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Les professionnels de santé de l’Extrême-Sud vont travailler ensemble, pour le bien de la population


le Samedi 25 Octobre 2025 à 12:03

Ce mercredi 21 octobre à Porto-Vecchio, élus et professionnels de santé de l’Extrême Sud et de l’Alta Rocca ont porté sur les fonts baptismaux la première CPTS de Corse du Sud. Une CPTS, c’est une communauté professionnelle territoriale de santé dont l’objectif est d’optimiser la coordination de l’offre de soins sur un territoire. Ici, ce sont 134 professionnels et structures qui s’engagent aujourd’hui au service des 29 000 habitants.



Les différentes parties prenantes de la CPTS se sont réunies mercredi à Porto-Vecchio pour signer l'accord contractuel qui donne vie à cette coopération dans l'Extrême Sud et l'Alta Rocca.
Les différentes parties prenantes de la CPTS se sont réunies mercredi à Porto-Vecchio pour signer l'accord contractuel qui donne vie à cette coopération dans l'Extrême Sud et l'Alta Rocca.
Créée par la loi de modernisation du système de santé de 2016, une CPTS a pour but de mieux répondre aux besoins de santé de la population locale, en facilitant le travail collectif entre médecins généralistes ou spécialistes, infirmiers, kinés, pharmaciens, structures médico-sociales et hospitalières… La CPTS vise à améliorer l’accès aux soins, notamment en organisant la prise en charge de patients sans médecin traitant ou en gérant les soins non programmés, en favorisant la prévention et la santé publique à l’échelle du territoire , en coordonnant les parcours de soins, en particulier pour les patients atteints de maladies chroniques et en renforçant la qualité de vie au travail des soignants, grâce à un fonctionnement collectif et des outils partagés. Son président, le docteur Frédéric Leccia, salue « l’aboutissement de trois années d’un travail qui est né après le Covid. Un travail qui nous a permis de réunir tous les professionnels de santé. Cette CPTS va nous permettre de développer un projet de santé sur le territoire, qui a mis en avant des inégalités. »

Un territoire marqué par le vieillissement, l'isolement et la saisonnalité

Si une première CPTS a vu le jour en Balagne en 2021, la CPTS de l’Extrême Sud et de l’Alta Rocca n’en sera pas un copier-coller. Car ce qui vaut validation par l’Agence régionale de santé (ARS), c’est bien le projet de santé proposé, eu égard aux spécificités du territoire. On parle d’une population marquée par son vieillissement (plus de 25 % a plus de 65 ans) et l’isolement (43 % des plus de 80 ans vivent seuls). Mais aussi par la précarité, puisque 18 % de ses ménages vivent sous le seuil de la pauvreté. Autre donne à prendre en compte : la saisonnalité liée au tourisme. De fait l’été, on dépasse allégrement le seuil des 29 000 habitants.

Dans la microrégion, les affections de longue durée ont progressé de quatre points entre 2016 et 2021, informe l’Agence régionale de santé. Le diabète en est la première cause et le cancer, la deuxième. De plus, les maladies coronaires et les affections psychiatriques sont supérieures à la moyenne nationale. Du point de vue de la santé mentale et du handicap, le taux d’allocataires AAH est également plus élevé que la moyenne nationale et on constate une forte prévalence des troubles psychiatriques chroniques. Enfin, au niveau de la prévention,  l’ARS note une faible participation aux dépistages (col de l’utérus, colorectal) et une vaccination contre la grippe estimée « autour de 55 % » pour les personnes âgées de plus de 65 ans.

"Terreau favorable à la coopération depuis le Covid"

L’accord contractuel qui a été signé ce mercredi matin engage différents acteurs : l’ARS de Corse, garante du projet de santé ; l’Assurance maladie qui financera la CPTS à hauteur de 145 625 € cette année, et jusqu’à 230 000 € par an en fonction de l’activité générée ; les professionnels de santé réunis dans la CPTS ; et les élus, qui étaient représentés mercredi par Jean-Christophe Angelini, le président de la communauté de communes Sud Corse et Nicolas Cucchi, vice-président délégué à la santé à la communauté de communes de l’Alta Rocca. « La désertification médicale, on y travaille au quotidien, confie ce dernier. On sait à quel point cette démarche est importante pour soutenir l’ensemble de nos médecins. » Au diapason, Jean-Christophe Angelini met en garde : « La santé ne doit pas être une variable d’ajustement, mais l’un des fondamentaux de la croissance d’un territoire. » La directrice de l’ARS Marie-Hélène Lecenne veut voir dans la naissance de cet EPTS « un terreau favorable à la coopération qui a germé depuis le Covid. C’est un outil d’amélioration des parcours de santé pour la population. »

Infirmière de profession à Porto-Vecchio, Emmanuelle Giraschi a été nommée coordinatrice de l’EPTS de l’Extrême-Sud et de l’Alta Rocca, car elle connaît comme personne les problématiques de santé du territoire : « On le sait qu’il faut toujours partir à Ajaccio, Bastia ou bien sur le Continent pour avoir un rendez-vous avec un rhumatologue ou un pneumologue… La CPTS va nous permettre de mieux nous connaître entre professionnels de santé, pour qu’on puisse identifier plus facilement les besoins en vue d’une meilleure prise en charge. Ca ne réglera pas tout, mais ça fera gagner du temps et des chances. »