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Pollution plastique marine : L’Office de l’environnement entend lutter contre les Biomédias en Corse


Nicole Mari le Lundi 4 Octobre 2021 à 21:19

Comment lutter contre les Biomédias qui envahissent les plages de Méditerranée et, donc, de Corse, notamment la façade orientale de l’île ? Ces pastilles, échappées des stations d’épuration, sont un tel fléau que le président de la Communauté d’agglomération de Bastia et conseiller territorial de Fà Populu Inseme, Louis Pozzo-di-Borgo a, par le biais d’une question orale lors de la session de l’Assemblée de Corse, interpellé l’Exécutif sur les moyens d’action. Le conseiller exécutif et président de l’Office de l’environnement, Guy Armanet, se dit prêt à engager ou à appuyer toute plainte contre les producteurs de ces déchets.



Des biomédias ramassés sur les plages corses.
Des biomédias ramassés sur les plages corses.
« Depuis plusieurs mois, nous les avons vues fleurir sur nos plages, puis sur nos réseaux sociaux, sans tout d’abord comprendre ce qu’étaient réellement ces pastilles ». Le 30 septembre dernier, lors de la session de rentrée de l'Assemblée de Corse, le conseiller territorial de Fà Populu Inseme et président de la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB), Louis Pozzo-di-Borgo, a saisi l'Exécutif sur l’urgence d’agir contre la pollution des médias filtrants, dits « biomédias », qui sont utilisés dans les bassins de traitements des eaux usées de nombreuses stations d’épuration depuis le début des années 2000. Leur fonction est de permettre aux bactéries épuratrices de se fixer et de proliférer, améliorant ainsi leur efficacité. Mais, en raison d'une mauvaise gestion, certains bassins se déversent dans la mer, et ces filtres plastiques, ronds et transparents d’un à deux centimètres de diamètre, s’échouent en grande quantité sur les plages de Méditerranée. « Ces biomédias sont censés évoluer dans un circuit d’assainissement fermé des stations d’épuration et leur rejet serait dû à un défaut de conception entrainant une fuite. Les circuits, qui les contiennent, ne nécessitent théoriquement aucun réassort sur l’ensemble de leurs durées d’exploitation », explique-t-il. La problématique est internationale. Des citoyens s’en sont saisis sur le pourtour méditerranéen, et des associations italiennes ont porté plainte contre Veolia, principal concepteur de ces circuits.

Louis Pozzo di Borgo. Photo Michel Luccioni.
Louis Pozzo di Borgo. Photo Michel Luccioni.
Des actions urgentes
La Corse n’est pas épargnée par cette problématique qui est en train de devenir un véritable fléau pour le littoral de la façade orientale de l’île. Ce sont les associations Global Earth Keeper et Mare Vivu qui ont sonné l’alarme en 2020 après en avoir ramassé par milliers sur de nombreuses plages, notamment à Santa Giulia st surtout sur le lido de La Marana où près de 40 000 biomédias ont été collectés en une seule journée ! « Avec le maire de Bastia et Président d’Acqua Publica, régie publique de la CAB en charge notamment de l’assainissement sur notre territoire communautaire, nous nous en sommes immédiatement préoccupés en demandant un diagnostic précis de la station d’épuration de l’Arinella. Acqua Publica a diagnostiqué une perte de 10 m3, soit environ 2 millions d’unités, sur les 512 m3que compte la station. Depuis l’an passé, des travaux de sécurisation ont été effectués afin d’éviter de nouvelles pertes et d’autres sont en cours », ajoute le président de la CAB. Mais il avoue qu’il est fort difficile d’identifier l’origine de ces biomédias. Il estime, donc, urgent d’entreprendre plusieurs actions, à savoir « établir un recensement précis des types de biomédias utilisés dans chacune des stations de l’Ile, voire plus largement en Méditerranée, identifier la provenance et quantifier le volume de perte, sécuriser les circuits d’assainissement défectueux, faciliter le nettoyage des plages et mener des actions de sensibilisation ». Et demande à la Collectivité de Corse d’aider les collectivités à combattre ce fléau et, si besoin, de porter plainte contre le constructeur des installations défectueuses.

Guy Armanet. Photo Michel Luccioni.
Guy Armanet. Photo Michel Luccioni.
Un enjeu préoccupant
Avant de répondre, le conseiller exécutif en charge de la question, Guy Armanet, avertit les élus que : « le travail, que nous avons globalement à faire sur les déchets, est un mur, je ne compte pas le gravir tout seul ! Je ne manquerai pas de revenir vers vous assez rapidement, notamment auprès des communes et des intercommunalités qui détiennent tout ou partie de la solution ». Ceci posé, il confirme que la lutte contre les biomédias est « un enjeu extrêmement préoccupant » qui ne constitue qu’un aspect du problème global de pollution du milieu marin par les plastiques. « Les effets néfastes de cette pollution n’épargnent ni les espèces marines, ni les fonds marins. Compte tenu des germes bactériologiques qu’ils sont susceptibles de contenir, les plastiques constituent une menace sanitaire évidente avec un impact direct sur les êtres humains ». Aussi le président de l’Office de l’Environnement (OEC) se dit-il prêt à engager ou à appuyer toute démarche juridique contre les producteurs de ces déchets : « Nous sommes en train de constituer un fonds de dossier pour pouvoir déposer plainte ».
 
Un rôle dynamique
De même, il reconnaît la nécessité d’établir un recensement précis des types de biomédias utilisés : « Lorsqu’il y a eu dysfonctionnement, pas moins de 2 millions de capsules se sont répandues sur nos côtes. Acqua publica a su rapidement résorber le problème, mais on continue de recevoir des biomédias du pourtour méditerranéen et certainement de l’Italie ». Il promet d’être plus opérationnel : « Nous avons d’ores et déjà mandatés nos agents à intervenir dans des missions de récupération de ces supports » et invite les personnes, qui récupèrent ces pastilles, à en informer l’OEC « le plus rapidement possible afin d’établir des constats et des procès-verbaux pour ensuite pouvoir déposer plainte ». Il rappelle, enfin, que, dans le cadre de sa politique menée au titre de la lutte antipollution, « l’OEC joue un rôle bien évidemment dynamique dans la sensibilisation et la prévention afin que la Corse soit dotée de plans d’intervention efficaces, de personnels formés et entrainés, de matériels appropriés pour affronter de façon efficiente ce type de catastrophe écologique et socio-économique ».

N.M.