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Ramassage d’ordures à Bastia : Le coup de colère de Gilles Simeoni !


Nicole Mari le Mercredi 30 Septembre 2015 à 23:51

Cinq jours après la signature du protocole de sortie de la crise des déchets, les poubelles s’amoncelaient, toujours, mercredi matin, dans les rues de Bastia. Alors que la situation était redevenue normale dans les quatre autres communes de la Communauté d’agglomération (CAB), elle était critique à Bastia. Des poubelles ont même été brûlées dans plusieurs quartiers. Très en colère, le maire, Gilles Simeoni, dénonce « une situation intolérable ». Pour parer au plus pressé, il a demandé aux agents municipaux, dont ce n’est pas le travail, d’effectuer le ramassage. Les agents de la CAB, qui renvoient les responsabilités sur leur direction et le Syvadec, ont, finalement, pris le relais dans l’après-midi.



Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, avec les employés municipaux, qui enlèvent les poubelles à la place de la CAB.
Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, avec les employés municipaux, qui enlèvent les poubelles à la place de la CAB.
« Ava Basta ! U troppu, stroppiu ! ». Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, est très colère. Les rues de sa ville débordent de déchets qui continuent de s’accumuler depuis plusieurs jours. Les poubelles ont brûlé dans certains quartiers devant des immeubles et des écoles. Alors que la crise des déchets, qui avait provoqué la fermeture des centres d’enfouissement de l’île, est réglée depuis vendredi, la situation n’a fait qu’empirer. Mercredi matin, devant le spectacle d’immondices répandues devant l’école de l’Annonciade, Gilles Simeoni ne mâche pas ses mots : « Il y a cinq jours qu’un protocole de sortie de crise a été signé. La situation aurait du se régulariser progressivement. Je constate avec tous les Bastiais que Bastia est la seule ville où les ordures n’ont pas été ramassées ! Depuis cinq jours, rien n’a bougé ! C’est une situation intolérable ! La population est exaspérée. Je la comprends et je partage son exaspération. Les organismes et les collectivités, qui ont compétence en matière de collecte et de traitement des déchets, sont dans l’incapacité, de commencer à sortir les ordures. »  
 
Un service pas rendu
La ville de Bastia n’a aucune compétence, ni en matière de traitement des déchets qui revient au Syvadec, ni en matière de collecte qui a été déléguée à la CAB. Devant l’urgence de la situation, Gilles Simeoni a, donc, décidé de prendre les choses en main et d’utiliser ses pouvoirs de police en matière de salubrité publique pour se substituer à la CAB : « La ville de Bastia a délégué sa compétence collecte à la CAB, il faut donc que la CAB rende à la ville de Bastia un service qui soit à la hauteur des attentes ! Ce service n’est pas rendu ! J’ai demandé aux employés de la ville de ramasser les poubelles dans les endroits où la situation est la plus critique. Je tiens à leur rendre hommage. Ce n’est pas leur travail. Ils n’étaient pas obligés de le faire. Nous faisons des choses que nous n’avons pas à faire ! Nous le faisons pour Bastia et pour les Bastiais. Les ordures ménagères sont un problème récurrent qui prend, aujourd’hui, un tour insoutenable. Maintenant, ça suffit ! Il faudra que nous ayons une discussion approfondie sur les raisons de cette situation ».

