Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite Un Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse. Photo Paule Santoni.
- Le Conseil des ministres a adopté le texte initial du projet d’écritures constitutionnelles, voté par l’assemblée de Corse, sans y intégrer l’avis du Conseil d’Etat. Pourquoi êtes-vous contre ?
- Je ne suis pas contre le principe du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la Corse dans la loi fondamentale puisque je promeus d’une part, la reconnaissance de ce que nous sommes singulièrement et d’autre part, l’objectif que les demandes de différenciation aient un fondement constitutionnel. En revanche, faire fi des préconisations du Conseil d’Etat est une façon de différer le problème, notamment pour ce qui concerne le pouvoir législatif, qui, je l’assume, est un danger pour la Corse. Au reste, tout le monde sait que cet avis comptera dans la balance au Parlement. Feindre de l’ignorer relève au mieux de la faiblesse, au pire de l’irresponsabilité !
- Vous avez fustigé une majorité, selon vos mots « enchainée au texte initial ». N’est-ce pas normal de défendre jusqu’au bout un accord validé à la quasi-unanimité à l’Assemblée de Corse et que vous avez aussi signé ?
- La majorité territoriale fait un casus belli de cette affaire et avance avec des œillères, refusant tout aménagement du texte. Or, on sait pertinemment que le texte sera modifié au Parlement car il n’a aucune chance d’aboutir dans cette version. Le président de l’Exécutif cherche avant tout à donner des gages à sa base militante, mais en oublie la Corse, l’immense majorité de ceux qui veulent que ce processus se traduise de façon opérationnelle. Vous dites que j’ai signé… Relisez bien l’accord du 23 février 2024, un accord qui prend acte des différentes options, de la position majoritaire en faveur du pouvoir législatif avec l’octroi de l’ensemble de compétences, hors régalien. Mais aussi de la position minoritaire, la mienne, consistant à rendre effectif le pouvoir d’adaptation du droit en fonction des spécificités de la Corse. Je n’ai jamais rien signé qui conduise à exercer le pouvoir législatif dans le domaine de l’école, de la santé ou du social. Que ce soit dit, lu, su et bien compris !
- Vous dites qu’il y a des choses qui pouvaient être enrichies, y compris l’article Un. Lesquelles par exemple ? Qu’auriez-vous suggéré ?
- Il était question de reconnaître notamment le concept de relief montagneux qui aurait ouvert de nouveaux droits, notamment dans le rural. On a fait fi de cette dimension pour se concentrer comme d’habitude sur des concepts bien moins opérationnels et plus politiques. Je le regrette.
- Comment analysez-vous le fait que la totalité du gouvernement, dont la droite, à l’exception de Bruno Retailleau, ait validé le texte et le transfert du pouvoir législatif, selon le ministre ?
- Je n’ai pas à analyser ce qu’il se passe au sein d’un Gouvernement qui cherche à satisfaire l’engagement du Président Macron. Il a été loin dès le début, au-delà de ce qu’il pouvait promettre en l’absence de majorité parlementaire. La plupart de ses ministres essaient de ne pas le dédire. Bruno Retailleau est dans une position plus réaliste, il connaît bien le Parlement et sait qu’il y a de grandes chances pour que le texte initial ne soit pas le texte voté in fine. Et tout le monde le sait aussi bien au gouvernement qu’en Corse. Jusqu’au quand va-t-on ainsi jouer avec l’avenir de la Corse ?
- Le texte sera présenté en première lecture au Sénat aux alentours du 17 ou du 20 octobre. Vous parlez d’un « retour à la réalité ». Comment envisagez-vous la suite ?
- Comme tout texte instruit par le Parlement, les deux Chambres vont s’en saisir, d’abord en Commission des lois, puis en séance publique, au Sénat, puis à l’Assemblée nationale, et l’inscription au Congrès ne pourra se faire que si le texte est adopté dans les mêmes termes par les deux Chambres. Et personne ne peut faire semblant de connaître ce chemin semé d’obstacles car la composition politique du moment est ce qu’elle est.
