
L'hémicycle de l'Assemblée nationale
Le 2 mars, Yvan Colonna qui purgeait une peine de prison à perpétuité à la prison d'Arles pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, avait été violemment agressé dans la salle de sports par Franck Elong Abé, un homme de 36 ans qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs terroriste". Après trois semaines de coma, il est décédé des suites de ses blessures;
Le groupe centriste Liot a exercé son droit de tirage pour lancer cette commission d'enquête, en soumettant une résolution du député de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva.
Elle entend faire la lumière sur "les conditions dans lesquelles" le meurtrier présumé "a pu bénéficier d'un classement en détention ordinaire (...) et ne pas être soumis aux étapes de détection de la radicalisation en milieu carcéral".
Elle souhaite également "étudier la genèse et les conditions dans lesquelles le statut de détenu particulièrement signalé a été maintenu" pour Yvan Colonna.
"Ce qui est en jeu c'est la soif de justice et de vérité de la société insulaire", a fait valoir M. Acquaviva, estimant que des auditions à l'Assemblée avaient révélé des "contradictions", notamment sur "l'évaluation de la radicalisation" du meurtrier présumé.
Cette commission, qui sera composée de trente députés maximum suivant une représentation proportionnelle des groupes à l'Assemblée, rendra ses travaux dans un délai maximum de six mois. Le groupe Liot espère débuter les travaux "en décembre ou janvier pas plus tard".
Plusieurs réactions en Corse
"J'espère qu'elle permettra d'avancer de façon significative vers l'exigence de vérité et de justice", a réagi Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.
"Nous attendons désormais que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet assassinat", a déclaré la présidente autonomiste de l'Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis.
"La commission devra veiller tout au long de ses travaux à ne pas faire porter ses investigations sur des questions relevant de la compétence exclusive de l'autorité judiciaire", a rappelé Caroline Abadie (Renaissance), rapporteure du texte créant ladite commission. "Seule l'enquête judiciaire pourra éclaircir les motifs de l'agression, et délimiter les responsabilités et d'éventuelles complicités", a-t-elle insisté.
Deux procédures judiciaires sont ouvertes: une enquête pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste", une seconde pour violation du secret de l'instruction. Un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) a estimé que le surveillant chargé de l'aile où se trouvait l'indépendantiste corse a fait preuve d'un "net défaut de vigilance" en restant "sans aucun motif éloigné" du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes.
L'ex-directrice de la prison d'Arles et un surveillant vont faire l'objet de "procédures disciplinaires", avait annoncé en juillet Élisabeth Borne.