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Oscaro reprend la société bastiaise 3C.COM et ses 15 employés


le Jeudi 20 Mars 2014 à 13:39

Pierre-Noël Luiggi, Pd-g d'Oscaro.com, est venu jeudi matin à Bastia annoncer que le société qu'il représente avait décidé de racheter une partie d'une entreprise qui, située à Amiens et en liquidation judiciaire, possédait un centre d'appels - 3C.COM nouvelle - à Bastia employant 15 salariés.



Oscaro reprend la société bastiaise 3C.COM et ses 15 employés
Le Pd-g d'Oscaro a rappelé qu'il était en contact depuis plusieurs mois, déjà, avec les représentants de l'entreprise bastiaise en question et qu'ils lui avaient dit leurs difficultés. Dès lors décision fut prise de mener une étude approfondie sur ce qu'il était possible de faire et pour, dans la stratégie d'Oscaro, songer à installer à Bastia un centre d'excellence pour le contact client.
Mais pas question pour Pierre-Noël Luiggi de se parer des vêtements d'un sauveur d'emploi :" il n'y a pas de sauveur d'emploi. Il y a des créateurs d'emploi, des créateurs d'avenir, des créateurs de conditions de travail" disait-il jeudi matin au Best Western de Bastia. 
Mais si le projet de reprise, développé et déposé au tribunal de commerce d'Amiens - il sera examiné le 28 Mars -, pourrait être visible dans 24 mois, "il ne faut pas encore crier victoire. Mais si, aujourd'hui, je vous parle de la part de l'administrateur, des salariés et de l'écosystème c'est que nous avons 100 % de chances de mener à bien cette affaire."
La société  est un call center spécialisé dans le secteur du tourisme. "Nous allons, à priori, conserver les salariés dans les mêmes métiers mais nous allons leur en apprendre de nouveaux" a commenté le Pd-g d'Oscaro aux côtés duquel se tenait Jean-Marc Giammari.
Une reprise qui, sur 24 mois, nécessitera un investissement de près de 200 000 € prenant tout à la fois en compte la reprise de 15 personnes dans le groupe Oscaro, leur formation et l'acquisition du matériel, car pour Pierre-Noël Luggi le centre d'excellence ne relèvera pas "pas du fantasme, il sera bien réel" avec une autre méthode de management, une autre manière de traiter la clientèle a distance qui sera différente de celle d'aujourd'hui. Il ne sera pas, en tout cas, question d'en faire "un centre appel off shore". Les personnels devront être polyvalents, animer des chats, aller sur le terrain, rencontrer des clients dans l'exercice de leurs fonctions ce qui pour Pierre-Noël Luiggi "est une démarche assez nouvelle au niveau européen".

Pierre-Noël Luiggi : "Vous pouvez le faire !"

- Ne va t-on pas vous reprocher une stratégie politique ?
- Ce n'est pas qui ait fixé le calendrier du tribunal de commerce d'Amiens. Mais par-delà les élections il faut garder les pieds sur terre : c'est une affaire qui n'est pas, non plus, de niveau mondial. On annonce des choses tout à fait normales, des choses que l'on va réaliser en dehors de la politique.

- Pourquoi ne pas avoir attendu l'après-second tour pour faire cette annonce ?
- Il était de mon devoir de rassurer les personnels qui sont dans l'inquiétude depuis plusieurs jours. Le 28 Mars on connaîtra la décision du tribunal de commerce d'Amiens et il y a beaucoup de rumeurs qui circulent à ce propos. Dès lors, et comme dans beaucoup d'affaires, il est important que l'on communique sur ce qui est pour éviter ces mêmes rumeurs qui enflent en particulier en période électorale.

- Pourquoi cette entreprise ?
- J'y ai ai trouvé un faisceau de choses très intéressantes. Ce n'est pas du tout pour être à Bastia parce que c'est Bastia mais parce que j'avais envie de construire un centre d'excellence et les personnels que j'ai trouvé ici sont tout à fait à même de nous accompagner dans cette démarche.

- Que va t-elle devenir ?
- Elle va continuer à prendre un certain nombre d'appels, elle va  traiter du chat et des mails pour les clients classiques intéressés par le tourisme mais aussi pour Oscaro et, demain, pour d'autres clients encore de l'internet mais aussi de ventes à distance plus classiques.

