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Galère portugaise : faut-il craindre une arrivée en Corse ?


Christophe Giudicelli le Lundi 4 Août 2025 à 20:36

Redoutable et encore méconnue, la “galère portugaise” a récemment été observée dans le Sud-Ouest de la France et en Sardaigne. Cet organisme marin, dont la piqûre peut être mortelle, pourrait un jour dériver jusqu’aux côtes corses. S’il n’y a pas lieu de paniquer, mieux vaut connaître cette espèce dangereuse, au cas où elle viendrait à s’échouer sur nos plages.



La « galère portugaise » est-elle aux portes de la Corse ?
La « galère portugaise » est-elle aux portes de la Corse ?
La galère portugaise, également connue sous le nom de vessie de mer (Physalia physalis), a fait son apparition ces derniers jours sur les plages de la façade atlantique, provoquant une vague d’inquiétude dans plusieurs stations balnéaires du sud-ouest. Repérée notamment sur le littoral du Pays basque français et des Landes, cette espèce marine, habituellement présente dans les eaux tropicales, a conduit à la fermeture temporaire de nombreuses plages à la fin du mois de juillet, notamment à Bidart, Biarritz, Anglet, Seignosse et Lit-et-Mixe. À Biarritz, un jeune homme de 19 ans a même été piqué sur la Grande Plage. De teinte rosée, flottant à la surface, cet organisme étonnant n’est pas une méduse mais un siphonophore, formé de plusieurs individus interconnectés. Doté de filaments urticants qui peuvent s’étendre sur plusieurs mètres, il peut infliger des piqûres redoutables, voire mortelles dans certains cas. Si les spécimens repérés récemment dans le sud-ouest restent de petite taille et donc moins dangereux, leur présence inhabituelle dans cette zone inquiète les scientifiques.

Si la « galère portugaise » a également été observée en Sardaigne, pour l’instant : « Aucune observation n’a été recensée sur les plages corses », indique Stéphanie Pierre, docteure en biologie marine et directrice du conseil scientifique des îles de Lérins près de Cannes. Cet organisme se retrouve surtout dans certaines parties de l’océan Atlantique, et il reste très rare en Méditerranée. Pour la spécialiste : « Pour l’instant, il s’agit d’observations très ponctuelles de la galère portugaise. On n’a pas observé d’établissement définitif en Méditerranée. Il peut arriver que certaines aient été poussées à travers le détroit de Gibraltar par les courants. » En cause : le réchauffement climatique, qui modifie le climat, les vents et les courants marins. Ce n’est pas pour autant qu’il faut méconnaître cette espèce, dont la piqûre peut être mortelle pour l’homme, et ainsi éviter une hospitalisation.

Des filaments longs de 30 mètres et une piqûre potentiellement mortelle

La galère portugaise n’est pas une méduse, insiste Stéphanie Pierre : « C’est un flotteur entre 10 et 30 cm de long pour 15 cm de hauteur, rempli de gaz, au-dessus de l’eau. Une sorte de poche entre le rose et le bleu. Visuellement, c’est très joli, il a une forme très caractéristique, ça ne ressemble pas à une méduse. » Ce flotteur sert de voile à l’organisme pour avancer : « On peut les retrouver proches des plages ou près des côtes. Elle se laisse dériver au gré du courant et du vent. » Et il ne s’agit là que de la face visible de la Physalia : « Ce qui est dangereux, ce sont les filaments urticants, qui peuvent atteindre les 30 mètres de longueur. C’est très difficile de les voir. » Et c’est justement ces longs filaments qui sont potentiellement mortels : « Les piqûres sont extrêmement douloureuses, elles peuvent aller jusqu’à la mort par un choc anaphylactique. Il faut appeler directement le SAMU. » En 2010, un cas de piqûre mortelle a été recensé en Sardaigne.

Que faire si vous repérez une « galère portugaise » ?
Si vous rencontrez une galère portugaise, la première chose à faire est de ne pas l’approcher : « Il ne faut pas s’approcher à moins d’une cinquantaine de mètres. Les filaments peuvent être partout selon les courants », prévient Stéphanie Pierre, directrice du conseil scientifique des îles de Lérins. En cas de piqûre, très douloureuse, il est important de joindre immédiatement les services de secours. Il s’agit de l’un des organismes les plus dangereux que l’on puisse retrouver en Méditerranée, même si ce n’est pas son habitat principal.