Pascal Elbé, en quelques mots, quel est le synopsis de « La Bonne Etoile » ?
C'est l’histoire de Jean Chevalin, un déserteur en 1940 qui pense qu'il a une idée lumineuse : Celle de se faire passer pour juif pour gagner la zone libre. Il a entendu qu'il y avait une baronne qui planquait des familles entières pour les faire passer en zone libre, que les juifs avaient le bras long et toujours une longueur d'avance sur les autres.
C'est l’histoire de Jean Chevalin, un déserteur en 1940 qui pense qu'il a une idée lumineuse : Celle de se faire passer pour juif pour gagner la zone libre. Il a entendu qu'il y avait une baronne qui planquait des familles entières pour les faire passer en zone libre, que les juifs avaient le bras long et toujours une longueur d'avance sur les autres.
C'est votre passion pour l'Histoire qui vous a poussé à écrire ce scénario ?
Oui, parce que c'est une période qui est folle, la période de la Seconde Guerre. Beaucoup de films sur la Seconde Guerre ont déjà été réalisés, comme « La Grande Vadrouille » et « La Traversée de Paris » notamment, qui sont des films qui ont marqué notre enfance. Et j'étais presque un peu frustré de ne pas en connaître davantage parce qu'il y a tant à dire, il y a tant à raconter sur cette période. Il y a eu tellement d'histoires dans cette période que c'est un laboratoire de l'humain.
Vous avez abordé cette période avec un prisme différent ?
Oui, un peu pour rendre hommage à toutes ces comédies italiennes que j'aimais étant jeune. Le cinéma italien a toujours su traiter des sujets graves avec beaucoup de légèreté. Revisiter l'histoire avec ce petit pas de côté qui rend les choses quand même légères et respirables. Pour ne pas mettre le spectateur dans quelque chose d'inconfortable, bien sûr.
Il y a comme un air de «Une journée particulière » ou de « La vie est belle » …
Merci. C'est vrai que j'ai une écriture apparemment assez italienne. C'est un pays que je connais bien, c'est une culture qui m'a toujours accompagné. Mes premières émotions cinéphiles viennent du cinéma italien, les films de Dino Risi ou d’Ettore Scola. Ça va vite, on tourne les pages, on regarde le film. Il y avait une espèce de frénésie aussi narrative qui fait qu'on avait tellement peur que le spectateur s'ennuie, qu'il fallait toujours le maintenir en haleine, presque en apnée. Et ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup influencé. Ce cinéma italien, profondément humain, terriblement tragique et toujours très drôle, c'est quelque chose que j'adore…
Il a un peu disparu malheureusement...
Oui, parce que ce qui a disparu avec ce cinéma-là aussi, dans notre époque, c’est le second degré. On est trop au premier degré. On a beaucoup de mal maintenant avec le petit pas de côté, avec la distance. On est tout de suite dans des combats, dans des revendications. A cette époque-là, les gens devaient avoir aussi beaucoup d'humour pour accepter ce qui était inacceptable.
Ce film est aussi une réflexion sur l'homme ?
On est dans une époque très clivée, très clivante. Chacun est dans son narratif, dans son algorithme. On n'arrive plus à se parler. Et tout ça, je pense que c'est d'abord l'ignorance. Et comme disait Jacques Brel, l'ignorance est sans doute un grand signe de paresse. Et c'est pour ça que j'en veux parfois aux gens ignorants, parce que ce n'est que de la paresse. Si on veut se tourner un peu plus vers l'autre, comme mon personnage de Chevalin dans le film, on en apprend tellement plus. Et on devient tout d'un coup plus indulgent, plus bienveillant. La peur et la paresse fait qu'on se dresse les uns contre les autres. Et aujourd'hui c'est un constat que je trouve inacceptable. Il faut que le cinéma nous amène à sa mission, celle de nous amener à nous unifier un peu.
Vous avez effectué un gros travail de recherche pour ce film ?
Oui, il y a eu un travail de recherche, mais passionnant. Dans cette période, beaucoup de choses se sont jouées, déjouées, aussi bien du côté allemand que du côté des résistants. Il y a encore des choses à apprendre complètement folles dans cette période. Donc j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup lu, je me suis beaucoup documenté et évidemment, à la fin de l'écriture, j'ai été un peu moins bête, un peu moins ignorant.
Vous donnez aussi un rôle important aux femmes ...
Le rôle du chef de la Résistance joué par Zabou, c'était ma petite façon à moi de rendre hommage à ces aristos qui ont été très courageux parfois pendant la guerre et aussi aux femmes. Parce que c'est vrai qu'on parle beaucoup plus de Jean Moulin que de Germaine Tillion où d’autres. Mais ces femmes-là ont participé elles aussi à ces efforts de guerre, parfois au péril de leur vie. Mon petit combat aujourd'hui, c'était de faire en sorte que celle qui est la chef de tout ça, ce soit une femme.
