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Haute-Corse – 1ère circonscription : Michel Castellani réélu avec une écrasante majorité


Nicole Mari le Dimanche 19 Juin 2022 à 18:11

Comme attendu, le député nationaliste sortant, Michel Castellani emporte haut la main les élections législatives dans la première circonscription de Haute-Corse avec 63,01% des suffrages, soit 13 724 voix. Il engrange 5408 voix supplémentaires. Julien Morganti n’est pas parvenu à remonter le retard, il recueille 36,99% des suffrages, soit 8055 voix. Il emmagasine quand même 4063 voix de plus. L’abstention a encore battu des record et atteint 61,61%. Le député réélu devrait continuer à siéger dans le groupe parlementaire Libertés & Territoires.



La victoire du député nationaliste sortant, Michel Castellani, n’a jamais fait de doute dans la première circonscription de Haute-Corse. L’enjeu, pour lui, était, en bon sportif, de semer son adversaire en cours de route et de faire la course quasiment seul. Il avait lancé un appel aux électeurs pour lui donner du poids face à Paris : « A l’Assemblée nationale, On pèse ce qu’on pèse. si vous vous présentez avec 51 % des voix, c’est bien. Si vous vous présentez avec 70 %, c’est mieux ». Pari gagné pour le député de Femu a Corsica qui domine largement le scrutin en totalisant 63,01% des suffrages, soit 13 724 voix. S’il gagne 3% de plus, il perd 2555 voix par rapport à 2017, un recul du principalement à une abstention record qui a culminé à 61,61%, soit 2,5 % de plus qu’au 1er tour. Quelques 37 895 électeurs ont boudé les urnes, soit 1500 électeurs qu’il y a une semaine. A Bastia, comme au 1er tour, l’abstention frôle même 65%, notamment dans les Quartiers Sud et à Lupinu. Idem dans le périurbain où elle grimpe à 67,84 % à Lucciana et atteint à Borgo le record de 71,78%. Sur cette commune du Sud de Bastia, seuls 1609 électeurs sur 5701 inscrits se sont déplacés pour voter.  
 
Des scores de maréchal !
Cela n’empêche pas Michel Castellani d’engranger 5408 voix supplémentaires entre les deux tours. A Bastia, même si son adversaire fait une belle percée dans les Quartiers Sud, il décroche, comme au 1er tour, la quasi-totalité des bureaux, et totalise 56,48% des suffrages, soit 1500 voix de plus. Le député sortant capitalise dans les communes du Grand Bastia qui rassemblent plus de la moitié des électeurs de la circonscription, avec des scores de maréchal : 76,38% à Biguglia, 75,45 % à Furiani, 78,26% à Santa-Maria-di Lota, 69,41% à San Martino di Lota. Il domine totalement le Nebbiu, la Conca d’Oru et le Cap Corse : 62,94% à San Fiurenzu, 70,09% à Patrimoniu, 74,55% à Barrettali, 76,09% à Poggio d’Oletta, 78,97% à Oletta, 82,31 à Santo Pietro di Tenda, 74,13% à Sisco, 71% à Pino, 67,35% à Cagnano, 67,06% à Canari, 68,97% à Ersa ouencore 84,93% à Pietralba.... Ceci, sans le soutien officiel de Corsica Libera, mais avec celui de Core in Fronte.
 
Une équipe reconstituée
« C’est une élection tout à fait correcte avec 63% des suffrages. C’est un résultat qui nous honore et nous engage. J’essaierai de représenter les électeurs de façon digne et efficace », commente, dès l’annonce des résultats, Michel Castellani. Le député sortant se félicite aussi de la victoire de ses deux collègues, Jean-Félix Acquaviva dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, et de Paul-André Colombani dans la 2ème circonscription de Corse du Sud : « L’équipe, qui a si bien travaillé pendant cinq ans, est reconstituée. Là aussi, c’est un bon résultat qui est dans la ligne de toutes les élections que nous avons gagnées. On peut tortiller tant qu'on veut, mais les trois députés nationalistes sortants sont réélus, et le quatrième a manqué son entrée à l'Assemblée de très peu ». Les trois députés réélus devraient rejoindre leur groupe parlementaire Libertés & Territoires. L’enjeu, martelé pendant toute la campagne, était de peser sur les discussions concernant le processus d’autonomie qui sont censées s’ouvrir en fin de mois de juin. La situation très tendue pour Emmanuel Macron au niveau national où il n’obtient qu’une majorité très relative pourrait bien changer la donne : « Je ne suis pas persuadé que tout cela soit facilement gouvernable », lance l'élu bastiais. De là, s’élargit le champ des possibles, tant au niveau d’alliances que d’éventuels appuis. Une partie plus serrée s’ouvre désormais à Paris pour les trois députés réélus. Michel Castellani l’assure : « Nous ferons preuve de responsabilité, comme toujours ».
 
Une victoire politique
S’il n’avait aucune chance de remporter ce second tour, Julien Morganti réalise, néanmoins, une belle performance, en passant de 13,61% des suffrages au 1er tour à 36,99% des suffrages au second. Avec un total de 8055 voix, il emmagasine 4063 voix de plus qu’au 1er tour. Il fait plus que doubler son score sur Bastia, notamment au bureau du Centre ancien et à Lupinu, idem à Borgo où il arrive en tête avec presque 500 voix d’avance. Il est devant également à Ville di Pietrabugno et affiche quelques beaux scores inattendus, comme à Pieve où il réalise 70,91 % des suffrages, passant de 5 voix au 1er tour à 39 voix au second sur 59 votants. Il a visiblement récupéré des voix de gauche et du RN, même si le macroniste Jean-François Paoli, éliminé au 1er tour, lui a refusé son soutien. Egalement une partie des voix indépendantistes et, de son aveu même : « fait un gros travail sur l'abstention. On ne passe pas de 14 % à 40 % sans avoir un message de rassemblement, et ce soir, il a été entendu. Les reports se sont faits, il y a une vraie dynamique. C'est une défaite électorale, mais une victoire politique. ». L’élu municipal d’opposition bastiaise enracine un peu plus, élection après élection, son image d’opposant solitaire. « Si la victoire n'est pas au rendez-vous, un mouvement est né et appelle à former une coalition dans l'intérêt de la Corse. Notre dynamique du second tour est forte et rassemble. Nous sommes la première force d'opposition dans la circonscription. Un futur pour la Corse s'écrit à partir de demain », tweete-t-il. L’enjeu pour Julien Morganti est désormais de sortir de son isolement politique et de fédérer avec en ligne de mire, les prochaines municipales dans quatre ans. Ce qui est loin d'être acquis...
 
N.M.