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Gilles Simeoni reçoit le prix du meilleur élu local décerné par le Trombinoscope


Nicole Mari le Jeudi 15 Février 2018 à 19:12

Les prix du Trombinoscope, décernés par un jury de journalistes, récompensent, chaque année depuis 26 ans, lors d’une cérémonie à l’Assemblée nationale, les sept élus et personnalités qui se sont distingués par leur action et leur engagement au cours de l’année écoulée. Le jury a décerné, jeudi soir, à Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, le prix du meilleur élu local pour 2017. Le leader nationaliste était en compétition avec les 18 autres présidents de région de France et d’Outremer.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, a reçu, à l'hôtel de Lassay, le prix Trombinoscope du meilleur élu local pour 2017.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, a reçu, à l'hôtel de Lassay, le prix Trombinoscope du meilleur élu local pour 2017.
 
« L’efficacité, le discernement et les talents sont les vertus que vous allez maintenant récompenser », affirme le président de l’Assemblée nationale, François De Rugy, en ouverture de la 26ème édition des prix du Trombinoscope, jeudi soir, qui se tenait en présence de 300 invités triés sur le volet dans les salons de Boffrand de l’hôtel de Lassay. L’idée est de mettre à l’honneur, chaque année, la personnalité politique, le ministre, la révélation politique, le député, le sénateur, l’élu local, c’est-à-dire un des dix-neuf présidents de régions, et le politique le plus connecté de l’année écoulée. Une mise en lumière de sept personnalités qui se sont distinguées par leur action et leur engagement et qui réunit généralement le fleuron politique français. Alors que les précédentes éditions consacraient des politiques confirmés, le palmarès 2017 fait la part belle aux nouveaux visages. Le jury de journalistes politiques, présidé par l’éditorialiste Christophe Barbier (L’Express /BFM TV) et composé d’Anna Cabana (JDD), Emmanuel Kessler (Public Sénat), Apolline de Malherbe (BFM/TV), Marie-Eve Malouines (LCP-AN), Yves Thréard (Le Figaro) et Ludovic Vigogne (L’Opinion), a créé la surprise en récompensant le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni.
 
Un charisme et une vision nouvelle
Une surprise qui tient avant tout au fait que les membres du jury ne sont guère connus pour leur complaisance envers la Corse et les Nationalistes corses. Ils ont justifié leur choix de l’élu insulaire parmi les 19 présidents de région en lice par leur volonté de récompenser un parcours politique exceptionnel fondé sur le combat pour la démocratie et un nationalisme d’ouverture : « Les ingrédients d’une impressionnante ascension : une aisance certaine, une communication aisée, et une ligne politique habile, pour rassembler autour de lui… Ses maîtres mots : l’ouverture et le dialogue, la tolérance… Il a imposé une voie nouvelle éloignée du clanisme des grandes familles qui a si longtemps imprimé sa marque sur l’île, distincte et distante de celle empruntée par les indépendantistes, nette dans son rejet de toute violence et ferme dans sa revendication d’autonomie… Son charisme – certains vont jusqu’à le comparer à Obama ! –, son sens du dialogue, l’ont propulsé en quelques années sur le devant de la scène politique corse… A coup sûr, Simeoni fait partie de ces hommes politiques qui ont une « vision ». Il incarne avec brio le renouvellement de la vie politique insulaire », déclare à son propos Emmanuel Kessler, le journaliste de Public Sénat, chargé de lui remettre son prix.
 
