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Prix des carburants en Corse : Bruno le Maire opposé à une régulation, propose l'importation d'éthanol


Livia Santana le Jeudi 20 Mai 2021 à 15:19

Dans un courrier adressé au collectif "Agissons contre la cherté des carburants en Corse" le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, estime que que l'idée d'une régulation des prix des carburants en Corse est "prématurée". Il propose l'importation d'Ethanol pur, un carburant beaucoup moins coûteux et plus vert.



Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
L'éthanol pourrait bien arriver en Corse prochainement. C'est ce que propose, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, dans un courrier du 7 mai 2021, adressé au collectif insulaire  "Agissons contre la cherté des carburants en Corse" qui l'avait interpellé en mars dernier dans une lettre demandant la mise en place d'une régulation des prix des carburants. Comme cela se fait déjà dans les territoires Outre-mer, le collectif demandait à Etat non pas de baisser le prix mais bien de fixer les marges à toutes les étapes de l'approvisionnement du carburant comme cela se faisait en au niveau national jusqu'à 1985 :  ces mesures pourraient ravir l'ensemble des Corses puisque selon une étude de l'Insee publiée en 2015, les insulaires dépensent en moyenne 1600€ de carburant chaque année, contre une moyenne nationale à 750€.



Une régulation prématurée 
Le ministre, lui, ne semble pas du même avis que le collectif corse puisque dans sa réponse, il estime qu'une régulation des prix "semble prématurée dans la mesure où les précédents tendent à montrer qu'un tel dispositif fige les surcoûts plus qu'il ne permet de les réduire". Autrement dit, avant de réguler les prix des carburants, il faudra entamer une nouvelle réflexion sur tout ce qui fait que les carburants sont plus chers sur l'île : les contraintes de stockage, le transport par voie maritime mais aussi l'absence de distributeurs concurrentiels comme les grandes et les moyennes surfaces. 

Frédéric Poletti, un des membres fondateurs du collectif assure que ce courrier "crédibilise leur démarche". Cependant, il estime qu'avant de répondre, le ministre de l'Economie aurait dû saisir l'autorité de la concurrence sur le sujet corse : "Bruno Le Maire dit que cela fige les surcoûts, mais non ça ne fait que les limiter à leur juste valeur, souligne  le membre du collectif qui rappelle, « avant 1985, la régulation nationale en vigueur ainsi qu'une TVA avantageuse à 13% au lieu de 20% permettait à la Corse d'avoir l'essence la moins cher. »
 

Du biocarburant pour la Corse 

Dans son courrier, le ministre constate que la Corse n'est pas fournie en biocarburant. L'introduction de cette nouvelle ressource moins chère pourrait alors permettre d'offrir une alternative aux Corses. A ce sujet, Frédéric Poletti est dubitatif : "Cela semble aller dans le bon sens mais ce qui nous fait peur ce sont les délais. Ils doivent être raisonnables. De plus, si on n'établit pas une transparence sur les surcoûts, on risque de se retrouver avec du biocarburant le plus cher de France."

Bercy a confié le dossier à Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, au Conseil général de l'Environnement et du développement durable ainsi qu'au conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies. 
Le collectif espère, quant à lui, que les élus régionaux "s'emparent réellement du sujet" et qu'ils "soient plus insistants" sur ce problème qui "touche tous les Corses".

Le courrier de Bruno Le Maire au collectif