- Allez-vous faire du lobbying contre, comme semble le présupposer les Nationalistes, et à l’instar du sénateur Panunzi ?
- On ne peut pas aborder les choses de façon aussi manichéenne. Je ne fais pas de lobby contre, ni même le sénateur Panunzi. Nous sommes favorables à ce que le projet aboutisse mais pas en ces termes, notamment sur le pouvoir législatif. Si un cycle d’auditions est organisé par les Commissions des lois, je ferai valoir ce qu’implique le pouvoir législatif, avec l’instauration en Corse d’un régime de type calédonien où la décision dans tous les domaines incombera aux élus territoriaux alors même que la Collectivité de Corse (CDC) est financièrement exsangue et que l’on cherche à lutter contre les comportements prédateurs et les dérives mafieuses. En l’absence de garde-fous, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner. Il est grand temps de sortir de la pensée unique, de retrouver un peu de respiration démocratique et de considérer qu’une pensée alternative existe en Corse, capable de promouvoir, elle aussi, un avenir collectif de paix et de développement maîtrisé.
- Vous demandez un référendum préalable au débat parlementaire, or l’assemblée nationale estime qu’une telle consultation ne peut venir qu’après le vote du Congrès. Pourquoi, selon vous, est-ce nécessaire avant ? Est-ce l’épreuve de vérité ?
- C’est impératif ! Une consultation sur la question centrale de l’octroi ou non du pouvoir législatif à la CDC s’impose. Il est impensable que l’on renouvèle l’OPA de la loi NOTRe sur la collectivité unique alors que les Corses avaient voté non en 2003. Je n’imagine pas que ce processus arrive à son terme sans que les Corses n’aient été consultés sur cette réforme qui les engage durablement. A moins que les tenants de cette forme d’autonomie en craignent le résultat…
-Vous martelez que l’autonomie n’intéresse pas les Corses et que la Corse n’a pas les moyens d’y accéder. Pourtant, elle pourrait changer la donne. Qu’est-ce qui vous inquiète autant ?
- Je regrette que trois ans après l’ouverture du processus, on se focalise sur le volet statutaire. Ça reste très conceptuel. On n’a qu’esquissé la perspective d’un grand soutien financier de rattrapage infrastructurel. Or c’est la clef de la réussite de notre île. « Le changement de donne » est une vue de l’esprit auquel la majorité ne croit plus elle-même. Au final, je crains en épilogue un immense gâchis et un double échec, tant institutionnel que structurel.
- Lors des débats budgétaires, vous avez agité le drapeau rouge de la faillite financière de la CdC. N’est-ce pas un peu excessif ?
- Depuis 2018, nous maintenons que la trajectoire n’est pas tenable à terme. Xavier Lacombe avait été raillé par la majorité, il y a deux ans, lorsqu’il fustigeait le cap des milliards passé, le milliard de dettes, le milliard de dépenses de fonctionnement… La fusion a été impréparée, l’Exécutif a fait le choix d’harmoniser les conditions salariales par le haut, tout départ à la retraite est systématiquement remplacé. La majorité met en cause les dépenses sociales issues des départements. Pourtant c’est elle qui a réclamé à cor et à cri la fusion des départements ! L’objectif inavoué de neutralisation politique des contre-pouvoirs a un coût qui se paye aujourd’hui.
- Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse a été votée la révision du PADDUC, document que vous critiquez de manière récurrente. Vous avez obtenu un resserrement du calendrier à 2027. Pourquoi estimez-vous que ce n’est pas suffisant ?