Le prix d’un chemin
Ce bel hommage, qui vaut, pour la Corse, son pesant d’or dans le contexte de négociations actuelles sur l’évolution statutaire de l’île et après les humiliations subies la semaine passée lors de la visite présidentielle, a quelque peu surpris – et c’est peu dire ! – Gilles Simeoni qui a appris la nouvelle seulement la veille au soir et fait le voyage à Paris en dernière minute. Dans son discours de remerciement, il a, d’emblée, déplacé l’enjeu sur un terrain politique : « Je suis heureux de recevoir ce prix parce qu’au-delà de ma personne, il salue ce qui se passe en Corse, l’important travail que nous faisons depuis 2015 et qui s’inscrit dans le fil historique d’un demi-siècle de lutte... Je suis venu ici en taxi, je suis passé devant la prison de la Santé, où pendant des années, je suis allé voir mon père, je suis allé voir mon frère, je suis allé voir des dizaines de jeunes Corses emprisonnés, comme l’ont fait d’ailleurs des centaines de militants pendant des décennies. Aujourd’hui, je suis là devant vous ! ». Face à un public extrêmement attentif, il a tenu à rappeler le chemin historique de la lutte nationaliste et le sens de son combat : « A travers moi, c’est tout ce chemin qui est récompensé. Je crois profondément qu’il existe un chemin pour l’ouverture d’un vrai dialogue et la reconnaissance de notre peuple, de ses attentes et de ses aspirations… Ce prix tend aussi à montrer que le regard de la classe politique française, des faiseurs d’opinions et de l’opinion publique en général sur la Corse est en train de changer dans un sens positif ».
 
Pas si local...
Le leader nationaliste n’a pas manqué de rebondir sur la dénomination du prix, qui lui a été attribué : « J’émets quelques réserves sur le terme : élu local », histoire de décocher un tacle narquois à l’argumentaire du président de la République, la semaine dernière, à Bastia. « Il a dit que nous n'étions que des élus locaux et que nous n’avions pas été mandatés pour parler d’autonomie ou de solution politique. Nous avons bien été mandatés par les Corses pour cela, et aussi, pour régler les problèmes du quotidien... Mais, finalement, on est toujours le local de quelqu’un ! ». La verve taquine, il conclut sur une boutade, une anecdote judiciaire pas si légère qu’elle n’y parait : « Comme je suis avocat, me retrouver devant un jury n’est pas nouveau pour moi ! Le président Giresse était un magistrat connu pour ne jamais accorder un acquittement, surtout à son grand adversaire Me Jean-Louis Pelletier. Pour un élu nationaliste, être désigné par un jury qui a à sa tête Christophe Barbier, c’est un peu, pour un avocat, obtenir un acquittement avec le président Giresse ! ». Très entouré à l’issue de la remise de prix, Gilles Simeoni a été chaudement félicité par nombre d’élus, de journalistes et de décideurs présents qui l’ont encouragé « à tenir bon » dans son combat pour la démocratie et l’autonomie.
 
N.M.
 
Les lauréats 2017
La personnalité politique de l’année : Nicolas Hulot, Ministre d’Etat, ministre de la transition écologique et solidaire
Le ministre de l’année : Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale
La révélation politique de l’année : Cristophe Castaner, Secrétaire d’Etat aux relations avec le parlement et secrétaire général d’En Marche
Le député de l’année : Amélie de Montchallin, Député de l’Essone
Les sénatrices de l’année : Esther Benbassa et Catherine Troendlé, respectivement Sénatrices de Paris et du Haut-Rhin
L’élu local de l’année : Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif de Corse
L’élue la plus connectée de l’année : Paula Fortez, Député LREM des Français d’Amérique Latine et des Caraibes.
 
Des prédécesseurs
Rappelons que le dernier tenant du titre d’élu local de l’année, était en 2016, l’ex-ministre libéral de la santé, Xavier Bertrand, président de la région du. Parmi les lauréats qui se sont succédés en 26 ans, on peut voir, notamment, Pierre Mauroy, Raymond Barre, Jean-Louis Borloo, Dominique Baudin, Bertrand Delanoé, Manuel Valls, Gérard Collomb… et même en 2003, un Corse : Emile Zuccarelli !
 
Le Trombinoscope
Cet annuaire professionnel du monde politique français a été créé en 1981 par Félix Colin, journaliste parlementaire. Mis à jour tous les ans, il contient les biographies de plus de 8000 personnalités. Chaque année, le jury du Trombinoscope, composé de sept journalistes politiques de renom  de la presse écrite et télévisuelle, font part de leurs propositions d'élus à récompenser. Ils saluent l’action et le professionnalisme de personnalités politiques qui sesont particulièrement illustrées durant l’année écoulée dans le cadre de leur mandat ou de leur fonction.