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Diana di l'Alba : Un DVD célèbre ses 20 ans


Aesa Poli le Dimanche 2 Novembre 2014 à 21:27

Diana di l’Alba : La porte de l’aube, première étoile du soir et la dernière du jour : Venus. Avant d’être un groupe corse, Diana di l’Alba, était un chant de bergers des plateaux du Cuscionu dominant à 1 600 mètres dans le Sud de la Corse. Un nom et une symbolique qui a plu à Antoine Marielli, auteur-compositeur-interprète et fondateur du groupe.



www.sono-et-eclairage-corse.com/fr
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Diana di l’alba nait en 1978. Les frères Christian et Jean-Jacques Andreani et Jean-François Sicurani l’accompagnent alors. Un an après, ils signent un premier opus éponyme : Diana di l’Alba, avec des titres en Corse et en occitan.
1978 s’inscrit dans la période du « Riacquistu », mouvement politique de réappropriation de la culture Corse. Divers groupes porte-parole de cet engagement voient le jour : Canta u populu Corsu en 73 ou I Chjiami Aghjalesi en 77. 
Antoine Marielli voulait, lui mettre l’accent sur le coté culturel et traditionnel tout en faisant des créations. Une divergence d’opinion au sein du groupe engendre, entre autre, sa séparation en 1981. 
 C’est après une pause de presque quinze ans, en 1993 que Diana di l’Alba connait une nouvelle naissance sous la dynamique d’Antoine Marielli. 

Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
"J'étais alors marié avec deux filles en bas âge. J’étais déjà enseignant d’histoire depuis plusieurs années, mais aussi de chant et un des premiers titulaires du CAPES de corse en 91. En 1993, mes filles avaient grandi et j’ai pu remonter le groupe à ce moment là."
Les quatre autres chanteurs et musiciens desquels il s’entoure ne sont autres que d’anciens élèves de son cours de chant : José Ersa à la guitare, cétera, chant et Jean-Yves Casalta, au chant ; violon, vièle à archet.  
Puis Stéfane Perfetti, auteur-compositeur, joueur de guitare et charango, enfin François Brunini, auteur compositeur à la guitare, cétera et instruments à vent.
Antoine Marielli précise alors une chose non dénuée d’importance :
 «  Je ne veux pas de filles dans le groupe. D’abord parce que les tessitures sont différentes, puis tu peux pas dire ce que tu veux s’il y a des filles. Devant une fille tu n’agiras pas de la même manière qu’entre mecs. »
S’il ne les accepte pas dans son groupe, Antoine Marielli sait pourtant apprécier la compagnie des femmes en leur proposant notamment un cours de chant qui leur est exclusivement destiné. 
En revanche, deux nouveaux membres, Vitu Fuligni et Eric Biagetti intègrent Diana di 
l’alba en 96 année de sortie du double album Pueta (poète) avec des titres comme : Muntagna, Ghjiuventù Corsa (jeunesse corse), Luna Nova (nouvelle lune) ou une adaptation de Ché Guevara.... 


Puis en 98, un nouvel album : Sumenti d’acqua (semences d’eau).
Si les musiques et paroles sont signées Antoine Marielli, cet amoureux de poésie, adapte également des textes de poètes connus ou moins connus comme Jean-Marcel Tomi auteur de la chanson Canari.La chanson est pour lui un moyen de lier la politique, poésie et art :  « Tout marche ensemble. Les chansons ne sont pas seulement politiques ou poétiques, elles peuvent être l’une ou l’autre ou les deux. »
Par le rythme et la sonorité des textes en langue corse, c’est bien elle en effet : la poésie qui fait chanter les mots autour de thèmes récurrents. La défense de l’environnement, l’amour ou la femme, comme dans l’album Dona Dea (femme déesse) de 2004 inspirent l’auteur. Il semble toutefois perdre l’exclusivité : Jean-Yves Casalta et Stéfane Perfetti se laissent doucement gagner par l’écriture.


 Aujourd’hui, l’ensemble du groupe assume ses engagements politiques proches des idées nationalistes : : « Nous sommes tous engagés politiquement. Plus ou moins nationalistes, j’ai dit plus ou moins, quelques fois on n’est pas d’accord. Certains sont Corsica libera (Parti indépendantiste radical), d’autres pour Gilles Simeoni (actuel maire de Bastia). Mais le groupe est ouvert. »
Un engagement politique donc : Les scontri et les journées de Corte, soirées patriotti pour le Noël des prisonniers. 
Mais pas seulement, actions caritatives et concerts solidaires sont régulièrement programmés.


Au mois de Février 2014 dernier Diana di l‘Alba a fêté ses 20 ans, sur scène bien-sûr avec trois dates : deux à Bastia, une à Ajaccio. 
Un défi pas si facile à relever : « Il est plus difficile de remplir les salles ici en Corse où le public est impitoyable. Sur le continent, les gens sortent plus facilement, la Corse intrigue et la diaspora est très nombreuse dans les grandes villes. »
Mission accomplie. Le groupe a joué à guichets fermsé quasiment les trois soirs, soit plus de 2 300 personnes, qui pour la plus grande partie entonnaient les chansons par cœur.


Un public qui reconnait le premier engagement du groupe, à l’origine même de son existence : l’expression en langue corse et la préservation de cette culture. 
Des chansons comme « Lingua corsa » et la présence de pas moins de dix-huit instruments traditionnels : guitares, basse, batteries et percussions mais aussi violon, accordéon diatonique, cétera (cistre à seize cordes), vièle à archet, flûtes ou harmonica.
Pourtant, ce n’est pas l’appartenance à un clan ou un mouvement qui marque l’esprit dans un concert de Diana di l’Alba, mais la conviction d’un partage, d’un mélange et d’une ouverture. 

Une preuve vivante que culture traditionnelle et modernité peuvent s’associer. Chants polyphoniques succèdent aux tonalités rock, styles et générations se confondent au sein même du groupe dans un équilibre scénique qui ne laisse aucune place au flou et à l’ennui. 
Et si un doute devait persister sur la sinistre réputation des corses, rien de tel queles danses endiablées pratiquées sur scène, ou les interventions satiriques d’Antoine Marielli, en corse et en français, pour réviser son jugement. 
Leurs projets, de la scène encore et toujours dans toute la Corse et ailleurs et le DVD du
concert des vingt ans à Bastia attendu d’ici la fin de l’année.
Aesa Poli