Corse Net Infos - Pure player corse

"Qui ne travaille pas ne sert à rien" : Le coup de colère des retraités !


Jacques RENUCCI le Jeudi 15 Mars 2018 à 20:30

Ils manifestent contre la baisse de leur pouvoir d'achat, mais aussi contre le discours des élites qui dit que "qui ne travaille pas ne sert à rien"



"Qui ne travaille pas ne sert à rien" : Le coup de colère des retraités  !
Les retraités se sont mobilisés contre l'augmentation de la CSG et la baisse de leur pouvoir d'achat. Les rassemblements, même s'ils ont été parfois importants, ne sont pas à la mesure du mécontentement généralisé qui est profondément ressenti au cœur de la population. Et cela fait du nombre : 24% des Français sont à la retraite, soit 16 millions de personnes. Lorsque la cote Ifop du chef de l’État baisse de 10 points chez les 50-64 ans, cela a une incidence directe sur le baromètre d'ensemble...  


Comme les automobilistes, les retraités sont devenus la masse à ponctionner dès que l’État a besoin de renflouer ses caisses. La « solidarité intergénérationnelle » a bon dos, et cela se fait sans trop de risques : les retraités ne peuvent pas faire grève, ne sont pas organisés en groupes de pression et donc ne peuvent en rien bloquer la marche du pays. On chouchoute les très riches, parce qu'il ont la possibilité dans leurs entreprises de créer de l'emploi ; on épargne les jeunes et les actifs parce qu'ils travaillent, produisent et prennent donc part à la richesse nationale.   


Reste ceux qui sont supposés ne rien faire (ce qui est faux, car les retraités occupent par exemple une place prépondérante dans le monde associatif), en oubliant qu'ils ont cotisé durant des dizaines d'années pour jouir d'un repos bien mérité. Et les voici, bien malgré eux, jetés dans l'arène accusatrice des privilégiés du système, en compagnie des cheminots, de certains chômeurs, des élus de la République et autres fonctionnaires.


Mais l'opinion publique n'est pas dupe, et les sondages le prouvent : presque personne ne considère les retraités comme des nantis.  
Seul le pouvoir fait comme si c'était le cas. On a ponctionné les retraités sous Sarkozy, sous Hollande, et ça continue. En vrac, sur quelques années, disparition progressive de la demi-part des veuves, fiscalisation de la majoration de pension accordée aux parents ayant élevé trois enfants, contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie, gel des pensions complémentaires jusqu'à fin 2018... Et aujourd'hui hausse de 1,7 point de la CSG, ce qui représente un prélèvement de 4,5 milliards d'euros sur les pensions.  
Et ce n'est pas la compensation prévue – la suppression de la taxe d'habitation – qui calmera le sentiment d'injustice qui habite les seniors. L'effacement de la taxe ne débutera qu'à l'automne et sera étalé sur trois ans.  


Pour sa défense, le gouvernement sort ses statistiques : le niveau de vie moyen des retraités serait supérieur à celui de l'ensemble de la population – 106% - tout en sachant que cette situation n'est que provisoire. Selon le Cor (conseil d'orientation des retraites), en effet, il est prévu que les pensions, dans les années à venir, augmenteront moins vite que les salaires.  
Mais la revendication des retraités va au-delà de la querelle de chiffres. Ils ne supportent pas le discours libéral qui a cours dans les hautes sphères du pouvoir et qui, en survalorisant le travail, dit qu'ils sont en quelque sorte inutiles et coûtent trop cher au pays. Ils ont l'impression que les élites, en les surtaxant, leur font comprendre qu'ils ne servent plus à rien.

"Qui ne travaille pas ne sert à rien" : Le coup de colère des retraités  !