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La LDH évoque sa rencontre avec le préfet de Corse


Marilyne SANTI le Dimanche 20 Octobre 2013 à 12:07

Vendredi, une délégation du bureau de la section de Corse de la Ligue des Droits de l’Homme a rencontré Christophe Mirmand préfet de Corse. Un interlocuteur dont elle dit avoir apprécié la volonté d’écoute et la qualité de ses échanges. Pendant près d’une heure et demi la délégation a pu s’exprimer sur plusieurs dossiers importants : extrême-droite, criminalité, étrangers, réforme institutionnelle et constitutionnelle…. Un dialogue républicain que la LDH a toujours souhaité entretenir avec les représentants de l’Etat (exception faite pour Bernard Bonnet).



LDH délégation corse / Photo Marilyne SANTI
LDH délégation corse / Photo Marilyne SANTI
La LDH se dit inquiète de l’attrait nouveau pour l’extrême droite en Corse, représentée essentiellement par deux courants : le FN, national populiste et « une nébuleuse identitaire ethno-nationaliste autour du blog Patria Nostra ».  "Score important aux présidentielles, succès de la réunion publique de Marine Le Pen, interview et prise de position de certaine personnalités politiques, religieuses et de la société civile corse sur le blog de Patria Nostra," sont autant de faits qui pourraient faire craindre une banalisation de ce courant en Corse. D’autant plus facilement qu’il est facile de détourner de leurs inquiétudes de nombreux citoyens confrontés aux difficultés sociales. Concernant le FN, la LDH estime que malgré une implantation fragile, un score significatif aux municipales le placerait dans une position de perturbateur qu’il n’hésiterait pas à exploiter. « Le FN doit être combattu par des positionnements politiques sans ambigüité de la part des forces démocratiques en place ».

Criminaité

S’agissant de la criminalité, la LDH n’est pas en accord avec l’idée d’un système mafieux. Une audience auprès du procureur général est envisagée afin d’aborder le sujet tout comme celui du statut de repenti, conséquence du choix d’interprétation mafieux des dérives criminelles en Corse (urbanisme, laxisme de l’état, marchés publics…). Néanmoins, la LDH souligne le renforcement des moyens scientifiques, de police et de justice, et la fin des interpellations massives et systématiques (commandos du mardi) et a mis l’accent sur la méfiance d’une partie importante de l’opinion publique insulaire vis-à-vis de l’Etat, résultat d’une histoire conflictuelle non négligeable et d’une confusion de ce dernier entre maintien de l’ordre et paix publque. "Stigmatisation des corses, recours à la justice d’exception, dérives répressives, laxisme dans certains domaines (urbanisme, listes électorales…), comportements douteux de certains policiers", sont autant de sujets qui ont servi cette méfiance, « que seule la constance de l’Etat et le temps pourra rétablir ». La LDH, en vigile des respects des droits de l’homme, veillera à tout débordement et rappelle son engagement dans le collectif de onze signataires « contre les assassinats et la loi de la jungle » qui est sur le fond « un appel aux conscience et le refus de la fatalité hors de toute logique sécuritaire ».

Migrants et Europe

Au cours de cet entretien la LDH des sentiments qu’ont réveillé les drames de ces derniers jours au large de Lampedusa. « Utopie meurtrière des frontières maritime entre la rives nord et les rives sud et orientales de la Méditerranée au travers d’une législation européenne  relative au système Eurosur et d’une police maritime Frontex, dont l’objectif est de faire la chasse aux migrants et non de les secourir ».
Référence a été faite sur les Kurdes qui avaient atteint les rives de Bonifacio, « évènement qui illustrait bien le fantasme de l’invasion que les états entretiennent, qui n’est pas une réalité et qui ouvre la porte à la xénophobie ». Un grand débat sur l’immigration sera demandé par la LDH.

Constitution et citoyenneté de résidence

La délégation a aussi abordé les questions du devenir de la Corse en référence aux débats portés par l’Assemblée de Corse, réaffirmant son soutien à l’inscription de la mention « Corse » dans la Constitution, à la définition d’un nouveau droit linguistique pour la langue corse, et à l’obtention de nouveaux droits de décision.« Le développement des libertés locales et la reconnaissance dans la loi fondamentale de la diversité des territoires qui la composent ne sont pas à craindre ».
La LDH revendique une citoyenneté de résidence. La résolution de juin 2013 adoptée par le dernier Congrès national a été portée à la connaissance du préfet de Corse. Dans ce texte, intitulé « République, diversité territoriale et universalité des droits », la Corse est considérée comme une société politique de référence. Cette citoyenneté qu’elle revendique comporte, une dimension civique politique, dont le droit de vote et l’éligibilité pour tous les résidents et un statut fiscal reposant sur un impôt progressif ; une dimension culturelle dans le cadre de la construction d’une société bilingue sans discrimination (pluralisme) ; et une dimension économique touchant au droit de propriété qui ne se résume pas à la propriété privée individuelle, mais aussi aux biens collectifs air, eau, énergie, soins, éducation pour une société qui doit faire preuve de plus de justice sociale et de droit.
Enfin la LDH souhaite le plus rapidement l’ouverture d’un dialogue entre la Corse et la République qui associerait les élus, mais également la société civile corse afin  de mieux porter les attentes sociales et démocratiques de la société corse.