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Face aux restrictions, les pêcheurs récréatifs corses s’unissent


le Dimanche 19 Mai 2024 à 17:23

Parce que l’union fait la force, cinq associations corses de pêcheurs amateurs ont décidé de se rassembler sous la bannière de la Fédération corse des pêches récréatives. La jeune structure a tenu sa première réunion publique à Porto-Vecchio samedi matin. En parlant d’une seule voix, elle espère peser plus dans le processus de décisions.



Une trentaine de pêcheurs sont venus assister à la réunion publique, samedi matin à Porto-Vecchio.
Une trentaine de pêcheurs sont venus assister à la réunion publique, samedi matin à Porto-Vecchio.
Elu président de cette nouvelle fédération, Jean-Jacques Riutort ne fait pas mystère de ses intentions :« Nous voulons être la voix que l’administration écoute. Peut-être nous trouvaient-ils dispersés avant... » La fédération regroupe désormais cinq associations de pêcheurs de loisirs : Pesca Passione, Bastia Offshore Fishing, U Falcone, Pesca e Natura ouest Cap Corse et Pesca et Natura est Cap Corse. « Nous sommes désormais tous réunis, de la pêche à l’hameçon à la pêche au harpon, se réjouit Jean-Jacques Riutort. On peut avoir des divergences, mais on a surtout une vision commune de la gestion de la pêche. » Cette vision, il la résume ainsi : « Gestion ne rime pas forcément avec interdiction. »

"L'Etat nous a fermé la porte"

Ces pêcheurs connaissent indéniablement la mer et les populations de poissons qui y vivent. A ce titre, ils tentent depuis des années de peser dans le processus de décisions relatif à la gestion de la pêche en Méditerranée. Sans succès. Leur dernier affront remonte à la fin de l’année dernière et la reconduction, pour dix ans, du moratoire de la pêche du mérou et du corb. Une reconduction à laquelle ils ont tenté de s’opposer, en vain. Favorables à une pêche raisonnée de ces deux espèces, ils affirment que ces dernières ne sont pas menacées. « Nous ne sommes pas opposés aux mesures de gestion, elles sont indispensables, pose Jean-Jacques Riutort. Nous avons même proposé de fermer la pêche à ces espèces en période touristique, mais l’État nous a fermé la porte. » Ils contestent les résultats des études scientifiques sur lesquelles s’est appuyé l’Etat pour reconduire ces moratoires et militent pour que leur méthode de comptage soit prise en compte. Vice-président de la fédération, Philippe Piccoli relativise l’impact de la pêche de loisirs sur les populations de poissons : « La moyenne de sorties en mer en Corse, c’est 5,4 par pêcheur et par an. On a donc un prélèvement limité, d’autant plus qu’on relâche 62 % de nos prises », a-t-il affirmé.

Dans leur combat, ils ont reçu le soutien de Daniel Defusco, le président du comité régional des pêches. Pêcheurs professionnels et pêcheurs récréatifs n’ont pas toujours vogué côte à côte, mais aujourd’hui ils souhaitent faire table rase du passé : « Nous avons commis des erreurs et des abus, vous comme nous, il ne faut pas se voiler la face », a reconnu devant les pêcheurs récréatifs le représentant des pêcheurs professionnels en Corse. Et de poursuivre : « On est des cibles pour les scientifiques, les ONG, parce que nous sommes des cueilleurs. Mais il faut dialoguer », a insisté celui qui venait justement d’être entendu, la veille à Bonifacio, par le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville. Un membre du bureau de la fédération ne manque pas de préciser que « tous ces braves gens qui prennent des décisions, nous les avons invités aujourd’hui à Porto-Vecchio. Où sont-ils ? »

La pêche doit être vue sous l'angle économique, estime Jean-Christophe Angelini

Le seul non pêcheur à être présent à la réunion publique, c’est Jean-Christophe Angelini, en sa qualité de maire de Porto-Vecchio. C’est d’ailleurs lui qui a invité la fédération à tenir sa première assemblée générale dans la Cité du sel, au hasard d’une rencontre dans un restaurant d’Aleria. « En vue d’évaluer les compatibilités entre gens de la mer », le maire porto-vecchiais estime nécessaire « que l’on puisse dialoguer sereinement ». Au-delà du discours purement politique, celui qui a présidé l’agence de développement économique de la Corse pendant six ans émet un point de vue tranché : « Je considère que la pêche est certes une activité écologique, mais plus encore économique. Or, la pêche est rattachée à l’agence de l’environnement, alors que tout le volet de modernisation de la pêche doit être vu sous un angle économique. Il faudrait mettre les choses au bon endroit. »