- Avec quel personnel ?
- Nous reprenons les quinze personnes de la structure mais très rapidement nous serons une vingtaine et dans deux ans une bonne trentaine. 

- Cette reprise va de pair avec la création d'un incubateur privé : n'est-ce pas un peu paradoxal dans la mesure où vous avez connu la réussite à l'extérieur ?
- Il y a des gens qui pensent que j'ai quitté la Corse.  Les Parisiens que je croise me disent : "Tu es revenu de Corse ?"  - ils pensent tous que j'habite à Bastia et tous les bastiais pensent que j'habite à Paris. C'est un peu paradoxal. Mes enfants d'Oslo pensent que je vis la moitié du temps à Oslo parce qu'ils m'y voient tout le temps. Quand on peut communiquer avec les moyens modernes on est un peu partout mais pas nulle part à la fois. Ici j'ai mes livres, ma bibliothèque, mes amis, mes réflexions et la plupart du temps quand je pense à la stratégie, je le fais à Bastia. Il doit y avoir quelque chose de tellurique qui me sert beaucoup. 

- On peut donc faire du développement économique sur place ?
- On ne peut surtout pas le faire à partir de mégalopoles comme Paris ou Londres mais plutôt en pensant aux services que l'on va rendre à la population locale. J'ai, par exemple, beaucoup d'amis qui reviennent d'Austin au Texas - qui n'est pas l'endroit le plus connu au monde, mais c'est là où l'on a inventé Twitter et où ont vu le jour les sociétés les plus performantes des dernières années. Aujourd'hui la création est là où les gens sont. On n'est plus du tout dans la configuration où tout vient d'en haut, du château depuis lequel on nous dicterait encore des méthodes éprouvées depuis 50 ans. Aujourd'hui les méthodes éprouvées, ce sont les jeunes de 20 ans qui vont les mettre en place. Nôtre rôle est de leur demander : "Comment vous, faites ? Qu'est-ce que vous faites ? C'est quoi vos pratiques ?" L'invention se fait dans les pratiques au quotidien. Au lycée de Bastia, dans les cafés de Bastia ou… d'Austin !  

- Ce sera le rôle de votre projet d'incubateur d'entreprises privées?
- Cela fait des années que nous évoquons avec Jean-Marc Giammari l'idée de développer à Bastia un incubateur d'entreprises privées. Il ne s'agit pas ici d'aller chercher des subventions mais plutôt d'accueillir des jeunes gens, des développeurs qui ont des idées et de leur faire part de notre expérience. Il s'agit de faire des choses au plus près du réel. Il y a dans l'agglomération bastiaise plusieurs start-up et plusieurs personnes viennent me voir régulièrement à Paris avec des idées extraordinaires sur ce que l'on pourrait faire en Corse. Notre idée est de mettre en réseau nos compétences et de créer un club d'accueil pour des jeunes qui ont envie de rester ici ou d'y revenir.

- Il y a déjà un incubateur régional ?
- Mission Ubi France en Californie, c'est 4 personnes. Oscaro en Californie, c'est 18 personnes. Et on en est, déjà, à notre quatrième stagiaire corse. Et on nous en redemande d'autres car, nous dit-on, "ils n'arrêtent pas de travailler". On a des bureaux à Oslo. On a des bureaux à Barcelone. Ce n'est pas dans les moyens de la région d'envoyer des gens de la sorte. On intègre aujourd'hui une dizaine de stagiaires corses que ce soit à Paris ou aux Etats-Unis. De cet embryon d'enthousiasme pour les nouvelles technologies et la création locale, nous voulons faire quelque chose mais qui ne soit pas axé sur l'argent et les subventions. Il s'agit de mettre toutes ces personnes en réseau et leur donner quelque chose qui n'a pas de prix : c'est "Vous pouvez le faire" ! 
Il y a ici beaucoup de Corses qui ont de l'expérience, y compris internationale, qui ont choisi de se rassembler de manière désintéressée pour porter et pour donner de l'espoir à des jeunes gens qui voudraient se poser et commencer à faire des choses intéressantes…