La séquence des présidentielles s’achève par l’élection programmée d’un candidat très proche des milieux de la finance et du patronat. La victoire du banquier Macron sur la néo-fasciste Le Pen témoigne d’une crise profonde aussi bien sur le plan politique, que sur les plans économiques et sociaux.Les institutions françaises sont profondément et durablement ébranlées.
En Corse le parti Français incarné par l’électorat de l’extrême droite a bénéficié au plan électoral des reports massifs des électeurs de la droite. A l’exception notable de Laurent Marcangeli, les leaders de la droite insulaire ont choisi de donner leur aval aux votes pour le néo-fascisme.
Ce vote d’extrême droite est attentatoire aux intérêts fondamentaux du peuple Corse. C’est un vote aux teneurs racistes et xénophobes. Il témoigne de la déroute morale et politique d’une classe politique qui, bien que percevant les mouvements profonds de notre société, s’est totalement exonérée du moindre effort en matière de lutte contre le racisme et de toutes les formes de discrimination. Ce constat vaut pour la droite traditionnelle et pour les scories d’une gauche réformiste en totale décomposition.
Le score de l’extrême droite ne constitue donc pas une surprise, après faut-il le répéter, les événements qui ont marqué notre pays d’une empreinte brune. Les manifestations des Jardins de l’Empereur, de Lupinu, de Siscu et les faits graves de Prunelli di Fium’Orbu trouvent leurs origines, à la fois dans les lâchetés politiques, voire les collaborations de toute une partie des élus, mais également par l’agitation entretenue par des micros groupes, y compris ceux se dissimulant abusivement sous la bannière de la Corse.
Malgré nos nombreux avertissements et nos messages permanents, le mouvement nationaliste n’a pas pris la mesure réelle du cancer politique qui ronge notre société, y compris dans une partie de sa propre base électorale. En agitant le spectre de la disparition d’une langue et d’une culture pour cause de raz de marée migratoire, des responsables nationalistes ont pris le risque d’un message ambigu et ont semé la confusion dans les esprits. Il est à craindre que d’aucuns ne persistent dans cette voie en refusant encore d’engager une bataille politique qui pointerait les véritables causes de l’implosion de toute une société.
Il faut en finir avec les analyses approximatives, voire démagogiques, qui ne veulent voir dans le vote FN que les symptômes d’un malaise social. Les résultats des quartiers résidentiels démentent cette vision tronquée. De quelle « insécurité » peuvent se prévaloir des zones rurales qui souffrent plus sûrement d’un désert humain que d’autres problématiques ?
A ne vouloir les racines de la Corse que dans un unique prisme chrétien et d’essence exclusivement européenne, des responsables nationalistes ont pris le risque d’une totale relecture de l’histoire.
Cette caution de fait, aux théories fumeuses du ban et de l’arrière ban de l’extrême droite, se paye aujourd’hui au comptant. Qu’ils se posent aujourd’hui la question de l’interprétation qui en a été faite, plutôt que de désigner les allogènes comme seuls coupables de votes fascistes.
Il serait abusif de ne voir dans la très importante abstention que la seule expression des électeurs nationalistes. Certes la proportion de ceux ci est importante. Beaucoup d’électeurs ne vont plus aux urnes, le découragement, l’absence de perspectives et les difficultés du quotidien les détournent des cadres institutionnels. Parmi eux se comptent beaucoup de travailleurs pauvres et de chômeurs.
Le refus d’un choix entre l’ultra libéralisme et le fascisme a conduit également à un vote blanc d’ampleur inégalé.
Ce constat est à mettre au passif d’une pseudo démocratie moribonde et au passif également d’un champ médiatique dominé par les tenants de la « disparition des idéologies ».
Sans intervention directe et indépendante du monde du travail, la Corse ira d’élections en élections dans le seul jeu institutionnel. Ce jeu précisément qui dépolitise les enjeux pour n’en faire qu’une mortifère parodie.
Nous invitons à la réflexion en vue d’actions communes toutes celles et ceux qui se refusent au fatalisme. D’ors et déjà nous entamons une campagne politique autour d’un projet de citoyenneté pour la Corse du XXIème siècle. Ensemble nous pouvons et devons jeter les bases concrètes d’une alternative à un système et à des institutions qui ne correspondent pas au bien commun.