Une gestion catastrophique
La veille, dans un bref communiqué, la direction de la CAB avait tenté de déminer le terrain : « Suite à la réouverture des centres de stockage, la collecte a repris dès samedi matin sur le territoire de l’Agglo. Dès hier, la situation des communes de Furiani, Santa Maria di Lota, San Martino di Lota et Ville di Pietrabugno, est revenue à la normale. Compte tenu de l’importance du volume de déchets à traiter et de l’encombrement du quai de transfert de Teghime, la situation de la Ville de Bastia sera régulée d’ici à la fin de la semaine ».
Une autre raison de cette lenteur anormale est la crise sociale qui sévit au sein de la CAB. Faute d’être parvenu à un accord sur le paiement des heures supplémentaires, les agents ont refusé de travailler davantage pour ramasser le surplus de poubelles. Le Sindicatu di i travagliadori corsi (STC) rejette la responsabilité sur le Syvadec et la direction de la CAB, tous deux présidés par François Tatti. Il dénonce la « gestion catastrophique de cette crise » et le refus « de mettre des moyens supplémentaires pour résorber le flux important de déchets qui s'est accumulé » (cf communiqué ci-après). Un accord est, finalement, conclu en cours de journée lors d’une réunion, dirigée par le maire de Santa Maria di Lota, Guy Armanet, vice-président en charge de la politique de gestion des déchets ménagers. Les agents de la CAB ont accepté de travailler d’avantage jusqu’à ce que la situation revienne à la normale.
 
N.M.



Crise des déchets : La réaction d'Inseme per Bastia
 
« La Corse traverse aujourd’hui une crise majeure dans la gestion des déchets. Cette crise structurelle est  le fruit d’une absence d’anticipation et d’un manque de vision de tous ceux qui ont et qui continuent d’exercer cette compétence. Cette absence d’anticipation conduit à la situation de blocage des centres d’enfouissement que nous avons connu ces dernières semaines et que nous ne tarderons pas à voir se renouveler si aucun choix n’est fait. D’un point de vue pratique, ces blocages ont eu pour conséquence l’arrêt de la collecte des ordures ménagères sur la quasi-totalité de l’Ile, en particulier, sur les territoires gérés par le Syvadec. Pour Bastia, le constat est accablant ! Le Président de la Communauté d’agglomération de Bastia, également président du SYVADEC, a la compétence en matière de collecte et  de gestion des déchets. Il doit prendre ses responsabilités. Les Bastiais n’ont pas à être pris en otages !
Nous avons joint le  bureau des ordures de la CAB qui nous a répondu qu’il y avait un problème sur le quai  de  transfert  des  ordures  de Teghime, or nous constatons  que  la  collecte se fait dans les communes limitrophes. Aujourd'hui, il y a une incohérence à se faire le chantre du tri sélectif et du tri à la source tout en continuant à prôner la nécessité de projet tel que Tallone 2 et même d’un  incinérateur. Maîtriser le tri à la source est la solution la plus adéquate. En conséquence, Inseme Per Bastia souhaite participer à une démarche constructive en organisant, dans les semaines à venir, une table ronde  réunissant usagers, professionnels et associations afin de contribuer, depuis Bastia, à la finalisation d’un projet global exemplaire en matière de gestion des ordures ménagères ».

 

Le STC accuse le SYVADEC et la direction de la CAB :
 
« Suite aux récentes rumeurs et tentatives de déstabilisation, de la part de la Direction de la
Communauté d’agglomération de Bastia (CAB), visant les personnels de la CAB nous tenons, par ce communiqué, à apporter quelques clarifications :
Le service de la collecte a utilisé son droit de grève les mercredi 16 et jeudi 17 septembre 2015. Les ordures ménagères accumulées durant ces deux jours ont été intégralement collectées par les équipes de la CAB qui ont su faire preuve de responsabilité et de rapidité d’exécution dès le lendemain, rendant ainsi, avant la fin du même week-end, leur état de propreté habituel aux 5 communes de l’agglomération bastiaise. Ensuite, la situation de blocage des centres d’enfouissement, qui a commencé le lundi 21 septembre et s’est terminée dans la nuit du vendredi 25 septembre, a de fait, empêché la collecte des ordures ménagères de l’ensemble de la région. Malgré le déblocage de la situation, le quai de transfert de Teghime nous a restreint l’accès à son site car il ne parvenait plus à traiter le volume trop important de déchets apporté par l’ensemble des collectivités qui utilise cette plateforme.
Aujourd’hui, les agents de la collecte font face à un amoncellement d’ordures ménagères très
important sur les quartiers de la ville de Bastia qui se reconstitue quotidiennement à un très haut débit. Les agents doivent collecter les tas d’immondices déversés au sol, puisque débordant des containers, sans renfort de la part de l’administration, sans organisation de sortie de crise prévue par la direction du service environnement !
La responsabilité incombe directement aux élus du SYVADEC, en ce qui concerne le traitement général des déchets, et à la direction de la CAB pour la gestion catastrophique de cette crise, refusant de mettre des moyens supplémentaires pour résorber le flux important de déchets qui s’est accumulé et sortir, in fine, de cette situation de crise !
Il serait intolérable au vu des efforts fournis par le personnel de vouloir lui faire porter la responsabilité de cette situation ! Nous apportons un soutien sans faille à l’ensemble du personnel de la Communauté d’Agglomération de Bastia trop souvent mis au banc des accusés. »
 