- En novembre 2024, avec trois années de retard, nous actions le principe de la révision. Le choix d’une révision partielle plutôt que totale a été retenu pour que la procédure soit plus rapide. Le 22 août 2027, toute commune dépourvue d’un document d’urbanisme - 57% à ce jour en Corse - ne pourra plus se voir délivrer un document d’urbanisme en application des dispositions de la loi ZAN. 2027, c’est déjà trop tard, puisque les PLU doivent être mis en comptabilité avec le PADDUC, et ça ne se fait pas en un claquement de doigt. On paye le prix de l’irresponsabilité et de la procrastination. Le PADDUC reste un document assez mal perçu par les maires.
- Quel est le principal reproche ? Qu’est-ce qui pourrait, selon vous, le rendre plus consensuel ?
- Je vous passe toute la partie théorique sur le bonheur et la paix dans le monde. Le schéma d’aménagement territorial, livret opérationnel, qui a valeur de DTA (directive territoriale d’aménagement) et est engageant en termes d’urbanisme et d’aménagement, doit être simplifié. C’est une requête que nous faisons depuis des années, notamment sur la classification en ESA (espaces stratégique agricole). Il faut revoir le critère de la pente et celui de la tâche urbaine. Geler par principe 105 000 hectares de façon artificielle, sans mise en exploitation, n’a aucun sens et contraint les maires désireux d’élaborer un PLU.
- Vous voulez « solder le PADDUC » avant 2028 afin que les Corses se prononcent sur la politique de l’Exécutif. On rentre dans une longue phase électorale avec des enjeux différents, mais, pour l’opposition, l’enjeu est toujours le bilan de l’Exécutif. Pourquoi ?
- Parce que c’est le fondement même de la démocratie. Depuis dix ans, les majorités conduites par Gilles Simeoni reposent sur des incantations et des opérations symboliques, lorsque la Corse a besoin de travaux de rattrapage et d’aides au développement. On préfère acheter un terrain à Cavallo ou à la cave Depeille que de mettre en œuvre des politiques concrètes en termes de logement ou d’action économique. Le PADDUC aurait dû faire l’objet d’un bilan en 2021, on l’a fait fin 2024. Aurait-on pardonné ce manquement à une majorité non nationaliste ?
- A quelques mois des municipales bastiaises, on parle d’alliances de l’opposition, droite-gauche-PNC, une sorte d’union sacrée pour prendre la mairie. Participez-vous à ces discussions et à cette alliance ?
- Je participe à des discussions de préfiguration des municipales à Bastia, prioritairement avec ma famille politique. Vous comprendrez bien que je n’ai pas à en divulguer la teneur.
- Serez-vous candidat à Bastia ?
- J’ai assumé mes responsabilités en 2020. Concernant 2026, vous le saurez lorsqu’une décision sera prise.
- Les derniers scrutins locaux ont montré une forte poussée du RN. Est-ce une nouvelle donne qu’il faut envisager sur des scrutins municipaux et qui pourrait bouleverser l’échiquier politique ?
- La donne politique a changé. Le non-cumul des mandats instauré par Manuel Valls en 2013 a contribué à décorréler le Parlement des territoires, aggravant l’abstention, faisant mécaniquement augmenter le score des extrêmes. Lorsqu’avant l’électorat se mobilisait pour que leur maire devienne ou reste député, il y a désormais une sorte de désintérêt qui détourne des urnes, ou un vote sanction que l’on exprime à des Européennes par exemple pour, dit-on, « se faire plaisir » ou « donner un coup de pied dans la fourmilière ». Tant qu’on ne sera pas revenu à un système plus rationnel, on devra composer avec des forces extrêmes. Et la Corse n'échappera pas à cette logique ! On l’a vu pour les dernières législatives où le RN a fait de bons scores partout. L’Assemblée nationale donne un spectacle affligeant avec un groupe LFI qui bordélise l’activité parlementaire… Lorsque des maires pouvaient siéger au Parlement, la raison l’emportait. Il faut espérer que l’on puisse retrouver cette qualité cruciale.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Je ne suis pas contre le principe du projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la Corse dans la loi fondamentale puisque je promeus d’une part, la reconnaissance de ce que nous sommes singulièrement et d’autre part, l’objectif que les demandes de différenciation aient un fondement constitutionnel. En revanche, faire fi des préconisations du Conseil d’Etat est une façon de différer le problème, notamment pour ce qui concerne le pouvoir législatif, qui, je l’assume, est un danger pour la Corse. Au reste, tout le monde sait que cet avis comptera dans la balance au Parlement. Feindre de l’ignorer relève au mieux de la faiblesse, au pire de l’irresponsabilité !
