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Lancement de l'appli StopCovid. Pour la LDH Corse "Nos libertés sont prises au piège"


MV le Lundi 1 Juin 2020 à 15:03

L'application StopCovid sera disponible au téléchargement à partir de demain, 2 juin, à midi. L'appli permettant le traçage des personnes positives au Covid-19 par le "suivi de ses contacts" ou "contact tracing" ne fait pas l'unanimité en Corse où la Ligue des droits de l'homme alerte sur les dangers que représente cet outil numérique de traçage pour notre vie privée et nos libertés.



Lettre de la LDH aux citoyennes et citoyens

L’application STOPCOVID peut sembler une bonne idée. Son but est de tracer les « chaînes de contacts » des personnes testées positives à la maladie. Installée volontairement sur un smartphone, elle permet de prévenir tous les utilisateurs qui auront été en contact avec une personne malade, celle-ci s’étant signalée.
L’application a été approuvée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Mais elle est loin d’avoir fait l’unanimité. Et pour cause.
Il y a d’abord son coût qui s’ajoute aux dépenses importantes déjà engagées dans des outils numériques, au détriment d’importants besoins dans les hôpitaux et les EHPAD, au détriment de politiques de santé publiques fondées sur l’humain, au profit d’une société de contrôle.
Contrairement à ce qui est affirmé, l’anonymat n’est pas garanti en raison même de la conception de l’application fonctionnant avec des pseudonymes qui permettent toujours la ré-identification et qui seront distribués par un serveur central pouvant être piraté. Ceci est d’autant plus dangereux qu’il s’agit de données de santé, par définition sensibles et normalement protégées par le secret médical.
De plus, nous savons que les systèmes d’exploitation des smartphones, Android et iOS, permettent à leur fournisseur Google et Apple de récupérer des données personnelles : les données de STOPCOVID ne devraient pas leur échapper. Et peut-on être naïf au point de penser que ces GAFA n’utiliseraient pas dans d’autres circonstances cette technologie de contrôle expérimentée à grande échelle.  
On avance aussi l’argument du « volontariat » mais qu’en sera-t-il si l’application est recommandée pour continuer à travailler ou pour accéder à certains lieux ? Quant aux personnes qui ne souhaitent pas l’installer, seront-elles soupçonnées de cacher des informations, de ne pas être transparentes, en somme coupables de protéger leur vie privée ?
Par cette application, on habitue les citoyens à être surveillés et à devenir les surveillants de chacun. Une fois de plus, on entretient la peur de la maladie, on normalise la défiance envers les personnes malades, on incite à la méfiance envers ceux qui refuseront d’installer l’application ou qui ne pourront pas, faute de smartphone.
Depuis l’annonce par le gouvernement de cette application, la LDH alerte sur les dangers que présente son utilisation pour la vie privée. Au moment de sa mise en place, elle appelle chacune et chacun à refuser cette soumission à un contrôle permanent.
Ensemble, ne cédons pas à ce piège d’une société où nos libertés sont menacées par la réalisation d’une surveillance technologique généralisée."