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L’Associu di i Parenti Corsi se mobilise pour le statut de coofficialité


Nicole Mari le Vendredi 21 Décembre 2012 à 00:24

Si le projet de coofficialité de la langue corse proposé par le conseiller exécutif, Pierre Ghionga, est contesté par certains syndicats de l'Education nationale, la principale association insulaire de parents d'élèves lui apporte un soutien sans faille. L’Associu di i Parenti Corsi (APC) s'est mobilisée, devant les grilles de l’Assemblée de Corse (CTC), dès l'ouverture de la session. Elle réclame l’adoption rapide du statut et la création d’une brigade d'intervenants pour pallier, à court terme, le manque d’enseignants dans le primaire. Elle appelle à une large mobilisation pour sauver la langue. Explications, pour Corse Net Infos, de Denis Luciani, président de l'APC.



L’Associu di i Parenti Corsi se mobilise pour le statut de coofficialité
- Quelle est votre position sur le projet de statut de coofficialité de la langue ?
- Face à des prises de position réticente de certains syndicats et groupes conservateurs, nous tenons à dire que la première fédération corse de parents d'élèves soutient le texte proposé à la CTC. Nous souhaitons même que ce texte soit voté rapidement et dans son intégralité. Si on le vote en partie et qu'on retire les moyens qu'il prévoit, notamment la mise à disposition des enseignants, ce texte perd son sens. 
 
- Vous évoquez également un problème à court terme. De quoi s'agit-il ?
- Le manque d'enseignants dans le primaire, à la fois, pour assurer les 3 heures de cours en filière normale et les cours de la filière bilingue. La ressource enseignante pâtit d'un déficit de 40%. Il faut trouver une solution à court terme, sinon des générations d'élèves auront un enseignement discontinu pendant les 10 à 15 ans à-venir, le temps que le statut de coofficialité soit efficace. 
 
- Faudra-t-il dix ans pour mettre en oeuvre la coofficialité, si elle est votée ?
- Il faudra 10 ans pour fabriquer des générations bilingues. Mais, tant qu'on n'aura pas trouvé un moyen de substitution à ces 40%, soit 630 enseignants qui n'ont pas la capacité d'enseigner la langue corse en primaire, on ne pourra pas obtenir un enseignement généralisé et le bilinguisme. Cette réalité, patente depuis une dizaine d'années, aboutit, aujourd'hui, à la discontinuité des filières bilingues et à des problèmes de remplacement. Même l'enseignement des 3 heures n'est pas assuré. 
 
- Que proposez-vous pour pallier ce manque ?
- Nous proposons, depuis des années, la création d'une brigade de 75 intervenants dans le primaire. Pour assurer la transition d'ici à la mise en place du statut de coofficialité, nous ne voyons pas d'alternative.
 
 - Pourquoi votre proposition se heurte-t-elle à une fin de non-recevoir ?
- Il n'y a ni fin de non-recevoir, ni blocage. Le rectorat est d'accord, mais il reste à mettre en place les moyens. L'investissement n'est pas énorme. Nous l'avons chiffré à 2,4 millions €.
 
- Que ferez-vous si le gouvernement refuse le statut de coofficialité ?
- Si la CTC vote la coofficialité, nous n'accepterons pas que l'Etat, au nom de sa propre logique, refuse l'expression démocratique de la Corse. C'est à lui de trouver les moyens juridiques de reconnaître cette coofficialité, sinon cela voudrait dire que la raison d'Etat est plus forte que la raison démocratique. Ce qui est inacceptable ! On sait très bien qu'il faudra se mobiliser dans la rue. On est prêt à le faire.
 
- Justement, pourquoi dites-vous que le combat se gagnera dans la rue ?
- Face aux conservatismes locaux et la logique jacobine de l'Etat qui s'abrite derrière l'article 2 de la Constitution, il faudra descendre manifester dans la rue pour défendre la langue corse. Nous lançons un appel à toutes les forces disponibles qui sont prêtes à se mobiliser, notamment les jeunes. Ce combat sera le combat de l'année 2013.
 
Propos recueillis pas Nicole MARI