On voit qu'au fil de l’histoire votre personnage central, peu reluisant déserteur au départ, évolue énormément...
Mon personnage part de très bas. Il est ignorant, bourré de préjugés. Et puis au contact de l'autre, tout doucement, chemin faisant, il va se lester de tous ces stéréotypes, devenir ce qu'on appelle un mensch, en allant au contact de l'autre et de l'adversité. Il va évidemment s'élever. Il va grandir.
Vous avez réuni un beau casting pour ce film avec Audrey Lamy, Zabou Breitma, mais surtout Benoît Poelvoorde... !
En imaginant le film j’ai assez rapidement pensé à lui mais pas pendant l'écriture pour parasiter celle-ci. Il faut être dans sa liberté. Pour moi, Benoît Poelvoorde est le digne héritier de Bourvil ou de Fernandel. C'est quelqu'un qui déplace une énorme humanité. Quand la caméra se pose sur lui, il y a évidemment une drôlerie immédiate. Mais ces gens-là, ces clowns-là, sont assez rares à trouver. Dans une même scène, il peut vous transporter dans une émotion très forte, et puis tout d'un coup, avec un clin d'œil, un sourire, une rupture, hop, vous avez envie de sourire. Ça, c'est un pouvoir.
Dans le casting aussi, il y a un certain Pascal Elbé...
J'avais envie de jouer avec Benoît et je me suis dit je vais le faire. Je ne voulais pas laisser à un autre ce petit plaisir-là. C’était un peu égoïste. Mais bon, c'est une partition quand même limitée dans le film. Je ne sais pas si cela pouvait se reproduire un jour donc je n’ai pas laissé passer cette opportunité.
Comment se dirige-t-on soi-même justement ?
En essayant de prendre du plaisir. Le plus important c'est de prendre du plaisir, d'être vraiment comme un acteur qui est dégagé de toutes les responsabilités d'un plateau et d'être à l'écoute et se situer vraiment dans le plaisir. Parfois, je m'isolais dix minutes en me disant : va t'amuser, amuse-toi, amuse-toi !
Le titre initial était l'Idéaliste ….
Oui, l'Idéaliste parce que mon personnage est quelqu'un qui avait cet idéal tordu. Un idéaliste dans le mauvais sens de l'histoire. En fait, un titre, c'est toujours un petit miracle à trouver. La Bonne Étoile c'est un jour imposé à moi et ne m'a pas lâché. Trouver un titre, c'est toujours mystique. On n'est jamais sûr.
Vous parcourez la France pour présenter ce film qui ne sortira que le 12 novembre, ce contact est important ?
Ça définit même mon travail. C'est la seule façon de savoir si j'ai bien travaillé. En écumant les routes de province, je rends ma copie. Souvent dans mon écriture, je n'oublie pas que je suis un enfant de la province, que Paris a mis du temps à m'accepter. Et j'aime cette ville. Mais pour moi, le nerf de la guerre, le vrai travail, c'est quand je fais des débats à travers la France comme ici à Bastia ce soir. C'est bouleversant d'entendre les gens me parler de cette période-là, de leur ressenti sur ce film. J'ai reçu récemment un prix des jeunes collégiens de Toulouse. Ils ont choisi ce film parce qu'il les unifiait. J'étais très ému.
Des projets pour la suite ?
Il faut toujours en avoir, avoir un coup d'avance ou deux. J'ai une ou deux histoires. L’une devrait se passer durant la Grande Guerre. Ça racontera peut-être l'histoire de la première femme médecin dans les tranchées qui a été engagée sur une erreur d'orthographe puisqu'on pensait qu'elle s'appelait Girard Mangin, mais s'appelait en fait Nicole Girard Mangin. C'est une histoire vraie et des établissements portent son nom. Elle a travaillé avec Marie Curie. C'était quelqu'un de très impliqué, qui nous a fait faire beaucoup de progrès.
Que représente ce festival Arte Mare pour vous ?
J'adore venir en Corse. Il y a quelque chose qui se passe ici qui me fait beaucoup de bien, qui me rassure. Par rapport à ce qu'on se dit, ce qu'on vit parfois sur le continent avec cette perte de repère, dans quelque chose que je trouve terrible et très triste. Je vous prends un exemple tout bête. En venant vous voir ici, pour faire l'interview, j'ai vu un monsieur d'un certain âge avec son fils qui avait lui aussi un certain âge. Ils marchaient tous les deux avec une canne, la main sur l'épaule. Ça, c'est des instants de vie. Il faut venir ici pour voir ça. On n'a plus ça à Paris. On n'a plus ça même parfois dans les métropoles. Ça va vite, ça va trop vite, tellement vite. Ici, on a un peu un rendez-vous avec le vrai.
Au micro de Christophe Bourseiller, Pascal Elbé a rencontré le public au centre culturel Una Volta à Bastia
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