Corse Net Infos - Pure player corse

Covid-19 : les médecins et pharmaciens face à la défiance des Corses envers l’AstraZeneca


Livia Santana le Mercredi 14 Avril 2021 à 19:46

Depuis quelques temps, en Corse, le vaccin contre le Covid-19 AstraZeneca suscite la méfiance, à tel point que certains professionnels de santé ont du mal à écouler leurs doses



Image archives CNI - Michel Luccioni
Image archives CNI - Michel Luccioni
Alors que la campagne de vaccination s'accélère, en Corse les doses injectées du vaccin AstraZeneca sont en baisse. Sur l'ile comme ailleurs la défiance envers le vaccin AstraZeneca est forte. Selon un sondage national Odoxa-Backbone Consulting publié le 8 avril, au niveau national le "71% des Français ne font pas confiance au vaccin AstraZeneca". En Corse pour les professionnels de santé c'est le même constat : depuis une bonne semaine, les quelques doses disponibles du vaccin AstraZeneca sont boudées par les insulaires. "Dans mon officine j'écoule une fiole par semaine, dans celle-ci on a 10 doses donc 10 personnes à vacciner mais il est très difficile de trouver des volontaires", regrette Sandrine Leandri, membre de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) et pharmacienne à Ajaccio.

Les médecins et pharmaciens corses s'accordent à le dire : "la médiatisation de la polémique autour du vaccin AstraZeneca et des tromboses qu'il engendrerait  a freiné l'attrait des patients insulaires pour celui-ci".  Pourtant, selon le docteur le docteur Antoine Grisoni, président de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS)-médecins libéraux de Corse "il y a quelques mois les patients ne juraient que par ce vaccin. Ils avaient peur du Pfizer et du Moderna, les ARN Messagers". 


"Le mal est fait"
Mais à la mi-mars, la suspension du vaccin suspecté d'être lié à des cas de tromboses, a semé le doute chez les potentiels patients : " A ce moment-là je me suis dit le mal est fait", raconte le docteur Bruno Manzi, président du conseil de l'ordre des médecins de Haute-Corse. Et les retours du terrain ne font que le confirmer. Le week-end, le Dr Manzi vient en renfort au centre de vaccination de Lupinu, dans la région bastiaise. Lorsqu'un patient s'assoit prêt à se faire injecter la dose, la question est toujours la même : "Ce n'est pas le AstraZeneca au moins ?" 


Avec le temps vient l'apaisement 
L'origine de cette défiance en vers le vaccin britannique, proviendrait également des syndicats de paramédicaux qui auraient selon le président du conseil de l'ordre des médecins de Haute-Corse, "fait du bashing anti-AstraZeneca". Cette action rend les médecins libéraux très perplexes puisqu'ils sont unanimes quant à l'efficacité du vaccin et des effets secondaires qui ne toucheraient pas les publics concernés soit les plus de 55 ans. 

Ce sera d'ailleurs à ces médecins traitants, par leur proximité avec leurs patients, de regagner leur confiance. "Je pense qu'il faut laisser un peu de temps aux médecins libéraux de les persuader, je sais qu'en ce moment ils sont nombreux à baisser un peu les bras mais il faut rappeler qu'il n'y a que en vaccinant qu'on arrivera à l'immunité collective et un retour à la vie normale", lance le Dr Bruno Manzi.

Pour Marie-Hélène Lecenne, directrice de l'Agence régionale de Santé les Corses doivent relativer : "Il faut faire preuve de bon sens en se disant est-ce que j’ai plus de chance d’avoir des problèmes à cause de la Covid-19 qu’avec AstraZeneca ?"