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Les trois "non" catégoriques de Bernard Cazeneuve à la Corse !


Marilyne SANTI le Jeudi 12 Juin 2014 à 23:28

En fin de matinée jeudi, Bernard Cazeneuve ministre de l'intérieur s'est rendu de la préfecture à la mairie d'Ajaccio où Laurent Marcangeli l'attendait en présence des élus du conseil municipal. Après son discours en préfecture et à un déjeuner à la CTC, le ministre est allé à la rencontre de la cellule régionale de soutien psychologique d'urgence de la caserne Battesti et sur la base aéronavale d'Aspretto pour une présentation des synergies dans le domaine de l'observation et de la surveillance.



 Les trois "non" catégoriques de Bernard Cazeneuve à la Corse !
De ses origines corse à la Madeleine de Proust, Bernard Cazeneuve commencera son discours devant les élus, les corps constitués et les agents de la préfecture, assurant que grâce à ses souvenirs c’est avec empathie et une certaine intuition qu’il perçoit les enjeux et les subtilités qui rendent ici la vie politique si dense.
"J’ai la passion d’une île, mais il n’y a ni d’antinomie et d’antagonisme a aimer la Corse et la République à la fois… L’état a ici des responsabilités particulières, il doit assumer la responsabilité de garantir la sécurité et la paix civile, favoriser le développement économique dans une région que l’insularité peut exposer à des contraintes particulières. L’état doit faire respecter l’unité de la  République comme partout en France tout en prenant en compte la singularité de la Corse : sa langue très belle, son histoire, très riche, mais aussi sa culture et ses traditions. S’adressant aux élus de Corses, le ministre de l’Intérieur dira qu’il connait l’implication de ces derniers pour travailler avec l’Etat et faire prospérer l’île. Un Etat qui doit moderniser son action dans l’intérêt général.
 

La sécurité

Garantir la sécurité des citoyens est la première des missions de l’Etat en Corse affirmera Bernard Cazeneuve. La petite et moyenne délinquance semblent y être bien maîtrisées (-4,5% en 2013 et -15% en dix ans). Il réside cependant une criminalité organisée, 20% des règlements de compte en France ont lieu en Corse avec un taux d’homicides par habitants cinq fois supérieur à la moyenne nationale.
Une criminalité qui menace le développement de l’île et la cohésion de sa société civile puisque des clans cherchent à s’accaparer des intérêts économiques, recrutent des tueurs et voulent imposer leurs règles à tous.
"Nous traquerons ces personnes sans pause, afin de les traduire en justice. Une stratégie de lutte contre la criminalité en Corse, colonne vertébrale de cette lutte,  a été adoptée en octobre 2012 à l’initiative de Manuel Valls: renforcement des moyens, des effectifs, plus de spécialistes dans les services d’enquêtes de la délinquance économique et financière ou de l’analyse criminelle (+24 en 2013, +14 dans la gendarmerie...). Le renforcement du GIR sera effectif en juillet. Une stratégie qui repose sur une meilleure intelligence collective. Les principales forces de sécurité rencontrées par le ministre dans le courant de la journée ont reçu des instructions à ce sujet. La direction régionale de police judiciaire et la section de recherche de la gendarmerie seront bientôt rapprochées. Enfin une approche administrative de la criminalité organisée est animée par un coordinateur auprès du préfet de Corse (blanchiment d’argent, patrimoines illicites) permettra de cibler les actions sur le foncier et les marchés publics. Ces orientations se traduisent déjà par les résultats obtenus par les services : 38 homicides en 2011, 31 en 2013 et 7 depuis le début de l’année confirmant cette tendance.
 

Le développement de l’île

Depuis 2002, les engagements pris au titre du programme exceptionnel d’investissement ont été respectés : 2 milliards d’euros d’investissement  auxquels s’ajoutent 450 millions de fonds européens pour moderniser les infrastructures de Corse et pour le développement de l’île. Il fallait bien cela pour pallier aux difficultés naturelles de la Corse et au retard  de ses infrastructures liées à son insularité. Tous les engagements ont été tenus malgré la crise économique. Au cours de cette période la Corse a obtenue une belle croissance économique : une croissance qui a progressée de 2,3% par an en volume contre 1,4% dans les autres régions hors île de France. La corse est passée de la 22ème place à la 14ème en 2012 grâce aux efforts des collectivités, de l’état et de l’Europe et à l’accroissement démographique dans l’île.
L’agriculture avec la problématique liées aux acteurs concernés d’adopter la politique agricole commune avec les spécificités du territoire est un autre sujet source de toute l’attention de l’état. Des concertations sont en cours et des dialogues engagés en ce sens. Tout comme sur les transports maritimes d’ailleurs qui sont indispensables au développement de l’île et de l’emploi.
Face à ces défis, il ne sera possible d’avoir essentiellement recours aux emplois publics qui sont en Corse de 31% de la valeur ajoutée produite contre 24% au national. Développer l’emploi privé, accompagner les entreprises, gagner les filières d’excellence, améliorer les conditions dans les secteurs des PMI, PME, le transfert de technologie, l’accompagnement de produits propres seront autant de chances pour la Corse de connaître une nouvelle forme de croissance.
 

