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Le village de Muna veut s'offrir une nouvelle vie


Jean-Paul-Lottier le Dimanche 9 Novembre 2014 à 19:39

En cette année du 100e anniversaire de la première guerre mondiale où l’on insiste sur le devoir de mémoire, nous avons choisi de vous parler d’un petit village de Corse-du-Sud, de la région de la Cirnaca : le hameau de Muna, rattaché à la commune de Murzu, progressivement abandonné à la suite de la Première Guerre mondiale puis à celle de 39/45. Aujourd’hui, un programme de réhabilitation est en cours pour ce petit hameau de Muna occupé en hiver par deux ou trois habitants.



Le village de Muna veut s'offrir une nouvelle vie

Les pierres ont toutes une histoire à raconter. Celles du petit village de Muna pourrait en témoigner tant leur vie a abrité des joies, des peines,des souffrances, jusqu’à ce que les voix s’éteignent. Certains pensaient à jamais, et pourtant, aujourd’hui ces pierres riches du passé, gardiennes de l’histoire  sont à nouveau prêtes à entendre les bruits de la vie du quotidien.
Le chemin sera long pour y parvenir, mais toutes les bonnes volontés regroupées autour de l’association « A Munesa » tendent vers ce but.
Dans cette belle région de la Cirnaca, ancienne piève d’Orcino, le village de Muna situé à 8 km de Murzu et à 6 km de Rosazia, sélève sur une pente aride, au pied de la montagne de la Sposata.

Pour s’y rendre, l’idéal est d’emprunter la D81 jusqu’à Sagone, puis la D70 jusqu’à Vico. A la sortie du village, prendre la D23 jusqu’à Murzu. A côté de l’église, à droite, direction Muna. Continuer ensuite sur la D4, par le passage de Bocca à Verghjiu, la route étroite et sinueuse se poursuit sur environ 7 km offrant un spectacle impressionnant avec des falaises qui défilent devant vous.
Au bout, c’est le bonheur assuré. Vous laissez votre voiture face à des boites aux lettres installées en bordure de route.


Construit vers 1740 pour l’exploitation forestière
Le village de Muna a été construit vers 1740 pour permettre l’exploitation forestière. Le bois était acheminé par le fleuve Liamone afin d’être expédié pour la réalisation de traverses de chemin de fer, mâts de bateaux et autres.
Perché à flanc de montagne, le village s’étage au gré des constructions en pierre.
La vie au village était intense, pour s’y rendre ses habitants empruntaient un chemin muletier de plus de 10 km. Muna vivait de ses propres ressources avec ses jardins, oliviers, châtaigniers, arbres fruitiers…
Le  pain se faisait dans des fours dont on peut encore en voir des vestiges. Il  existait également un moulin.
Dans les années 1900, les enfants de Muna ont grandi et sont partis à la guerre. Malheureusement, comme beaucoup d’autres, nombreux sont ceux à être tombés au champ d’honneur durant la guerre 14/18 mais aussi au cours de la seconde guerre et autres théâtres de conflits.
Cette descente vers l’oubli, l’abandon  était inexorable. Les  maisons se sont fermées les unes après les autres, laissant la place au passé
Vers la fin des années 50, début 60, les pierres de Muna ont  cessé de vivre, de chanter de rire…
Jusqu’à cette volonté d’un des descendants des Nivaggioli de s’installer là dans la maison de ses ancêtres et d’une poignée d’irréductibles bien décidés à se regrouper  au sein d’une association «  A Munesa »,  pour redonner vie à ce village abandonné à la particularité d’être construit en escaliers tout en pierre.
Vers la fin des années 1970, le sentier muletier était remplacé par une route goudronnée. C’était le début de cette seconde vie tant espérée.


« L’Omu di Muna »  des frères Vincenti
Souvenez-vous aussi de cette chanson écrite par les frères Vincenti et interprétée par Antoine Ciosi. « L’Omu di Muna » devait faire le tour du monde et œuvrer elle aussi à la renaissance de ce village.
Aujourd’hui donc la vie reprend petit à petit, l’eau a été amenée au pied des maisons, tout près de la source,  une maison est occupée à l’année, l’électricité est pour l’heure alimentée par quelques panneaux solaires.
A côté de l’église du XVII ie avec sa toiture bleue toute refaite, une plaque  « Muna à ses enfants » rappelle le lourd tribut payé lors des guerres par les Nivaggioli et Rossi.
Dans l’église, si la toiture et l’autel sont aujourd’hui en état de recevoir des fidèles, en revanche le presbytère est lui toujours à l’abandon.

A cette époque de l’année, contrairement à l’été on y croise peu de monde, mais ce qui viennent là, le font pour la beauté du site, pour s’imprégner de ces valeurs du passé et rendre hommage à nos ancêtres.
«  Pour moi, c’est un lieu de pèlerinage, à chaque fois que l’occasion m’en ai donnée j ;adore venir me ressourcer là au cœur de ces pierres, de tenter de comprendre et d’imaginer ce que fut la vie de ces ruines. C’est un endroit merveilleux rempli d’émotions » commente une jeune femme originaire de Moselle.
La balade terminée, ce n’est pas sans une note de nostalgie que l’on s’éloigne.