmi les embarcations contemporaines.
Aujourd’hui, en fibre polyester, restauré ou reconstruit en bois, il navigue de nouveau le long de la côte basque, mais cette fois, dans le cadre de pratiques sportives, ou patrimoniales" .

Les heures de nuit ont été difficiles à vivre
Ives enchaîne sur la course proprement dite:
Nous étions donc trois à bord de l'embarcation du nom de "Punpilla": Gilles, le barreur pour garder le bon Cap, moi-même 1er barreur pour donner le rythme et  Jakes, 2e rameur. Deux autres rameurs, Serge et Gilbert étaient là pour prendre le relais afin que nous puissions nous alimenter et essayer de dormir par tranche de 20 mn, ce qui n'était pas chose facile.

Notre défi était aussi de faire cette traversée d'une seule traite, ce qui compliquait un peu plus la tâche.
De jour, on n'a pas connu de grandes difficultés. En revanche, dès que la nuit très noire est arrivée, c'est là que l'on a commencé à souffrir.
On ne pouvait se guider qu'à la seule lampe de notre voilier accompagnateur qui nous précédait et à bord du quel il y avait Olivier, notre capitaine d'expédition et son second Raphaël, sans oublier Céline notre Kiné qui nous a été d'un précieux concours.

Notre moyenne durant la traversée a été de 4 à 4,5 noeuds.
Au matin du vendredi, on sentait la chaleur monter mais aussi un vent contraire qui compliquait notre progression. Fort heureusement, celui-ci n'a pas forci et c'est avec un grand "ouf" de soulagement mais aussi une grande satisfaction que nous avons passé la presqu'île de la Revellata, heureux d'avoir réussi notre expédition. C'était aussi pour nous notre façon de remercier tous ceux qui ont cru en nous, qui nous ont soutenus et aidés".


Un détour par l'Ile-Rousse
Courageux, insatiables, le samedi matin, alors que les 120 voiliers de la Croisière Bleue Antibes-Calvi-Antibes s'apprêtaient à  prendre le départ de la seconde étape retour, nos rameurs de l'extrême sont remontés sur "Puntilla", pour rejoindre l'Ile-Rousse, rencontrer des gens et échanger.
Gilles, Jakes et Ives ont repris la mer à bord du voilier assistance, direction Hyères, alors que "Punpilla" a pris le ferry lundi soir pour rejoindre le continent.