- Vous avez fustigé une majorité, selon vos mots « enchainée au texte initial ». N’est-ce pas normal de défendre jusqu’au bout un accord validé à la quasi-unanimité à l’Assemblée de Corse et que vous avez aussi signé ?
- La majorité territoriale fait un casus belli de cette affaire et avance avec des œillères, refusant tout aménagement du texte. Or, on sait pertinemment que le texte sera modifié au Parlement car il n’a aucune chance d’aboutir dans cette version. Le président de l’Exécutif cherche avant tout à donner des gages à sa base militante, mais en oublie la Corse, l’immense majorité de ceux qui veulent que ce processus se traduise de façon opérationnelle. Vous dites que j’ai signé… Relisez bien l’accord du 23 février 2024, un accord qui prend acte des différentes options, de la position majoritaire en faveur du pouvoir législatif avec l’octroi de l’ensemble de compétences, hors régalien. Mais aussi de la position minoritaire, la mienne, consistant à rendre effectif le pouvoir d’adaptation du droit en fonction des spécificités de la Corse. Je n’ai jamais rien signé qui conduise à exercer le pouvoir législatif dans le domaine de l’école, de la santé ou du social. Que ce soit dit, lu, su et bien compris !
- Vous dites qu’il y a des choses qui pouvaient être enrichies, y compris l’article Un. Lesquelles par exemple ? Qu’auriez-vous suggéré ?
- Il était question de reconnaître notamment le concept de relief montagneux qui aurait ouvert de nouveaux droits, notamment dans le rural. On a fait fi de cette dimension pour se concentrer comme d’habitude sur des concepts bien moins opérationnels et plus politiques. Je le regrette.
- Comment analysez-vous le fait que la totalité du gouvernement, dont la droite, à l’exception de Bruno Retailleau, ait validé le texte et le transfert du pouvoir législatif, selon le ministre ?
- Je n’ai pas à analyser ce qu’il se passe au sein d’un Gouvernement qui cherche à satisfaire l’engagement du Président Macron. Il a été loin dès le début, au-delà de ce qu’il pouvait promettre en l’absence de majorité parlementaire. La plupart de ses ministres essaient de ne pas le dédire. Bruno Retailleau est dans une position plus réaliste, il connaît bien le Parlement et sait qu’il y a de grandes chances pour que le texte initial ne soit pas le texte voté in fine. Et tout le monde le sait aussi bien au gouvernement qu’en Corse. Jusqu’au quand va-t-on ainsi jouer avec l’avenir de la Corse ?
- Le texte sera présenté en première lecture au Sénat aux alentours du 17 ou du 20 octobre. Vous parlez d’un « retour à la réalité ». Comment envisagez-vous la suite ?
- Comme tout texte instruit par le Parlement, les deux Chambres vont s’en saisir, d’abord en Commission des lois, puis en séance publique, au Sénat, puis à l’Assemblée nationale, et l’inscription au Congrès ne pourra se faire que si le texte est adopté dans les mêmes termes par les deux Chambres. Et personne ne peut faire semblant de connaître ce chemin semé d’obstacles car la composition politique du moment est ce qu’elle est.
- Allez-vous faire du lobbying contre, comme semble le présupposer les Nationalistes, et à l’instar du sénateur Panunzi ?