 

Jean Zuccarelli : " Basta cusi"
Gilles Simeoni s’est exprimé ce jour dans les médias au sujet des ordures ménagères. Ses propos sont inacceptables. S’il peut être admis que les services municipaux viennent en aide à ceux de la CAB dans des circonstances exceptionnelles, cela ne peut se faire que dans la concertation et le respect des équipes. Certainement pas dans les rodomontades et la mise en scène médiatique.
Devant l’exaspération légitime de nos concitoyens, Gilles Simeoni tente une récupération grossière de la situation. C’est indécent. Il agit en pompier pyromane.
Il ne peut en effet s’exonérer de sa responsabilité écrasante dans la paralysie de la CAB, pas plus que de celle de son mouvement dans la formation de la crise régionale des déchets.
François Tatti a lui failli dans toutes ses missions. A la CAB et au SYVADEC, dont il est depuis huit ans le président, sans avoir su anticiper les échéances de cette année et ce malgré les moyens considérables mis à sa disposition.
Sur fond de règlements de compte politiciens, l’un et l’autre, ont joué le pourrissement de la situation, prenant en otage l’ensemble de la population de l’île.
Pour les habitants de la CAB, c’est la double peine : non seulement le service a été dégradé mais ils payent aujourd’hui beaucoup plus cher leur Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM). 
Il est grand temps de dire basta cusì et de sanctionner par le suffrage de tels comportements. 


Groupe communiste du conseil municipal de Bastia : Bastia touche le fond de la crise sanitaire et politique !

Lors du conseil municipal du 22 septembre, le groupe communiste avait souhaité que les Bastiais soient informés de la crise des déchets. Il avait demandé à la Cab et à la municipalité de rechercher "une solution transitoire sur le territoire de la Cab". Au-delà d'une solution durable, il s'agissait de prendre des mesures immédiates pour faire face aux risques sanitaires et aux nuisances auxquels la population était exposée.

 

Il faudra huit jours d'atermoiements et le vif mécontentement des habitants pour que le maire agisse enfin, se substituant à la Cab, alors que Ville et Cab auraient dû, dès le début, conjuguer leurs moyens pour en atténuer les effets. Pourquoi avoir attendu pour agir que les détritus s'amoncellent dans toute la ville, que se multiplient des feux de poubelles allumés par des irresponsables? Faut-il mettre ce retard au compte du conflit ouvert entre le maire et le président de la Cab, comme le laisse penser la polémique au dernier conseil et les nouvelles accusations du maire contre la Cab?

 

Cette situation extrême illustre les conséquences désastreuses pour Bastia comme pour la Cab de l'implosion de la majorité municipale Bastiaise. Il s'ensuit une relation schizophrénique entre la Cab et la Ville dont la population est victime. Dans l'intérêt de Bastia et des autres les communes de la Cab, il faut mettre fin à cette absurdité. La seule solution simple, transparente et efficace pour y parvenir c'est de redonner la parole aux Bastiais afin qu'ils puissent choisir une majorité légitime, à la Ville comme à la Cab. Quelques semaines de campagne électorale sont préférables à cinq longues années de guerre de tranchées et de paralysie. Le retour aux urnes devient une urgence démocratique et de salubrité publique !