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Jean-Christophe Angelini : « Ce que nous voulons, c’est un projet populaire » pour relancer la dynamique du PNC


Mario Grazi le Mardi 10 Juin 2025 à 19:52

Président du groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse, maire de Purtivecchju et membre fondateur du Partitu di a Nazione Corsa Jean-Christophe Angelini revient sur l’assemblée générale du mouvement ce dimanche à Corte. Il estime que le mécontentement massif des Corses est légitime et qu’il est temps de construire un projet politique populaire pour faire avancer la Corse vers un avenir meilleur.



Jean-Christophe Angelini
Jean-Christophe Angelini
Le PNC a annoncé dimanche à l'occasion de son assemblée générale, une remise à jour du logiciel en réinventant un nationalisme à la hauteur de la situation actuelle. Que retient-on de cette assemblée générale ?
Nous avions annoncé une "remise à jour du logiciel" et cette assemblée l'a concrétisée. Le débat a été libre, sans cadre rigide. Une trentaine de militants ont pris la parole, mais nous avions aussi convié des personnes extérieures au PNC ainsi que les médias. Ce que nous retenons, c'est la qualité des échanges, leur franchise, leur ouverture. Il n'y a eu ni tabou ni langue de bois. C'est précieux, et cela donne du sens à notre démarche.
 

Dix ans après l'arrivée des nationalistes aux responsabilités, vous dressez un constat très sévère. Pourtant vous avez été vous aussi aux responsabilités durant 6 ans...
Le PNC ne renie rien de cette mandature de six ans mais il considère aussi au terme de la période en question que le compte n’y est pas et que le mécontentement massivement exprimé par les Corses aujourd’hui est pleinement légitime et fondé. L’économie n’est pas traitée au bon niveau, le social est abandonné, tous les grands sujets d’équipements, d’infrastructures, d’équipements publics sont en déshérence. On voit dans quelle situation dramatique nous sommes aujourd’hui. Alors nous ne faisons pas le procès des hommes que nous respectons, même si nous ne partageons pas leur trajectoire, mais c’est la mise en cause d’un système qui est, pour l’essentiel voulu par l’Etat au sens de la collectivité unique. Nous avons aujourd’hui une concentration extrême des pouvoirs, une absence de respiration démocratique et un glissement vers un fonctionnement qui laisse beaucoup de gens au bord de la route. Donc il faut en finir avec tout cela. Et ce n’est en contestant uniquement que nous allons en finir, mais c’est en proposant et en construisant une alternative. C’est le sens de l’assemblée générale de ce dimanche qui s’adresse à tous les nationalistes. Nous demeurons profondément militants et ancrés pour toujours dans notre famille politique, mais en même temps très ouverts à des femmes et à des hommes qui ne sont pas nécessairement des militants nationalistes mais avec lesquels on peut sincèrement partager un bout de chemin. L’idée n’est pas de débaucher, mais c’est de converger. Et je crois que nous en avons les moyens. Convergence au lieu d’ouverture, car l’ouverture s’est souvent résumée à un débauchage individuel ou plus collectif. Nous avons récupéré des gens, des voix, parfois des compétences mais nous n’étions pas dans l’idée de construire ensemble. Ce que nous voulons c’est construire avec des gens d’où qu’ils viennent, à l’exception bien sûr des extrêmes, pour peu que nous soyons en thèse avec un certain nombre de valeurs et d’objectifs. Et surtout que nous ayons cette idée de construire ce pays de rêve qui depuis 10 ou 15 ans peine à émerger, mais qu’à compter d’aujourd’hui nous allons accélérer.

Comment pouvez-vous y arriver ? Ne pensez-vous pas que la Corse et le nationalisme n’est pas arrivé à un point de non-retour ?
Je ne le pense pas, et c’est l’une des raisons pour lesquelles symboliquement nous avons également voulu ouvrir l’assemblée générale à des jeunes qui ont à peine une trentaine d’années à elles deux puisqu’elles ont 15 et 18 ans. Ce que nous voulions c’est que cette jeunesse redise à des militants plus anciens, parfois fatigués, parfois déçus, qu’un chemin d’avenir demeurait et que si nous l’empruntions collectivement nous pouvions encore y arriver. Nous restons persuadés que le point de non-retour n’a pas été franchi et que la méthode est double. Parce que nous sommes en démocratie, elle est aussi électorale. Affronter les élections municipales, législatives et territoriales et s’y préparer d’ores et déjà, non pas dans une logique de pouvoir, mais dans une logique de projets. Deuxièmement nous devons mettre un maximum de militants, et au-delà,  en mouvement partout dans l’île, retrouver des  attitudes militantes en allant dans les villages, parler avec les gens, faire preuve d’humilité, ne pas y aller comme en pays conquis comme nous l’avons fait trop souvent ces 10 derniers années, mais en étant capables d’autocritique, en étant capables, sans auto flagellation, de se remettre en cause et en disant aussi que cette situation n’est pas toujours à cause de l’Etat, mais aussi, peut-être, à cause de nous. Et il nous faut entendre ce que le peuple a à nous dire.

Le dialogue est-il rompu au sein de la famille nationaliste ?
Non, le dialogue ne sera jamais rompu et je dirai même que c’est au moment où les oppositions sont les plus vives qu’il faut que le dialogue soit le plus actif. Nous devons rester dans l’idée que la discussion est vitale. Nous ne fermerons jamais la porte à un nationaliste ou à un Corse en général. Je pense qu’il est important de le rappeler aujourd’hui. Même si les oppositions politiques sont vives le dialogue doit demeurer et être encore plus vif.

Peut-on encore envisager une union avec l’actuelle majorité, avec l’ensemble de la famille nationaliste ou est-ce que le proverbe « chat échaudé craint l’eau froide » est plus que jamais d’actualité ?
Chat échaudé craint l’eau et même davantage, mais je dirai que le temps des unions d’appareils, y compris entre nationalistes, sont révolues. La droite y a laissé des plumes, la gauche a perdu le pouvoir, et donc le mouvement national ne doit pas renouer avec cela. Et même si demain, ce que l’on appelle les leaders, devaient s’enfermer un jour et une nuit dans une pièce pour s’entendre à nouveau, cela ne changerait rien de la trajectoire de notre peuple. Ce qui compte aujourd’hui pour que ce peuple vive, pour que ce pays se transforme, c’est que l’on renoue avec un projet. Et ce projet ne peut être que populaire, pas celui élaborer par un cénacle d’experts, celui qu’un peuple tout entier aura défini et mis en mouvement. C’est là que nous aurons une véritable victoire et elle sera moins électorale que politique même si cela passera par des élections. C’est un projet qui est en préparation avec la jeunesse, avec l’ensemble des Corses et le PNC d’abord avec les élus d’Avanzemu à l’Assemblée de Corse, celles et ceux qui nous soutiennent et plus généralement nos élus municipaux, nos élus consulaires et toutes les forces vives que nous voulons associer à cet élan, de redressement.