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Festival de l’Olmu : d’Olmeto à Tallà, le théâtre continue de tisser son territoire


VL le Mardi 29 Juillet 2025 à 10:17

Du 2 au 16 août, le Festival de l’Olmu revient pour une nouvelle édition entre Olmeto et Tallà. Fidèle à son ambition de rendre le théâtre vivant et accessible, l’événement mêlera créations contemporaines, émergence artistique insulaire, formes pluridisciplinaires et itinérance entre les villages.



Crédit photo Festival de l’Olmu
Crédit photo Festival de l’Olmu

Depuis sa création en 2018 par le metteur en scène Paul-Alexandre Fortini, le Festival de l’Olmu s’impose chaque été comme un rendez-vous à part dans le paysage culturel corse. Pensé comme un théâtre à ciel ouvert, profondément ancré dans le territoire, il transforme durant deux semaines les rues, les places, les parkings et les sites historiques d’Olmeto en espaces de création et de représentation. L’ensemble de la programmation est en accès libre, avec une volonté forte : proposer un théâtre exigeant, mais accessible, dans des lieux non dédiés, au plus près des habitants.

L’édition 2025, qui se déroulera du 2 au 16 août, reprend les fondements du projet artistique tout en affirmant une nouvelle dynamique. Pour la première fois, le festival posera ses valises dans un second village, Tallà, situé à une trentaine de kilomètres d’Olmeto. Ce choix de déploiement géographique marque une volonté de circulation des œuvres, de rencontre avec d’autres communautés rurales, et d’occupation artistique de nouveaux espaces patrimoniaux.

La première séquence du festival se tiendra à Olmeto du 2 au 8 août. Dès le 2 août au soir, le ton sera donné avec un concert d’ouverture sur la place communale. Le groupe Panzetta Paradise donnera une performance entre rock garage et sonorités insulaires, un clin d’œil à l’ancrage territorial du festival autant qu’à sa liberté esthétique. Le même soir, et à nouveau le 6 août, la place de l’Église accueillera Médée Matériau, une adaptation contemporaine du texte d’Heiner Müller, portée par la metteuse en scène Anaïs Lechiara. Ce spectacle, joué en plein air, explore les éclats de la tragédie antique dans notre époque fragmentée.

La programmation se poursuivra avec une diversité de formes artistiques dans plusieurs lieux du village. Le 3 août, sur le parking de la source, la compagnie Bal’Dilà proposera La danse d’après, une création chorégraphique qui interroge la mémoire collective et le mouvement. Le 5 août, aux Bains de Baracci, c’est la compagnie L’Étoile qui investira le site thermal avec Dans la forêt, une traversée entre texte, lumière et corps. Le 7 août, toujours sur le parking de la source, E Furmicule, une Mostra teatrale en langue corse, viendra compléter cette semaine de spectacles. Chaque jour, des interventions spontanées, lectures, impromptus, performances ou moments de théâtre viendront ponctuer les fins d’après-midi et les soirées, dans un esprit de proximité, d’expérimentation et de poésie.

Après cette première semaine à Olmeto, le Festival poursuivra sa route vers Tallà du 14 au 16 août. L’accueil de cette seconde séquence au couvent Saint-François témoigne d’un désir fort d’élargir le champ d’action du festival. Il s’agit non seulement d’exporter les œuvres hors du cadre initial d’Ulmetu, mais aussi de redonner vie à des espaces ruraux, patrimoniaux, souvent délaissés, en les habitant autrement, par le théâtre et l’art vivant.

La programmation à Tallà s’ouvrira avec Prunu – Di u to sangue preziosu, une création en langue corse de la compagnie Partage de Minuit. Mis en scène par Paul-Alexandre Fortini, le spectacle explore les tensions entre mémoire, filiation et société insulaire. Le 16 août, deux spectacles déjà présentés à Olmeto seront repris : Médée Matériau en début de soirée, puis La danse d’après pour clore le festival. Cette circulation des œuvres entre les deux communes permet de les confronter à de nouveaux publics, de nouveaux contextes, et de prolonger leur portée artistique.

En s’étendant ainsi sur plusieurs villages, le Festival de l’Olmu confirme sa vocation de théâtre de proximité, populaire sans être simpliste, ancré sans être fermé. Il s’attache à faire émerger de nouvelles écritures, à accompagner les jeunes créateurs corses, à défendre une création contemporaine exigeante, tout en inventant une manière différente de faire circuler les œuvres sur l’île. Le public y trouvera l’occasion de découvrir un théâtre vivant, engagé, poétique, qui dialogue avec les lieux autant qu’avec les enjeux de son temps.