- On ne peut pas aborder les choses de façon aussi manichéenne. Je ne fais pas de lobby contre, ni même le sénateur Panunzi. Nous sommes favorables à ce que le projet aboutisse mais pas en ces termes, notamment sur le pouvoir législatif. Si un cycle d’auditions est organisé par les Commissions des lois, je ferai valoir ce qu’implique le pouvoir législatif, avec l’instauration en Corse d’un régime de type calédonien où la décision dans tous les domaines incombera aux élus territoriaux alors même que la Collectivité de Corse (CDC) est financièrement exsangue et que l’on cherche à lutter contre les comportements prédateurs et les dérives mafieuses. En l’absence de garde-fous, je vous laisse imaginer ce que ça peut donner. Il est grand temps de sortir de la pensée unique, de retrouver un peu de respiration démocratique et de considérer qu’une pensée alternative existe en Corse, capable de promouvoir, elle aussi, un avenir collectif de paix et de développement maîtrisé.
- Vous demandez un référendum préalable au débat parlementaire, or l’assemblée nationale estime qu’une telle consultation ne peut venir qu’après le vote du Congrès. Pourquoi, selon vous, est-ce nécessaire avant ? Est-ce l’épreuve de vérité ?
- C’est impératif ! Une consultation sur la question centrale de l’octroi ou non du pouvoir législatif à la CDC s’impose. Il est impensable que l’on renouvèle l’OPA de la loi NOTRe sur la collectivité unique alors que les Corses avaient voté non en 2003. Je n’imagine pas que ce processus arrive à son terme sans que les Corses n’aient été consultés sur cette réforme qui les engage durablement. A moins que les tenants de cette forme d’autonomie en craignent le résultat…
-Vous martelez que l’autonomie n’intéresse pas les Corses et que la Corse n’a pas les moyens d’y accéder. Pourtant, elle pourrait changer la donne. Qu’est-ce qui vous inquiète autant ?
- Je regrette que trois ans après l’ouverture du processus, on se focalise sur le volet statutaire. Ça reste très conceptuel. On n’a qu’esquissé la perspective d’un grand soutien financier de rattrapage infrastructurel. Or c’est la clef de la réussite de notre île. « Le changement de donne » est une vue de l’esprit auquel la majorité ne croit plus elle-même. Au final, je crains en épilogue un immense gâchis et un double échec, tant institutionnel que structurel.
- Lors des débats budgétaires, vous avez agité le drapeau rouge de la faillite financière de la CdC. N’est-ce pas un peu excessif ?
- Depuis 2018, nous maintenons que la trajectoire n’est pas tenable à terme. Xavier Lacombe avait été raillé par la majorité, il y a deux ans, lorsqu’il fustigeait le cap des milliards passé, le milliard de dettes, le milliard de dépenses de fonctionnement… La fusion a été impréparée, l’Exécutif a fait le choix d’harmoniser les conditions salariales par le haut, tout départ à la retraite est systématiquement remplacé. La majorité met en cause les dépenses sociales issues des départements. Pourtant c’est elle qui a réclamé à cor et à cri la fusion des départements ! L’objectif inavoué de neutralisation politique des contre-pouvoirs a un coût qui se paye aujourd’hui.
- Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse a été votée la révision du PADDUC, document que vous critiquez de manière récurrente. Vous avez obtenu un resserrement du calendrier à 2027. Pourquoi estimez-vous que ce n’est pas suffisant ?
- En novembre 2024, avec trois années de retard, nous actions le principe de la révision. Le choix d’une révision partielle plutôt que totale a été retenu pour que la procédure soit plus rapide. Le 22 août 2027, toute commune dépourvue d’un document d’urbanisme - 57% à ce jour en Corse - ne pourra plus se voir délivrer un document d’urbanisme en application des dispositions de la loi ZAN. 2027, c’est déjà trop tard, puisque les PLU doivent être mis en comptabilité avec le PADDUC, et ça ne se fait pas en un claquement de doigt. On paye le prix de l’irresponsabilité et de la procrastination. Le PADDUC reste un document assez mal perçu par les maires.