La langue corse, le statut de résident les arrêtés Miots : trois non !

Parlant des spécificités de la Corse et notamment de la langue corse et du statut de résident, le ministre de l’intérieur  dira devoir à ses  élus amis  la sincérité d’un discours et une exigence de vérité. Depuis 1982 votre collectivité a toujours  bénéficié d’un statut juridique exceptionnel au sein de la communauté nationale, je rappelle la loi du 30 juillet 1982 qui a fait de la région Corse une collectivité territoriale de plein exercice 4 ans avant les autres régions, la loi du 15 mai 1991 qui lui a transféré d’importante compétences et de nouvelles ressources et la loi du 22 janvier 2002 qui a amplifié ce mouvement à travers la dévolution de nouvelles responsabilités et d’un nombre important d’agents pour mener ce travail considérable. Le budget de la CTC est passé de 12 millions d’euros au début des années 80 à 790 million d’euros en 2013. Dans les domaines du développement et de l’aménagement du territoire, elle dispose depuis plus de 10 ans de compétences considérables et de ressources importantes.
Il en viendra alors au mois de septembre 2013 qui verra naître une nouvelle demande de la singularité institutionnelle de la Corse. Le gouvernement a pris en compte cette demande et des réunions de travail ont eu lieu. Si la constitution admet le droit à l’expérimentation des territoires de la république, le souci de garder une spécificité ne doit pas s’inscrire dans une démarche de rupture avec les principes fondamentaux du droit de l’égalité de tous les citoyens: liberté de circulation, liberté d’établissement font partie des quatre libertés reconnues à tous les citoyens européens depuis le traité de Rome.
L’état partage le souci de défendre la langue corse, des moyens importants ont été apportés pour son enseignement systématique et d’autres viendront. Mais la langue est le moyen de s’ouvrir à l’autre, un vecteur pour aller vers l’autre, un moyen de communiquer avec l’autre et de tisser avec lui des liens qui sont ceux de la culture, de l’ouverture et de l’universalité. Aller plus loin en exigeant que tous les agents publics soient par identité corsophones ne me parait pas souhaitable et pas dans la république possible.
Le ministre se dira sensible à la peur de certains sur l’évolution de la terre corse, que les paysage ne soient enterrés par un développement anarchique, que le  patrimoine ne soit altéré par des personnes qui ne séjourneraient que quelques semaines par an, par la crainte de priver les travailleurs corses de la possibilité d’accéder à un logement à des prix raisonnables. Une réalité que beaucoup de départements partagent. C’est le PADDUC qui doit y remédier.
Vouloir restreindre l’accès à la propriété à ceux qui habiteraient l’île depuis cinq ans n’apportera pas d’un point de vue juridique ce qui est attendu. Il s’agit pour le ministre d’une illusion car la norme européenne ne permet d’aller au bout de cette idée, mais cela altérera la cohésion sociale et sera une marque de défiance à l’encontre de toute hospitalité.
La propriété en Corse, sujet particulier depuis 1801, articulé à un régime fiscal singulier, a été portée au parlement sur la loi de finance rectificative. Un dispositif applicable uniquement à la Corse n’a pu être appliqué pour un principe d’égalité. Les décisions du conseil constitutionnel n’ont pas à être commentées mais à être appliquées dans la république. D’autres solutions seront trouvées car cette question intéresse d’autres département d’outre mer.

Les actions réalisées au profit des familles victimes des attentats

Les attentats du 5 décembre 2013 contre les casernes Battesti à Ajaccio (bâtiment réservé aux familles des militaires) et Paoli à Bastia (services administratifs) ont particulièrement affecté les militaires et leur famille.
Un dispositif d’accompagnement psychologique (la psychologue clinicienne, les médecins militaires de la gendarmerie, l’assistante sociale, les représentants des personnels militaires et le médecin psychiatre de la direction centrale du service des armées, à distance) a permis d’apporter immédiatement un conseil au commandement et un soutien aux militaires et à leur famille.
Le ministre a eu un échange avec les personnels qui composent ce dispositif en début d’après midi.
La protection fonctionnelle a pu être accordée à 16 personnes (dont deux familles). Ainsi, les frais et honoraires de leurs avocats seront pris en charge par le ministère de l’Intérieur.
Enfin, des travaux de sécurisation sont apportés à la caserne Battesti d’Ajaccio.
La levée de la mise en réserve du budget 2013 a permis de financer le remplacement des menuiseries et de la ventilation mécanique.
La sécurisation de la caserne, la pose d’un grillage de protection périphérique et de vitrages pare-balles est programmé sur le fond de maintenance urgente 2014. Des travaux complémentaires d'éclairage et de pose de grillage seront financés en 2015.