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"On nous interdit notre langue" : le tribunal administratif de Bastia occupé toute la journée


Thibaud KEREBEL le Mercredi 15 Mars 2023 à 12:12

En réaction à une décision de justice interdisant l'usage de la langue corse dans les débats de l’Assemblée de Corse et du Conseil exécutif, plusieurs mouvements de jeunes nationalistes ont investi les locaux du tribunal administratif de Bastia ce mercredi 15 mars au matin. Une occupation pacifique en attente d'un soutien politique. Les jeunes occupants ont quitté les lieux vers 20h30, après une entrevue à la préfecture de Haute-Corse avec la directrice de cabinet du préfet



Tracts, banderoles, messages sur les réseaux sociaux… Depuis 8h30, ce mercredi 15 mars, tous les mouvements de jeunes nationalistes occupent le tribunal administratif de Bastia, avec la volonté de faire entendre leurs revendications. Ces militants de Gjhuventù in Core, Ghjuventù Independentista, Ghjuventù Paolina, Ghjuventù Libera, A Muvra, et Cunsulta di a Ghjuvenù Corsa (CGC) se sont réunis pour contester une décision de justice datée du 9 mars, annulant les règlements intérieurs de l’Assemblée de Corse et du Conseil exécutif, qui autorisaient l’usage de la langue corse dans les débats.

« On est conscients que c’est une application stricto sensu du droit, mais pour nous, c’est quand même symbolique », explique Marie-Armance Lenziani, membre de Ghjuventù Paolina. « On a pensé à se mobiliser aujourd’hui pour montrer que notre langue, c’est le corse, et qu’il est tout à fait normal que l’on parle corse dans l’hémicycle comme dans la vie de tous les jours. Nous trouvons cette décision inadmissible, et absolument pas nécessaire, car cela n’empêche pas le bon fonctionnement de l’institution. »

« C’est un vrai retour en arrière »

« On pensait qu’il allait y avoir des apaisements et du dialogue, et au final on nous interdit notre langue, donc c’est un vrai retour en arrière », déplore quant à lui Téo Bastiani, représentant de Ghjuventù Independentista. Conscients que ce n’est pas le blocage du tribunal qui va permettre l’annulation du jugement, les militants espèrent surtout « alerter les consciences, et envoyer un message ». « On attend le soutien des représentants des partis et des élus, qui sont touchés par cet arrêté », complète Pierre-Marie Bourdin-Muracciole, membre de la CGC.

Suite à la décision du 9 mars, les élus nationalistes avaient déjà exprimé leur mécontentement, à l’instar du président de l'exécutif Gilles Simeoni et de la présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis « Cette décision de justice et sa motivation ne font que confirmer la nécessité absolue d’une révision constitutionnelle, notamment pour garantir à la langue corse le statut de coofficialité, condition indispensable de sa survie et de son développement. »
 

« Une action paficique »

En attendant de nouvelles réactions, les militants présents au tribunal administratif de Bastia ce mercredi insistent sur le caractère non violent de leur action. « Pour le moment, on attend de voir ce qu’il va se passer. On compte rester là toute la journée, et toute la nuit s’il le faut », se projette Téo Bastiani. « Tant qu’on ne nous sort pas, on ne sortira pas de là. Mais c’est une action pacifique, et on espère que ça le sera des deux côtés. »
Les manifestants ont quitté les lieux  vers 20h30 après une entrevue à la  préfecture de Haute-Corse avec la directrice de cabinet du préfet.