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La destruction des terrasses des bars de la place de Porto-Vecchio marque la fin d’une époque


Irène Ferrari le Dimanche 10 Février 2019 à 17:40

On peut dire que les travaux de la ville de Porto-Vecchio et principalement ceux de la place de la République auront fait couler beaucoup d’encre. Que l’on soit, politiquement, d’un côté ou de l’autre, les opinions de chacun ont été exprimées tout au long de ces derniers mois, autour d’un café, à l’heure de l’apéro, en famille, ou au hasard de rencontres dans les commerces.



Début des travaux sur la haute ville de Porto-Vecchio
Début des travaux sur la haute ville de Porto-Vecchio
Et les souvenirs sont remontés à la surface avec une certaine nostalgie, dans les discours de ceux qui sont nés à Porto-Vecchio ou qui l’ont connu depuis au moins 50 ans en arrière.

Beaucoup d’événements ont été évoqués dans les conversations, tour à tour des anecdotes de la vie porto-vecchiaise, avec comme toile de fond le sentiment du «  vivre ensemble », l’évocation de personnes trop tôt disparues et qui étaient plus connues par leurs surnoms que par leurs noms. A  l’époque, les anciens qui avaient beaucoup d’humour, avaient pour habitude  de surnommer les gens par rapport à leur trait de caractère ou leur apparence physique.

Une riveraine nous a expliqué que sur la place de la République, les voitures se garaient, c’était un parking d’où les pompiers eux-mêmes tiraient le feu d’artifice le 14 Juillet, où le bonhomme en paille du Ludareddu était brûlé le 31 Juillet ; il y avait une activité artisanale avec des exposants réguliers, des peintres avec leurs chevalets, des vendeurs de ballons et de roses qui déambulaient tout autour de la place, des chanteurs occasionnels, des bals, des courses en sac à la St Jean etc……

Puis peu à peu les réglementations ont fait disparaître toutes ces activités, un jet d’eau a surgi au milieu de cette place qui a cessé d’être un parking. Il a fonctionné peu de temps, c’était le grand plaisir des enfants qui y trempaient leurs pieds, mais aussi la bête noire des services d’entretien qui au petit matin retrouvaient la place envahie d’eau savonneuse et moussante, du fait des incivilités de certains qui au cours de la nuit avaient vidé du shampoing dans la fontaine…..

Une autre habitante de la ville se rappelle aussi que les terrasses des bars ont commencé à s’étaler lorsque les voitures n’ont plus eu le droit de stationner, et elle a évoqué les anciens noms des bars de la place : «  Il y avait chez Minette (actuellement le Bon Coin), le Tout Va Bien (Shanka Bar), les Beaux-Arts et le Franco-anglais (Bel Ombra). Puis le Glacier de la Place a ouvert remplaçant la Société Générale. La population des hameaux autour de la ville, venait à la banque, faisait réparer leur télé chez Marco Mela, allait chez le cordonnier, achetait leur viande chez Paul Bichet, chez Francis Cucchi, leur pain chez Pietri (place de l’église) ou chez Mallaroni.
Avec le problème du stationnement, Mallaroni a déménagé, Paul Bichet aussi, les cordonniers ont fermé, les banques et la poste, ainsi que de nombreux commerces, les épiceries « chez Jeannette », chez Mme Forconi, etc…. »


Autant de noms qui ravivent une mémoire attendrie, en pensant à tous ces gens que l’on ne rencontre plus ou de moins en moins, au détour d’une allée de supermarché.

Ces jours-ci le démontage et découpage de toutes les structures des bars installées depuis des années sur la place a provoqué un choc visuel, tant la population s’y était habituée. Et c’est toute une période de rencontres diverses, et de fêtes, souvent tardives qui vont à leur tour, pendant quelques années, faire partie des souvenirs dans la tête de ceux qui y ont participé.

La ville de Porto-Vecchio doit se tourner vers l’avenir, elle le fait dans la douleur d’un accouchement de modernisme aussi bien dans les structures des rues nouvellement pavées, que dans les devantures de magasins ou terrasses de bars rénovées selon les nouvelles réglementations. Ce modernisme va côtoyer les anciens bâtiments et immeubles existants qui contribueront fort heureusement à faire perdurer le caractère historique de la haute ville de Porto-Vecchio, dans l’espoir que ces deux aspects de la ville la conduisent vers une fréquentation et une attractivité en progression, pour le bien de tous.