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Femu a Corsica et le traitement des ordures ménagères


le Mardi 2 Juin 2015 à 23:33

L’Assemblée de Corse, sur proposition de F.Tatti, par ailleurs président du Syvadec, a voté vendredi 29 mai une demande de dérogation à la Loi Littoral pour les installations de traitement des déchets. Il s’agit d’une demande taillée « sur mesure » pour permettre la création d’une unité de Tri Mécano Biologique en complément de l’extension du Centre d’enfouissement de Tallone. Cette demande donne une mauvaise réponse à un vrai problème qui n’a pas été correctement anticipé.



Femu a Corsica  tient à apporter les précisions suivantes :
1.    La saturation du CET de Tallone est annoncée depuis au moins 3 ans. Depuis 2010 nous n’avons jamais cessé de tirer la sonnette d’alarme sur la nécessité impérieuse et urgente d’arrêter de transporter et d’enfouir les déchets  en vrac en améliorant le tri sélectif et sa collecte, en triant les biodéchets à la source, en installant des systèmes de tri mécanique au plus près de gisements. Aujourd’hui, on continue à enfouir près de 90% des déchets non triés. Pire, on régresse, comme en témoigne l’arrêt récemment annoncé du tri du verre des professionnels à Aiacciu ! Verre qui sera transporté et enfoui…à Tallone ! Nous payons aujourd’hui les graves insuffisances dans ce domaine.

2.    La commune de Tallone a conditionné l’extension du CET à la construction d’une unité de Tri mécano biologique dont elle affirme qu’elle évitera les graves nuisances actuelles pour la population, notamment les odeurs. C’est tout à fait compréhensible, car cette commune assume depuis des années les conséquences des manquements des autres collectivités. Malheureusement, le type d’installation choisi laissera de côté les ordures arrivant lors de la pointe saisonnière, soit 40% du tonnage total, occasionnant en plein été les mêmes odeurs qu’aujourd’hui (c’est reconnu dans le dossier soumis à enquête publique). C’est donc une illusion. Les TMB sont d’ailleurs de plus en plus contestés, certains vont fermer, des projets sont annulés en raison des dangers pour les riverains. 

3.    Surtout, l’installation d’un Tri mécano biologique loin des villes, qui représentent les gros « gisements » de déchets,  va créer un « appel d’air » pour les déchets en vrac, empêchant par facilité la mise en œuvre de pratiques efficaces de tri à la source et pérennisant le transport à travers la Corse, au bénéfice d’intérêts privés et au détriment du portefeuille des usagers. C’est aussi entériner le rôle de la Plaine comme « poubelle de la Corse », ce qui est inacceptable.

4.    Vouloir déroger à la Loi littoral en urgence, sans études de conséquences potentielles, pour permettre une seule installation inappropriée est pour Femu a Corsica irrecevable, et notre groupe d’élus a voté contre cette demande . La Loi Littorale n’empêche pas les centres d’enfouissement, et les autres installations de traitement nécessaires comme les déchetteries ou les pré-tris doivent être installés en continuité de l’existant, au plus près des usagers, comme le permettent les dispositions actuelles. 

5.    Il faut renverser immédiatement la problématique des déchets : des villes très proches de nous, en Italie, en Sardaigne, en France, sont parvenues très rapidement (souvent moins de deux ans) à des niveaux de tri approchant les 60, voire 80%. On ne peut plus nous objecter qu’il s’agit des « gens du Nord », plus « civiques, plus responsables… »

Nous affirmons que le chantage à la fermeture n’est pas acceptable. Dans le même délai qui pourrait servir à construire un Tri mécano biologique à Tallone, on peut enclencher les processus d’un tri généralisé avec une incitation financière selon le principe : «  Plus on trie, moins on paie ». 
Là est le défi réel, et Femu a Corsica  s’engage à mettre en place ce système partout où cela lui sera possible.