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L'édito de Jacques Renucci : Bruno Le Maire, le temps retrouvé


Jacques RENUCCI le Mardi 5 Juin 2018 à 16:30

Le ministre de l'Economie reprend les thèmes qu'il évoquait en tant que ministre de l'Agriculture, il y a sept ans, preuve que la Corse évolue lentement



L'édito de Jacques Renucci : Bruno Le Maire, le temps retrouvé
Il y a sept ans, les 5 et 6 mai 2011, Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture, était en visite en Corse. Sept ans, comme si c'était un siècle, tant l'histoire politique de la Corse s'est accélérée. A l'hôtel Campo dell'Oro, sur la terrasse ensoleillée, Bruno Le Maire rendait compte de ses entretiens avec la direction territoriale de gauche - et il avait quarante ans... Il n'avait pas connu l'épreuve des primaires dans son propre parti, l'échec et la remontée avec Macron, mais on le retrouve en ce début juin 2018 tel qu'on l'a connu : la même écoute attentive, le même esprit d'ouverture, la même volonté de comprendre – et en face, les mêmes dossiers, les mêmes problèmes. Il n'y a que sur eux, semble-t-il, que le temps n'a pas fait son œuvre.


En Corse, on connaît bien les hommes politiques qui sont férus de Marcel Proust, avec leurs madeleines au goût de falculelli. Le Maire, agrégé de lettres modernes, a rédigé sa thèse sur l'auteur de la Recherche. Et c'est bien le temps perdu qu'il est venu retrouver sur l'île. Le temps et l'air du temps... Hors le numérique, qui n'était pas dans ses attributions de naguère, il a principalement axé ses interventions économiques sur l'agriculture. Il a parlé de valorisation, de recherche d'excellence. Reportons-nous au 1er mars 2011, deux mois avant sa visite de terrain. Dans le cadre de la « transition agro-écologique » (vocabulaire optimiste de l'époque), il remettait les trophées de l'agriculture durable, « à la fois productrice et respectueuse de l'environnement ».


Dans la catégorie « structures », une mention spéciale était attribuée au groupement régional des producteurs et transformateurs de châtaignes et marrons de Corse, qui se voyait aussi décerner une mention du jury pour la création d’une AOC Farine de châtaigne Corse, « initiative qui est un exemple à suivre en matière de réactivation et de valorisation d’une filière traditionnelle.» Pas de chance, 2011, c'est aussi l'arrivée du cynips dévastateur sur les châtaigneraies de l'île...



Aujourd'hui, le discours du ministre n'a pas varié : les filières bien structurées constituent un préalable à toute réussite. C'est en effet à travers leur bon fonctionnement que la qualité des produits peut se faire connaître. Comme en 2011, il a été question d'aides, de dérogations possibles, de fiscalité, de défense des terres agricoles. Bruno Le Maire l'a assuré : il ne vient pas en ordonnateur portant la voix d'en haut, mais en partenaire attendant des propositions. L'immobilisme ne serait-il que de façade ? Le ministre a constaté des progrès liés à un haut niveau d'exigence, dans la viticulture, la production fromagère ou la charcuterie. En ce qui concerne ce dernier secteur, n'oublions pas que nous avons affaire à un spécialiste : Bruno Le Maire n'a-t-il pas dans sa jeunesse publié un roman légèrement cochon aux éditions Harlequin, sous le pseudonyme de Duc William ?

Bruno Le Maire en 2011 à l'office agricole en compagnie de Paul Giacobbo, alors président du Conseil exécutif, Sauveur Gandolfi-Scheit, député et Joseph Castelli, président du conseil général de la Haute-Corse (Photo CNI)
Bruno Le Maire en 2011 à l'office agricole en compagnie de Paul Giacobbo, alors président du Conseil exécutif, Sauveur Gandolfi-Scheit, député et Joseph Castelli, président du conseil général de la Haute-Corse (Photo CNI)