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La chambre de commerce et d'industrie de Corse appelle à une réforme des réseaux consulaires


le Jeudi 28 Juin 2018 à 18:20

"Il apparait nécessaire de conduire rapidement une réforme structurelle et spécifique des réseaux consulaires qui pourraient, en Corse, à titre expérimental, voir leur régime et leur statut évoluer, notamment par un changement de tutelle, de l’Etat vers la Collectivité de Corse avec une nouvelle cartographie de leurs missions, réforme largement évoquée pour les CCI par un rapport récent de l’IGF commandé à ce sujet par le ministre de l’Economie et desFinances. »



La chambre de commerce et d'industrie de Corse appelle à une réforme des réseaux consulaires
C'est la conclusion de la motion votée à l'unanimité jeudi matin à Bastia par la chambre de commerce et d'industrie de Corse réunie autour de son président Don François Nicolaï.
Ce vote unanime avait été précédé d'une longue intervention explicative du président de la chambre régionale.

"Nous avions déjà eu l’occasion, au cours de nos réunions précédentes, d’exprimer nos inquiétudes, nos difficultés et même notre mécontentement devant les arbitrages budgétaires particulièrement défavorables que nous avons eu à surmonter depuis 2012.
Nous avions également eu l’occasion d’exprimer notre volonté de ne rien interrompre, freiner ou ralentir de nos actions, malgré les baisses de ressources infligées et nous avons démontré, encore il y a peu, que malgré la chute de 52 % de nos ressources affectées par l’Etat, nous restions mobilisés et actifs.

 

Lors de la visite de notre Ministre de tutelle au début du mois, les 4 et 5 juin à Ajaccio, nous avons ainsi contribué aux échanges, produit le rapport promis sur l’économie de la Corse avec le cabinet Goodwill Management, soutenu les éléments de diagnostic, et coopéré avec les autorités locales et nationales, comme si de rien n’était...
Contre mauvaise fortune, nous avions choisi de faire preuve de ténacité, avec pour seul objectif, notre credo, celui de rester utiles, efficaces, disponibles... aux côtés de l’ensemble des chefs d’entreprises et commerçants, au soutien de notre territoire, au service de l’économie de la Corse.

 

Malheureusement, cela n’aura pas suffi, ni à convaincre notre tutelle, ni à infléchir la trajectoire que nous a fléchée le Gouvernement.
Nous venons d’apprendre en effet, qu’à partir du rapport commandé à l’IGF, il avait été décidé, après arbitrage au plus haut niveau de l’Etat, de poursuivre « la politique du rabot », et après la nouvelle baisse inattendue de 150 M€ à absorber en 2018, qu’il y aurait un véritable tobogan budgétaire, à partir de 2019, avec une baisse de 100 M€ par an... pendant 4 ans.

 

Pour ce qui nous concerne, cela correspond à une marche déjà verticale de 6.7 à 5.4 M€ cette année, et ensuite un effondrement brutal pour atteindre 2.5 M€ en 2022, soit en dessous, très largement en dessous, du seuil vital de notre modèle institutionnel, organique et social.

 

 

 

Avec des ressources très largement inférieures aux masses salariales, avec donc un plan social projeté de plus de 5 000 collaborateurs, la trajectoire budgétaire affichée rejoint le pire des scénarios imaginé : celui de la disparition pure et simple des établissements consulaires en charge des politiques publiques économiques nationales dans les territoires.


Voilà pour le décor et pour les éléments de contexte dans lesquels nous sommes dorénavant condamnés à évoluer, et je ne vous cacherai par la colère, l’émotion et le sentiment d’injustice qui se sont emparés du réseau depuis la semaine dernière.
Cependant, nous ne sommes pas résignés, ni abattus, et d’ailleurs pour ce qui nous concerne, cela n’est qu’une demi surprise tant nous avions anticipé cette décision et recherché la construction d’une solution alternative depuis plusieurs mois.
Déjà en Septembre 2017, par un courrier au Président du Conseil Exécutif, puis lors de notre AG de Novembre 2017, ainsi qu’à l’occasion de notre Bureau de Février dernier, nous avions à chaque fois évoqué l’intérêt de réfléchir et travailler à un modèle d’organisation propre, tant nous ressentions la fragilité du modèle national.

 

Nous avons également travaillé avec les représentants du Ministère, les autorités préfectorales, M. le Secrétaire Général pour les Affaires de Corse, M. Bonnefoi, dont je dois saluer une nouvelle fois l’engagement et le discernement dans la conduite de nos dossiers ; sa contribution à la recherche de solutions et de réponses est déjà, à ce jour, proprement inestimable.
Nous avons aussi échangé et partagé avec les représentants de la mission IGF diligentée pour évaluer la situation économique en Corse, nous avons remis des mémos et des synthèses au Cabinet du Ministre Le Maire, et je dois dire que nous avons le sentiment d’avoir été, sinon entièrement compris, du moins favorablement entendus.

 

Le rapport national d’évaluation IGF-CGE-CGefi sur les évolutions des CCI et des CMA n’y est probablement pas pour rien tant il expose, par son scénario 2, l’intérêt de rapprocher les réseaux consulaires des régions, et vient ainsi légitimer notre propre proposition de réforme spécifique à la Corse et de transformation, de régénération locale de nos établissements.

 

A ce titre, nous ne sommes pas résolus à accepter notre disparition. Je vous proposerai tout à l’heure d’adopter une Motion visant à ouvrir l’expérimentation d’un nouveau modèle consulaire plus simple, plus efficace et surtout plus solide, plus résiliant, d’organisation de notre réseau en lien et connexion renforcés avec la Collectivité de Corse, ses Offices et Agences.
Cette Motion nous permettra de confirmer nos propositions au Gouvernement, et surtout à la Collectivité de Corse, car si le Ministre nous a déjà annoncé son accord de principe et la désignation de sa Secrétaire d’Etat, Mme Gény-Stephann, comme pilote du dossier, nous attendons dorénavant un signal fort de la Collectivité de Corse pour progresser efficacement dans cette direction.

 

Je ne vous cacherai donc pas mon impatience, celle de nos collègues qui ont participé aux échanges, celle de Jean
Dominici et de Paul Marcaggi, mais aussi de nos amis du réseau des Chambres de Métiers. Je ne cacherai pas plus longtemps notre impatience de voir et entendre nos élus s’exprimer clairement, comme l’a fait le Président de l’ADEC et de l’Office Foncier, Jean-Christophe Angelini, et comme va le faire prochainement le président Gilles Simeoni.

 

 

Le temps presse et notre modèle, ses évolutions, le scénario n°2 du rapport IGF, ne sont pas des réalités intangibles et minérales, car ce sont des constructions humaines, et la fenêtre qui s’ouvre aujourd’hui pour une solution qui serait utile à tous... peut très bien se refermer demain si elle n’est pas utilisée.
Je relancerai donc, avec l’appui de votre motion le Président du Conseil Exécutif de Corse, pour connaitre ses intentions, obtenir officiellement et rapidement sa position, afin de passer, avec vous et les services de l’Etat, à l’étape de construction suivante, car naturellement, je ne doute pas un seul instant de son engagement à nos côtés."