- Quel est le principal reproche ? Qu’est-ce qui pourrait, selon vous, le rendre plus consensuel ?
- Je vous passe toute la partie théorique sur le bonheur et la paix dans le monde. Le schéma d’aménagement territorial, livret opérationnel, qui a valeur de DTA (directive territoriale d’aménagement) et est engageant en termes d’urbanisme et d’aménagement, doit être simplifié. C’est une requête que nous faisons depuis des années, notamment sur la classification en ESA (espaces stratégique agricole). Il faut revoir le critère de la pente et celui de la tâche urbaine. Geler par principe 105 000 hectares de façon artificielle, sans mise en exploitation, n’a aucun sens et contraint les maires désireux d’élaborer un PLU.
- Vous voulez « solder le PADDUC » avant 2028 afin que les Corses se prononcent sur la politique de l’Exécutif. On rentre dans une longue phase électorale avec des enjeux différents, mais, pour l’opposition, l’enjeu est toujours le bilan de l’Exécutif. Pourquoi ?
- Parce que c’est le fondement même de la démocratie. Depuis dix ans, les majorités conduites par Gilles Simeoni reposent sur des incantations et des opérations symboliques, lorsque la Corse a besoin de travaux de rattrapage et d’aides au développement. On préfère acheter un terrain à Cavallo ou à la cave Depeille que de mettre en œuvre des politiques concrètes en termes de logement ou d’action économique. Le PADDUC aurait dû faire l’objet d’un bilan en 2021, on l’a fait fin 2024. Aurait-on pardonné ce manquement à une majorité non nationaliste ?
- A quelques mois des municipales bastiaises, on parle d’alliances de l’opposition, droite-gauche-PNC, une sorte d’union sacrée pour prendre la mairie. Participez-vous à ces discussions et à cette alliance ?
- Je participe à des discussions de préfiguration des municipales à Bastia, prioritairement avec ma famille politique. Vous comprendrez bien que je n’ai pas à en divulguer la teneur.
- Serez-vous candidat à Bastia ?
- J’ai assumé mes responsabilités en 2020. Concernant 2026, vous le saurez lorsqu’une décision sera prise.
- Les derniers scrutins locaux ont montré une forte poussée du RN. Est-ce une nouvelle donne qu’il faut envisager sur des scrutins municipaux et qui pourrait bouleverser l’échiquier politique ?
- La donne politique a changé. Le non-cumul des mandats instauré par Manuel Valls en 2013 a contribué à décorréler le Parlement des territoires, aggravant l’abstention, faisant mécaniquement augmenter le score des extrêmes. Lorsqu’avant l’électorat se mobilisait pour que leur maire devienne ou reste député, il y a désormais une sorte de désintérêt qui détourne des urnes, ou un vote sanction que l’on exprime à des Européennes par exemple pour, dit-on, « se faire plaisir » ou « donner un coup de pied dans la fourmilière ». Tant qu’on ne sera pas revenu à un système plus rationnel, on devra composer avec des forces extrêmes. Et la Corse n'échappera pas à cette logique ! On l’a vu pour les dernières législatives où le RN a fait de bons scores partout. L’Assemblée nationale donne un spectacle affligeant avec un groupe LFI qui bordélise l’activité parlementaire… Lorsque des maires pouvaient siéger au Parlement, la raison l’emportait. Il faut espérer que l’on puisse retrouver cette qualité cruciale.
Propos recueillis par Nicole MARI.
-
Coupe Gambardella à Mougins - Trois joueurs du SC Bastia par des jets d’engins pyrotechnique
-
Mickaël Ettori transféré à Marseille dès lundi
-
Rugby régional - Lucciana et les Ponettes bouclent 2025 en beauté
-
Football Grand Sud - La SVARR leader à la trêve
-
Natali in Aiacciu 2025 - Les images de la Grande parade illuminée










Envoyer à un ami
Version imprimable





